Cannelle : ce que la science dit de ses effets sur la glycémie, le cholestérol et l'inflammation

Publié par Stéphane Leduc
le 11/12/2025
Une femme martiniquaise d'une quarantaine d'années, souriante et sereine, prépare son petit-déjeuner
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Souvent associée aux desserts, la cannelle est également une épice médicinale dont les promesses sur la santé sont régulièrement scrutées par la science. Régulation du taux de sucre, baisse du cholestérol, action anti-inflammatoire : découvrez les conclusions récentes des études, la posologie efficace et les précautions indispensables (Ceylan ou Cassia) pour une consommation quotidienne sans risque.

Au-delà de son parfum réconfortant qui embaume nos cuisines, cette écorce millénaire suscite un intérêt croissant au sein de la communauté scientifique. Loin d'être un simple remède de grand-mère utilisé depuis des siècles en médecine ayurvédique, elle fait l'objet de nombreuses recherches visant à valider son impact métabolique réel sur l'organisme moderne. 

Toutefois, pour tirer profit de ses vertus sans mettre sa santé en péril, il est crucial de distinguer les mythes des réalités physiologiques prouvées par des données cliniques solides.

Action métabolique : réduire la glycémie et protéger le cœur

L'examen rigoureux des liens entre cannelle, glycémie et études scientifiques récentes met en lumière un potentiel thérapeutique sérieux, particulièrement pour les personnes souffrant de troubles métaboliques. Les méta-analyses publiées entre 2024 et 2025 rapportent une diminution significative de la glycémie à jeun chez les patients diabétiques de type 2 et les prédiabétiques, avec une réduction moyenne pouvant atteindre 15 à 25 mg/dL

Ce phénomène s'explique par la présence d'aldéhyde cinnamique et de polyphénols, des composés bioactifs qui imitent l'action de l'insuline et augmentent la sensibilité des cellules à cette hormone cruciale. Cependant, si l'action sur la glycémie à court terme est avérée, les effets sur l'hémoglobine glyquée (HbA1c) restent plus modestes.

Le spectre d'action de l'épice s'étend également à la santé cardiovasculaire. Les données actuelles indiquent que la consommation régulière de cette écorce favorise une amélioration notable du profil lipidique. Concrètement, on observe une réduction du cholestérol total pouvant aller jusqu'à 16 mg/dL et une baisse des triglycérides proche de 20 mg/dL, tout en maintenant, voire en augmentant, le taux de « bon » cholestérol (HDL). 

Parallèlement, sa richesse en procyanidines confirme la capacité de la cannelle à agir comme un anti-inflammatoire naturel, offrant une piste intéressante pour la gestion des affections chroniques liées au stress oxydatif.

Définir la dose efficace et la durée du traitement

Pour obtenir des résultats probants, le respect d'un protocole précis est indispensable. La recherche médicale situe l'intervalle thérapeutique efficace entre 120 mg et 6 g par jour, mais pour un usage courant et sécurisé, la dose journalière de cannelle dans le diabète de type 2 ou pour la prévention métabolique se stabilise généralement entre 1 et 3 g par jour, soit l'équivalent d'une demi à une cuillère à café de poudre. 

Il est essentiel de noter que ces effets ne sont pas immédiats : une supplémentation continue sur une période de 8 à 12 semaines est souvent nécessaire pour observer des changements biologiques significatifs.

Il convient néanmoins de rappeler que l'épice ne constitue en aucun cas un substitut aux traitements médicamenteux prescrits. Concernant l'interaction entre la cannelle, le cholestérol et la posologie des médicaments antidiabétiques ou anticoagulants, la prudence est de mise. L'effet hypoglycémiant de l'épice peut s'ajouter à celui des médicaments et provoquer des hypoglycémies involontaires. 

Une consultation médicale préalable est donc requise avant d'intégrer de fortes doses à son régime alimentaire, afin d'ajuster si besoin les thérapies en cours.

Ceylan ou Cassia : une distinction vitale pour le foie

Le choix de la variété consommée n'est pas une simple affaire de goût, mais une question de sécurité sanitaire majeure. Il est impératif de comprendre les nuances entre cannelle de Ceylan, Cassia et leur teneur en coumarine. La cannelle de Cassia, originaire de Chine ou d'Indonésie, représente près de 90 % des produits vendus en supermarché en raison de son faible coût et de son goût puissant. 

Malheureusement, elle contient des taux élevés de coumarine, une substance naturelle potentiellement hépatotoxique. La consommation régulière de Cassia peut rapidement faire dépasser la Dose Journalière Admissible (DJA) fixée à 0,1 mg/kg de poids corporel, exposant le foie à des risques inutiles.

À l'inverse, la cannelle de Ceylan (Cinnamomum verum), provenant du Sri Lanka, renferme des traces infimes de coumarine, environ 250 fois moins que sa cousine Cassia. Bien que plus onéreuse et dotée d'une saveur plus douce et subtile, la variété Ceylan est la seule recommandée pour une utilisation thérapeutique ou quotidienne. 

Pour un usage purement occasionnel en pâtisserie, la Cassia reste acceptable, mais pour toute démarche de santé visant à réguler la glycémie ou l'inflammation sur le long terme, la Ceylan s'impose comme l'unique option sécuritaire.