Pourquoi le riz pourrait devenir moins nourrissant

Au cours des prochaines années, le riz pourrait être de moins bonne qualité. En cause, la pollution de l'air et plus particulièrement le dioxyde de carbone.
© Istock

Ces petits grains ronds et blancs constituent la base de l'alimentation dans de nombreux pays. Selon l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), la planète va produire 510 millions de tonnes de riz  cette année.

Mais la pollution atmosphérique et le changement climatique menacent les qualités nutritives de cet aliment. C'est ce que révèle une étude menée par l'Université de Nanjing (Chine), publiée dans Science Advances.

Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont mené une expérience dans des rizières en plein air, où de fortes quantités de dioxyde de carbone (CO2) ont été libérées. Il s'agit d'un gaz à effet de serre connu, impliqué dans le réchauffement climatique.

Un risque d'anomalies du fœtus

Les scientifiques ont analysé 18 variétés de riz différentes, dans le cadre de leurs observations. L'objectif : mesurer précisément leur teneur en protéines, en fer et en zinc, mais aussi en plusieurs vitamines pour 9 variétés (B1, B2, B5, B9, E).

Les résultats sont de bien mauvais augure. Surexposé au dioxyde de carbone, le riz risque de perdre les qualités qui en font un aliment essentiel au régime de nombreuses populations. La concentration en zinc devrait diminuer de l'ordre de 5 %. Fer, protéines et autres vitamines vont également chuter dans des petits grains blancs.

Plus inquiétant, c'est la vitamine B9 – aussi connue sous le nom d'acide folique  – qui enregistre la chute la plus marquée (- 30 %). Elle est pourtant essentielle au bon déroulement d'une grossesse, puisqu'un apport insuffisant favorise les anomalies de fermeture du tube neural (spina bifida) chez le fœtus.

Comment expliquer ce phénomène ? "Les gens pensent que le CO2 est un aliment pour les plantes – ce qui est vrai", indique Lewis Ziska, co-auteur de ces travaux. Grâce à ce gaz à effet de serre, elles peuvent grandir et produire plus de graines.

Carences et maladies plus sévères

Mais ce regain de vitalité a un prix : celui de la qualité nutritionnelle. Sans compter que l'équilibre des composants qui nourrissent la plante est perturbé, au détriment de l'azote.

"La manière dont les plantes réagissent à une augmentation subite risque d'affecter la santé humaine, que ce soit sur le plan des carences nutritionnelles, ou des allergies saisonnières", augure le chercheur.

Dans les faits, cela pourrait se traduire par des maladies infectieuses, comme les diarrhées virales ou le paludisme, aux symptômes plus graves du fait de la malnutrition. "Une baisse de qualité pourrait se répercuter sur la santé de millions de mères et d'enfants", estime également Kristie Ebi, co-signataire de ces travaux.

Et la population concernée pourrait être très large. En effet, le riz reste un aliment essentiel pour 2 milliards de personnes. Rien qu'en Asie, il représente la moitié des apports en protéine chez 600 millions d'individus.

Vidéo : Les vitamines et minéraux expliqués en vidéo

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Source : Carbon dioxide (CO2) levels this century will alter the protein, micronutrients, and vitamin content of rice grains with potential health consequences for the poorest rice-dependent countries, Chunwu Zhu et al, Science Advances, 23 mai 2018<
Bulletin de la FAO sur l'offre et la demande de céréales, FAO, consulté le 23 mai 2018