Vaginisme : les solutions pour s'en sortir

Publié par Sophie Raffin
le 18/06/2019
Maj le
7 minutes
woman with hands holding her crotch
Istock
Publication validée par Dr Catherine Fohet
Les femmes qui souffrent de vaginisme osent rarement en parler. Pourtant, ce trouble qui empêche toute pénétration vaginale, impacte leur vie sexuelle et de femme. Quelles sont les solutions ?

Qu'est-ce que le vaginisme ? 

Trouble de la sexualité peu connu, le vaginisme est répertorié dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-V ; la bible des troubles psychologiques). Le Dr Catherine Fohet, gynécologue, le définit : “Le vaginisme est une contraction intense, incoercible et involontaire des muscles du plancher pelvien (les muscles qui entourent l'ouverture du vagin) dès qu'il y a une tentative de pénétration vaginale, qu’elle soit à l'initiative d'un gynécologue dans le cadre d'un examen ou d'un partenaire masculin ou féminin”.

La praticienne ajoute : “Cette contraction est causée par un état de peur panique. Les patientes contractent tous les muscles du périnée, ce qui peut être très douloureux. Mais elles peuvent aussi resserrer les jambes et les cuisses. Finalement, tout se bloque et devient impénétrable”.

Comment faire l'amour quand on souffre de vaginisme ?

Dans le cas d'un vaginisme total, cette réaction réflexe empêche toutes les pénétrations vaginales désirées que cela doit un pénis, un doigt, un sex-toy, un spéculum ou même un tampon hygiénique. Lorsque le trouble est partiel, seule une pénétration par un pénis est impossible ou très difficile et douloureuse.

Ce trouble rend les relations intimes et amoureuses très compliquées. La docteur précise “Souvent ce sont des patientes qui ont une sexualité... mais autre. Elles la vivent à travers des caresses ou d'autres types de pénétration comme la fellation, la sodomie. Mais en tout cas au niveau du vagin, c'est impossible”.

Le vaginisme toucherait jusqu’à 17 % des femmes. Toutefois, la spécialiste prévient “ces chiffres sont une estimation car il reste l’incertitude des femmes qui ne consultent jamais car elles n’ont ni désir de grossesse, ni partenaire pour les pousser à voir un professionnel”.

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Qu'est-ce que le vaginisme ?

Vaginisme : quelles sont les causes ?

Le vaginisme primaire qui survient dès les premières relations intimes, repose sur des phobies. “Les causes de ces peurs incontrôlables sont difficiles à connaître”, explique le docteur. Toutefois, un profil se dessine. Elle poursuit “Les patientes atteintes de vaginisme ont souvent une mauvaise appropriation de l'image de leur corps. Pour elles, leur appareil génital n'existe pas. On a souvent dit qu'elles étaient élevées dans une famille psychorigide très stricte au niveau religieux, mais je pense plutôt qu’il y a eu une impossibilité d'identification féminine pendant l'enfance ou l'adolescence”.

Certaines femmes ont connu une sexualité épanouie avant de souffrir de vaginisme

Certaines femmes développent un vaginisme alors qu'elles ont connu une période d'activité sexuelle épanouie auparavant. Le trouble est alors appelé vaginisme secondaire. Il survient généralement après un traumatisme (physique ou psychique) comme une agression sexuelle, un viol, un accouchement difficile... “Toutefois, ce n’est pas le même mécanisme en jeu que le vaginisme primaire ici. Il n’est pas vraiment question de phobie mais plus de défense”.

Vaginisme : comment répondre au désir d'enfant ?

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Vaginisme : comment répondre au désir d'enfant ?

En plus de la peur, les femmes atteintes de vaginisme ressentent aussi un sentiment de honte, qui les tient éloignées des professionnels de santé. Ainsi, elles n'osent généralement pousser la porte d'un gynécologue que lorsque le désir de grossesse devient plus fort que l'angoisse ou la gêne.

Dr Catherine Fohet “Comme il n’y a pas de pénétration, les patientes doivent faire appel à la médecine pour avoir un enfant. C’est souvent là qu’elles parlent de leur trouble pour la première fois”.

Ce premier rendez-vous est souvent vécu comme une épreuve. La patiente atteinte de vaginisme est assise raide sur sa chaise. “On sent leur malaise. Pour certaines, il est même impossible de s'installer sur le fauteuil de gynécologie ou de se déshabiller. Il faut faire preuve d'une grande douceur et de bienveillance avec ces patientes”.

Vaginisme : les conjoints des patientes souvent atteints de troubles érectiles

Face à une femme atteinte de vaginisme, les professionnels demandent aussi à rencontrer le conjoint car ce trouble impacte la vie du couple. “Les partenaires ont fréquemment le même profil : ce sont des hommes doux, gentils et patients. Ils ont également souvent eux-mêmes des troubles de l'érection”.

Toutefois, si les relations intimes sont compliquées dans le cas du vaginisme, tomber enceinte est possible. ”Le vaginisme n'empêche pas les grossesses. Il suffit de faire une insémination”. Et bien que parler à une équipe médicale paraît souvent complexe au couple, les conjoints peuvent suivre un parcours de la procréation assistée sans difficulté. Le trouble sexuel n'a, en effet, pas d'impact sur la fertilité des patientes.

Une fois enceinte, les femmes font face à des situations angoissantes. “Elles prennent beaucoup sur elles pendant cette période. Mais heureusement pour elles, si la grossesse est sans complication, les examens gynécologiques invasifs - comme par exemple le toucher vaginal -, sont de moins en moins nombreux pendant les grossesses”. De plus, la future maman a toujours la liberté d’accepter ou de refuser les examens qui la mettent mal à l'aise, si bien sûr, sa vie ou celle de son bébé ne sont pas mises en danger par ce choix.

Pour éviter ces difficultés, Catherine Fohet ajoute “Idéalement la patiente pourra être suivie par une même personne tout au long de la grossesse, et si possible jusqu’à l’accouchement”.

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Vaginisme : comment répondre au désir d'enfant ?

Vaginisme : quelles conséquences pendant l'accouchement ?

Les angoisses peuvent être fortes chez les femmes enceintes atteintes de vaginisme... D’autant plus qu'à l'annonce d'une grossesse, il n'est pas rare d'avoir une cousine, une amie ou une voisine qui se plaît à raconter les difficultés rencontrées pendant son accouchement. Des paroles loin d'apaiser les craintes.

Néanmoins, la gynécologue l’assure “Si l’équipe est au courant des troubles de la patiente – ce qui est souvent le cas puisqu'elle a été suivie pour la conception - tout se passera bien. Elles ont surtout besoin d’empathie, de patience et d'écoute”.

Grossesse et vaginisme : que quelque chose "sorte" pose moins de problèmes

D'ailleurs beaucoup de femmes atteintes de vaginisme arrivent à donner naissance de façon naturelle. “L’accouchement n’a pas de réelle influence sur le vaginisme. Ce qui pose problème aux femmes atteintes de ce trouble : c’est que quelque chose rentre... Que quelque chose sorte, pose finalement moins de problèmes”, résume la gynécologue.

Mais attention, si le désir d'enfant et la grossesse aident généralement les patientes à entamer leur chemin vers la guérison, l'arrivée du bébé ne marque pas la fin du vaginisme. Il n'est pas rare que le trouble réapparaisse par la suite, surtout si la patiente n'a pas débuté un parcours de soin en parallèle de la conception ou de la grossesse.

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Vaginisme : quelles conséquences pendant l'accouchement ?

Comment traiter le vaginisme ?

Lorsqu'une femme confie à un gynécologue que toutes les tentatives de pénétration échouent, le spécialiste essayera toujours - dans un premier temps - de faire un examen pour vérifier que les difficultés rencontrées pendant les rapports intimes ne sont pas du fait d'une malformation de l’hymen ou du vagin.

Si le vaginisme est confirmé, le gynécologue travaillera avec la patiente par le biais d'exercices de relaxation et de décontraction du périnée (respiration, relaxation...). De plus, la malade sera aussi encouragée à découvrir elle-même son corps par le regard et le toucher. Elles peuvent également se familiariser avec la pénétration en dehors d'un contexte sexuel en utilisant par exemple leur propre doigt.

Les exercices cognitivo-comportementales se font progressivement. “On habitue la patiente à la pénétration en utilisant une petite sonde puis on augmente au fur et à mesure la taille. Après un certain temps - quand la patiente gagne en confiance - il est également possible de faire intervenir le partenaire dans ces exercices. Toutefois, pendant la période de prise en charge, il est interdit au couple tout rapport ou tentative de pénétration pour ne pas provoquer de douleurs pouvant faire rechuter la patiente”, prévient la spécialiste.

En outre, il est conseillé à la patiente de suivre une psychothérapie en parallèle afin qu’elle travaille sur sa phobie et ses angoisses.

La prise en charge d'un vaginisme est plus ou moins rapide. “Cela dépend de l’état psychologique de la patiente. Si elle a une phobie complète, cela mettra plus de temps pour qu'elle se décontracte et s’approprie leur corps”, conclut le Dr Catherine Fohet.

Sources

Merci à Catherine Fohet, Gynécologue et Trésorière de la Fédération Nationale des Collèges de Gynécologie Médicale (FNCGM).

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