Probiotiques : l'erreur que tout le monde fait en pharmacie (et qui annule leur efficacité)

Publié par Stéphane Leduc
le 06/12/2025
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Face à la multiplication des produits, non, tous les probiotiques ne se valent pas. Définis comme des micro-organismes vivants aux effets souche-dépendants, il est crucial d'apprendre à déchiffrer leur nomenclature (genre, espèce, souche) pour cibler les bienfaits démontrés par des études cliniques rigoureuses. Découvrez comment choisir le bon probiotique pour prévenir la diarrhée post-antibiotiques ou soulager le syndrome de l'intestin irritable.

Derrière l'appellation générique se cache une réalité scientifique précise où chaque détail compte. Un probiotique n'est pas une substance interchangeable mais un acteur biologique doté d'une véritable carte d'identité. Pour naviguer dans cette offre complexe, il est essentiel de comprendre leur nomenclature, qui se décline en genre, espèce, et surtout, en souche. 

Cette dernière, identifiée par un code alphanumérique unique, fonctionne comme un code-barres garantissant une action spécifique. L'Organisation Mondiale de Gastroentérologie impose d'ailleurs son enregistrement auprès d'un dépositaire international pour valider son identité.

Ce principe fondamental est celui de la "souche-dépendance" : les bénéfices pour la santé sont directement liés à une souche particulière et ne peuvent être extrapolés à une autre, même au sein de la même espèce. C'est la raison pour laquelle la science des probiotiques est une science de la précision. 

Oublier la souche, c'est prendre le risque de choisir un produit sans l'effet escompté.

Au-delà du nom : décrypter la carte d'identité biologique du produit

Selon la définition officielle de la FAO et de l'OMS, les probiotiques sont des "micro-organismes vivants qui, lorsqu'ils sont administrés en quantités adéquates, confèrent un bénéfice pour la santé de l’hôte". Cette action bénéfique repose sur plusieurs mécanismes. 

Certaines souches entrent en compétition avec les bactéries pathogènes pour les nutriments et l'espace, limitant ainsi leur prolifération. D'autres renforcent la barrière intestinale, la rendant moins perméable aux substances indésirables, ou modulent la réponse du système immunitaire local pour apaiser l'inflammation. 

C'est ce principe qui lie directement les probiotiques, la souche choisie et l'efficacité attendue.

À chaque symptôme sa souche championne

Deux situations illustrent parfaitement l'importance de ce choix ciblé. La première concerne la prévention de la diarrhée associée aux antibiotiques (DAA), qui touche environ un patient sur cinq sous traitement. Dans ce contexte, l'utilisation de probiotiques spécifiques pour prévenir la diarrhée associée aux antibiotiques est soutenue par des preuves solides. Les souches Saccharomyces boulardii CNCM I-745, une levure naturellement résistante aux antibiotiques, et Lactobacillus rhamnosus GG ont démontré leur capacité à réduire significativement ce risque. 

L'indication principale de Lactobacillus rhamnosus GG dans ce contexte est bien documentée, à condition de respecter une prise à distance d'au moins deux heures de l'antibiotique.

La seconde situation est le syndrome de l'intestin irritable (SII), un trouble fonctionnel souvent lié à un déséquilibre du microbiote. Dans le cas du syndrome de l'intestin irritable, le choix d'une souche probiotique adaptée peut significativement améliorer la qualité de vie. 

Des études cliniques ont validé l'intérêt de souches précises pour des symptômes spécifiques : Bifidobacterium bifidum MIMBb75 pour une amélioration globale, et Lactobacillus plantarum 299v pour cibler la douleur abdominale et les ballonnements. 

Pour observer un effet, le traitement doit être maintenu pendant au moins quatre semaines.

Le guide d'achat : 3 critères impératifs pour ne pas se tromper

L'abondance de produits sur le marché ne doit pas éclipser la rigueur scientifique. 

Pour choisir un probiotique, s'appuyer sur des études cliniques contrôlées contre placebo est le seul gage de sérieux. L'étiquetage doit clairement mentionner le genre, l'espèce et le code de la souche, ainsi que la dose en Unités Formant Colonie (UFC), qui doit correspondre à celle utilisée dans les études de référence. 

Il faut se méfier des mélanges de multiples souches dont l'efficacité n'a pas été prouvée en association, car l'ajout n'est pas toujours synonyme de bénéfice. Enfin, un avis professionnel reste essentiel. 

Consulter un pharmacien ou un médecin permet d'orienter le choix vers le produit le plus adapté et de vérifier l'absence de contre-indications, notamment en cas d'immunosuppression.