Savon et gel intime : ce qu'ils valent vraiment

Ils promettent de respecter et de préserver l’équilibre de la flore vaginale. Mais les gels et savons intimes sont-ils réellement aussi indispensables dans notre hygiène intime ? L’association 60 millions de consommateurs a mené l’enquête. Verdict.
© Istock

Gels, savons, lingettes intimes, pains intimes, mousses intimes… Les produits de toilette intime garnissent les rayons d’hygiène, avec une kyrielle de promesses scandées sur des packaging attrayants : soin "quotidien", "régulateur", "doux", "haute tolérance", "apaisant", "équilibre"… Mais derrière les étiquettes, on s’interroge : cette panoplie de soins intimes est-elle vraiment aux petits soins de notre microbiote vaginal ? Le magazine 60 millions de consommateurs, dans son hors-série "Santé et alimentation" de janvier-février 2024, s’est penché sur l’intérêt réel des soins intimes pour aiguiller les femmes dans leurs achats.

A la question, les soins lavants intimes sont-ils vraiment utiles pour une bonne hygiène intime, la réponse risque d’en décevoir plus d’une : il n'existe à ce jour pas d'étude scientifique indépendante permettant de confirmer (ou d'infirmer) les propriétés mises en avant sur les produits.

Dit autrement : pas de preuve scientifique mais "90 % de marketing", assure à 60 millions de consommateurs le Dr Jean-Marc Bohbot, médecin infectiologue à l'Institut Alfred Fournier à Paris, coauteur de La cystite, le cauchemar féminin (Flammarion).

Des produits intimes qui ne soignent pas

Parmi les arguments battus en brèche par l’expert et qui poussent souvent à l’achat, celui selon lequel le pH physiologique est respecté. Cette allégation est tout bonnement sans fondement et fallacieuse. "Cela donne l’impression que ce produit respecte le pH du vagin, or on ne fait pas de toilette interne !", balaye le médecin.

Autre affirmation trompeuse, l’appellation "soins lavants" que certains nettoyants intimes se sont arrogée. Ces produits ne peuvent en aucun cas prétendre soigner. "On n’a jamais guéri d’une infection avec des savons !", rectifie le Dr Bohbot.

En cas d’inflammation de la muqueuse vaginale ou de la vulve (vulvo-vaginite comme une mycose vaginale ou une vaginose), le spécialiste rappelle qu’il est nécessaire de consulter un professionnel de santé qui pourra orienter vers un savon particulier adapté en complément d’un traitement.

Le b.a-ba d’un bon soin intime

Alors, doit-on ranger notre soin intime déjà entamé et contourner les rayons hygiène intime lors de nos prochaines courses ? En tout cas, selon les experts interrogés par le magazine, ces produits spécifiques pour la flore vaginale n’ont pas de valeur ajoutée par rapport à un produit surgras classique utilisable pour tout le corps. Autrement dit, pas la peine de mettre la main au porte-monnaie, à partir du moment où on connaît les critères de choix.

Un bon soin lavant intime doit conserver le film hydrolipidique, l’hydratation naturelle et être dépourvu d’antiseptique, résume le Dr Bohbot. Le choix est large : savon sans savon, pain dermatologique, gel surgras, huile de douche lavante (base lavante enrichie en huiles végétales) utilisable pour tout le corps dont la toilette intime et par toute la famille. L'essentiel étant de trouver le produit qui nous convient.

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