Fausse-couche : quels sont les risques après 35 ans ?

Un taux de fausse-couche nettement plus élevé
Tomber enceinte après 35 ans n'est pas simple. La fertilité des femmes a diminué à cet âge. Si les trentenaires ont 75% de chance de concevoir en 12 mois, le taux tombe à 66% pour celles qui ont 35 ans et 44% pour les quadra.
"De plus en plus de femmes font leur premier enfant après 35 ans. Malheureusement, l'atrésie folliculaire, c'est-à-dire la mort ovarienne, est déjà programmée et s'accélère même à cet âge. La fertilité est alors moins bonne", explique le Dr Marie-Claude Benattar, gynécologue médical et obstétrique.
Mais surtout, une fois, le bébé conçu, les futurs mamans font face à une autre difficulté : un risque de fausse-couche accru. En effet, si les femmes de moins de 30 ans ont entre12 et 15% de risque d'en faire une. Cinq ans plus tard, le risque grimpe à 20% et double pour les quadragénaires (40%).
Pour les femmes de plus de 35 ans, il s'agit le plus souvent de fausses-couches précoces. C'est à dire avant 12 semaines. Elles sont principalement dues à une anomalie chromosomique du fœtus. "La plupart des fausses-couches sont le plus souvent génétiques, et non hormonales comme on pouvait le penser auparavant. Il y a tout simplement un raté. Il y a fécondation mais l'embryon n'est pas viable car les choses ne se sont pas déroulées correctement au niveau chromosomique", précise la gynécologue.
En outre, si l'utérus vieilli moins vite que les ovaires, il peut avoir été fragilisé par le passé par des maladies ou des opérations et ainsi supporter moins bien les grossesses.
Enfin, bien sûr comme dans les autres grossesses, certaines pathologies augmentent les risques de fausse-couche : les infections comme la grippe, les anomalies du col ou de l'utérus (fibromes utérins, polypes, syndrome des ovaires polykystiques) ou encore les maladies chroniques comme le diabète, une maladie de la glande thyroïde, le lupus ou la maladie cœliaque.
Quels sont les symptômes d'une fausse-couche après 35 ans ?

Les symptômes des fausses-couches classique sont assez connus. Les femmes enceintes sur le point de perdre leur bébé peuvent voir apparaître :
- Des saignements vaginaux,
- des pertes brunes ou rouges, de type fluide ou composées de caillots,
- des douleurs dans le bas du dos,
- des crampes dans le ventre.
Les femmes qui présentent ces symptômes doivent rapidement consulter. Néanmoins, pas de panique tous les saignements ne sont pas forcement des fausses-couches. Une échographie permet généralement de confirmer ou non l'arrêt de la grossesse.
Plus difficile, certaines fausses-couches sont silencieuses. "C'est-à-dire que la femme ne ressent pas de symptômes particuliers. Elle découvre alors l'arrêt de la grossesse lors de sa première consultation. Il peut s'agir d'un œuf clair – c'est à dire qu'il n'y avait pas d'embryon à l'intérieur – ou alors il y a bien un embryon mais son cœur ne bat plus. Ces annonces sont brutales", explique le Dr Marie-Claude Benattar.
Généralement, la fausse-couche ne nécessite pas d'intervention. L'évacuation se fait naturellement. "Parfois malheureusement pour certaines femmes les choses sont plus compliquées. Nous sommes obligés d'agir soit de manière médicamenteuse, soit par aspiration. Et là c'est souvent vécu comme une double peine".
Combien de temps faut-il attendre après une fausse-couche ?

Combien de temps attendre avant de retomber enceinte ? Il n'existe pas de réponse mathématique à cette question. Des études scientifiques montrent que les chances de concevoir après une fausse-couche sont les mêmes que pour les femmes n'ayant pas eu de difficultés préalables.
Ainsi le véritable facteur à prendre en compte est le sentiment de la femme et de son compagnon. Savoir s'ils ont fait le deuil de la grossesse précédente et s'ils sont prêts à retenter l'aventure.
Toutefois, les femmes de plus de 35 ans doivent faire face à un stress supplémentaire pendant cette épreuve : l’horloge biologique qui tourne. "Psychologiquement, les femmes de 35 ans peuvent être très atteintes par leur fausse-couche. Elles sont au courant que leur fertilité n'est pas au top. Cela accroît leur angoisse", ajoute la médecin.
Elle précise "Il est très important de les rassurer car l'angoisse diminue la fertilité. Cela peut devenir un cercle vicieux". Ainsi face à ces difficultés, il est important de rester entourer et de ne pas s'enfermer dans sa douleur. Et si le deuil ou la reprise des essais devient trop complexe, il ne faut pas hésiter à en parler aux professionnels ou encore rencontrer un psychologue.
"Il est aussi important de leur dire qu'il faut y croire" ajoute Marie-Claude Benattar. Même si l'horloge biologique tourne les femmes peuvent avoir des enfants après 35 ans. "Le plus important est d'avoir un œuf de bonne qualité. Si la maman n'a pas de soucis de santé sous-jacent, elle a toutes les chances de mener sa prochaine grossesse à terme au même titre que les femmes dans la vingtaine".
Conseils pour limiter les risques de fausse-couche

Il n'y a pas de remèdes miracles pour éviter les fausses-couches. Toutefois, il est possible d'adopter des habitudes qui faciliteront le déroulement de la grossesse. "Lorsque je vois une femme qui a un projet de grossesse, je lui conseille d'éviter le tabac, de faire du sport, d'avoir une alimentation équilibrée ou encore de prendre en main son surpoids si elle en a", explique le Dr Marie-Claude Benattar.
Pour préserver sa fertilité, il est conseillé d'avoir un bon suivi médical (frottis annuel) et bien sûr d'éviter les MST.
Par ailleurs, certaines femmes qui voient leur âge avancer ou qui prévoit de faire un enfant sur le tard, souhaitent faire congeler leurs ovocytes. Toutefois, cette démarche n'est pas autorisée à titre personnel en France.
La conservation des ovocytes est uniquement autorisée pour les femmes qui subissent un traitement médical pouvant les rendre stériles comme la chimiothérapie, celles dont la fertilité risque d'être prématurément altérée (endométriose sévères) ou encore celles suivant un traitement de PMA.
Les patientes ne répondant pas à ces critères se tournent parfois vers les pays qui autorisent la conservation des ovocytes pour des raisons personnelles comme l'Espagne, la Belgique ou encore l'Italie.
Cette procédure est assez onéreuse. Elle coûte entre 2 000 et 3 000 euros. A cette somme, il faut aussi ajouter les frais de déplacement et de logement. En outre, les procédures de dévitrification des ovocytes et de la FIV – effectuées plus tard - seront également payantes. Et il ne faut pas oublier qu'il n'est pas garanti que les ovocytes conservés aboutissent à une grossesse.
Sources
Enceinte à 40 ans, Dr Marie-Claude Benattar, gynécologue médical et obstétrique.