Tout comme pour d’autres spécialités de la médecine, la gynécologie subit une pénurie de professionnels dans certaines régions de France. La répartition de ces derniers est hétérogène, provoquant des inégalités dans l’accès aux soins gynécologiques. Quelles sont les solutions pour les femmes vivant dans les zones délaissées ? e-santé s’est entretenu avec docteure Odile Bagot, gynécologue et Cécile Moulinier, sage-femme et vice-présidente du Conseil national de l'Ordre des sage-femmes.
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1 femme sur 6 n’a pas de suivi gynécologique, d’après l’Ordre des sage-femmes. Les raisons à cela sont plurielles comme l’a révélé un sondage Ifop-Qare, publié en janvier 2022 : un emploi du temps et des charges professionnelles et familiales trop importantes, et des délais d'attentes trop longs.

Ce chiffre s’explique par la pénurie de gynécologues médicaux dans tout le pays. Entre 2007 et 2020, la France a perdu 5,2 % de ses effectifs, soit 1 022 médecins en 13 ans.

Pénurie de gynécologues en France : quelles sont les raisons ?

D’après la docteure Odile Bagot, le problème de la pénurie de gynécologues sur le territoire est surtout lié à l’hétérogénéité de leur répartition. Dans les grandes villes, il serait plus facile de trouver un professionnel que dans les zones rurales. « Un jeune médecin n’a pas nécessairement l’envie de s’installer dans une zone isolée. On peut choisir le lieu où l’on souhaite s’installer, mais cela représente une part du problème… » déclare Odile Bagot.

La spécialiste explique également que l es gynécologues, tout comme les médecins généralistes, qui s’installent aujourd’hui, travaillent moins d’heures que leurs ainés : « Le rapport au travail a changé. A Strasbourg, ville où j’exerce, certains de mes confrères de la génération me précédant travaillaient jusqu’à 3 heures du matin ! Ceci n’est plus le cas aujourd’hui. Par ailleurs, la profession s’étant féminisée, les femmes font moins d’heures car elles ont aussi des tâches chez elles… »

Par ailleurs, il convient de noter que, pendant plusieurs années, la gynécologie médicale a cessé d’être enseignée comme l’explique la docteure : « Lorsque j’ai débuté mes études en gynécologie, en 1983, il existait deux filières : la gynécologie obstétrique et la gynécologie médicale. Cette dernière a été supprimée, ce qui ne laissait que le choix de la gynécologie obstétrique. Sous la pression des femmes, un diplôme de gynécologie médicale a été remis en place des années plus tard. Aujourd’hui, la plupart des gynécologues sont diplômés de gynécologie obstétrique. »

Pénurie de gynécologues : « oui » aux visio-consultations

La visio-consultation est pertinente en gynécologie pour traiter certaines pathologies d’après Odile Bagot : « J’ai été l’une des premières gynécologues à proposer des consultations en visio car je suis convaincue de leur pertinence. C’est très utile et efficace pour les problèmes courants tels que les cystites, les mycoses, les vaginoses, un renouvellement de pilule, faire le point sur les examens qui ont été réalisés. Ceci n’exige pas de voir la patiente au cabinet. »

Pénurie de gynécologues : le médecin généraliste est un professionnel de référence pour les femmes

Le médecin généraliste a la capacité de recevoir des patientes pour des consultations de gynécologie. « Le premier référent de la femme est le médecin généraliste, au regard du Code de la santé publique. Ce professionnel est en mesure d’effectuer tout le travail que faisait un gynécologue médical auparavant. Il faut tout de même qu’il soit équipé, mais c’est tout à fait la vocation d’un médecin généraliste de proposer ce type de consultation. Il a, tout comme le gynécologue, la compétence de prendre en charge la pathologie » explique la docteure.

Pénurie de gynécologues : l’intérêt de la consultation chez une sage-femme

Afin de renforcer l’offre de santé pour les femmes, la loi concernant la pratique des sages-femmes a évolué en 2009.

Le dernier alinéa de l'article L. 2122-1 du code de la santé publique a été complété par une phrase ainsi rédigée : « Le médecin ou la sage-femme propose également un frottis cervico-utérin, dans les conditions fixées par arrêté du ministre chargé de la santé. » 

Le dernier alinéa de l'article L. 4151-1 du même code est ainsi rédigé : « L'exercice de la profession de sage-femme peut comporter également la réalisation de consultations de contraception et de suivi gynécologique de prévention, sous réserve que la sage-femme adresse la femme à un médecin en cas de situation pathologique. » 

Les sages-femmes ont donc la compétence de suivi gynécologique et de contraception pour toutes les femmes en bonne santé.

« Depuis l’adolescence, jusqu’après la ménopause, une femme qui est en bonne santé et qui n’a pas de pathologie associée, peut aller consulter une sage-femme pour sa contraception et son suivi gynécologique, ce qui comprend notamment le dépistage du cancer du col de l’utérus et du sein. En revanche, lorsque l’on découvre une pathologie, que ce soit dans le cadre de la grossesse ou dans le cadre d’un suivi gynécologique, on adresse la patiente à un médecin »  détaille Cécile Moulinier, sage-femme et vice-présidente du Conseil national de l'Ordre des sage-femmes.

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