Traitements hormonaux : font-ils grossir ?


Pilule et prise de poids : cela dépend des femmes
Il existe deux sortes de pilules contraceptives. En premier lieu, il y a les pilules progestatives. Elles contiennent uniquement de la progestérone. on peut aussi avoir recours des pilules combinées qui associent les deux hormones sexuelles féminines : des œstrogènes et des progestatifs.
Pour l’un comme pour l’autre, ces contraceptifs font l’objet de la même mise en garde du grand public : la pilule fait grossir. Toutefois, cette affirmation doit être accompagnée d’un important bémol.
Les pilules combinées : font-elles grossir ?
“Si on analyse toutes les études scientifiques sur les pilules combinées et la prise de poids, il n’y a pas de prise de poids en moyenne. Mais justement, c’est une moyenne. Un petit groupe de femmes ont bien tendance à prendre du poids, mais ce ne sera pas le cas pour la plupart”, affirme le docteur Emmanuelle Lecornet-Sokol, médecin endocrinologue diabétologue.
La première cause de l’arrivée de ces kilos en trop est simple : ces pilules augmentent l’appétit. “De manière un peu subtil, les femmes ayant ce type de contraception se mettent à manger un peu plus, sans forcément sans rendre compte. Ce qui les amène à grossir”.
L’autre explication est situationnelle. La praticienne explique "parfois, on commence à prendre la pilule, car on a un partenaire régulier. Ceci s’accompagne d’un changement de vie. On quitte par exemple le domicile parental pour s’installer avec son compagnon. Ces facteurs de changement peuvent amener à plus manger". Les femmes sont alors susceptibles d’associer la prise de poids avec leur traitement, et non leur hygiène de vie.
Que faire ?
Ainsi, il est recommandé aux femmes qui commencent à prendre une pilule combinée de surveiller sa courbe de poids et son appétit. Mais pas la peine de se mettre au régime pour autant, il suffit de se peser une ou deux fois par mois. “Si on ne veut pas se peser, on peut avoir un vêtement test, comme un pantalon ou une robe”.
Les pilules progestatives : faut-il s’inquiéter ?
“Les pilules progestatives ont un peu plus d’effet sur la prise de poids effectivement, y compris les micro-progestatives”. Toutefois, ici aussi, toutes les femmes ne sont pas égales face aux kilos.
Que faire ?
“Si on remarque une prise de poids depuis le début de la contraception, on fait en premier lieu un retour sur soi-même”, explique l’experte. “Est-ce que j’ai mangé plus que d’habitude, est-ce que j’ai fait moins de sport ? Arrêt du tabac ? Si rien n'explique la prise de poids, on retourne voir son médecin afin de changer de pilule”.
En effet, la prise de poids survient avec certaines pilules et pas avec d’autres. Il est ainsi possible de changer de traitement.
Emmanuelle Lecornet-Sokol ajoute “Ce n’est pas la peine de s’affoler pour un ou deux kilos. En revanche, si on a pris 5 ou 10 kilos, il s’agit d’une vraie différence. Il ne faut pas alors rester comme ça”. Elle précise “Une fois qu’on est en surpoids, cela peut devenir compliqué de perdre les kilos en trop, avec le risque de rentrer dans un système de régimes à répétition. Il faut donc manger sainement afin d’essayer d’éviter que le surpoids ne s’installe”.
Et pour cela, le meilleur des moyens pour garder la ligne et la forme - outre une alimentation équilibrée - est une activité sportive régulière "c’est-à-dire 2h30 par semaine, soit 30 min par jour, soit une grosse heure deux fois par semaine par exemple".
Le traitement hormonal de la ménopause (THM) : halte aux idées reçues

De nombreuses femmes voient leur silhouette s’arrondir avec la ménopause. Toutefois, le responsable n’est pas le traitement hormonal de la ménopause (THM). L'endocrinologue explique "En fait, la ménopause en elle-même est un moment où les femmes prennent du poids. Les kilos apparaissent, car la chute hormonale de la ménopause entraîne une chute de la masse musculaire". Elle poursuit "or c’est la masse musculaire qui nous fait dépenser de l’énergie au quotidien. Ainsi, si vous perdez de la masse musculaire, vous allez dépenser moins d’énergie. Par conséquent en mangeant pareil, vous prenez du poids".
Les astuces pour éviter la prise de poids pendant la ménopause
Pour éviter la prise de poids à cette période de la vie :
- il faut maintenir une activité physique, même si les douleurs articulaires ou la fatigue ont tendance à vous freiner ; au contraire, la pratique va permettre d’améliorer ces douleurs et d’être plus en forme.
- il faut réduire un peu les calories absorbées, soit en diminuant les aliments riches (pizza, burger, chips, pâtisserie…), soit en réduisant les quantités mangées (par exemple prendre un steak de 120 g au lieu de 150 g).
L’experte conseille aussi “Si on a l’impression d’avoir trop faim, il faut augmenter les quantités de légumes verts pour compenser (épinard, haricot, brocoli…). Ils ont une plus faible densité calorique et ils sont plus riches en fibre”.
La qualité du sommeil peut aussi être altérée pendant la ménopause, ce qui favorise l’apparition des kilos.
Pour tomber dans les bras de Morphée plus facilement, il est recommandé de mettre en place une routine le soir : se coucher et se lever à la même heure, éviter les écrans l’heure précédant le coucher, bannir les excitants en fin de journée et les repas lourds au dîner.
Les bouffées de chaleur peuvent être à l’origine du mauvais sommeil. Le THM permet justement de lutter contre ce signe de la ménopause.
Les traitements hormonaux pour la thyroïde : attention pendant le dosage

L’hypothyroïdie, insuffisance de la fonction de la thyroïde, touche environ 3 millions de Français. Elle se soigne avec un traitement hormonal à base de Lévothyroxine. La docteure prévient “Parfois, les gens pensent que le traitement va leur faire prendre du poids. Mais en réalité, c’est le manque d’hormone thyroïdienne qui fait prendre du poids, et non pas le médicament.
“L’apparition des kilos supplémentaires provient des difficultés que l’on rencontre parfois pour doser le traitement. Trouver le bon équilibre hormonal est dans certains cas un peu délicat. C’est pendant cette période d’adaptation de la dose que l’on peut prendre du poids. Ce n’est pas le traitement le responsable, c’est souvent le dysfonctionnement de la glande thyroïde”.
L’hyperthyroïdie : quand les kilos s’installent
L’hyperthyroïdie - fonctionnement trop important de la thyroïde, se soigne avec des médicaments ou bien nécessite d’enlever la thyroïde. Au décours de la maladie, on peut observer une prise de poids. Mais les médicaments ne sont pas les responsables de la silhouette plus généreuse.
“Lorsque la thyroïde fonctionne trop - comme c’est le cas avec l'hyperthyroïdie - on a tendance à maigrir et à manger beaucoup. Si on a pris l’habitude de s’alimenter plus pendant plusieurs semaines ou plusieurs mois de plus manger, il y a une période de flottement au début du traitement où l’on prend du poids, car on n’a plus les bons gestes alimentaires”.
Que faire ?
Pour éviter de prendre du poids, il faut alors bien veiller à suivre un régime équilibré avec des portions adaptées à ses besoins énergétiques pendant les phases de dosage du traitement. Et bien sûr on bouge !
La cortisone : le traitement hormonal qui fait grossir

La cortisone est une hormone fabriquée par les glandes surrénales. Elle est utilisée dans les traitements de nombreuses pathologies comme les maladies inflammatoires, infections ORL (otite, angine, sinusite), problèmes articulaires…
L’un des effets des médicaments à base de cortisone est de faire grossir. “On donne de très grosses doses de cortisone par rapport au taux normal de l'organisme. Or, cette hormone a tendance à augmenter les stocks de graisse”, explique l’experte.
Cortisone : peut-on éviter la prise de poids ?
Si on prend de la cortisone quelques jours en raison d’une rage de dents, les kilos n’ont pas le temps de s’installer. En revanche, cet effet indésirable est plus problématique pour les traitements longs. Le Dr Emmanuelle Lecornet-Sokol reconnaît "C’est assez compliqué. Généralement, on demande aux patients de suivre des régimes alimentaires stricts pauvres en sucre ou en gras afin d’éviter une prise de poids trop importante".
Par ailleurs, il est difficile de se passer de ce traitement hormonal “ Pour certaines maladies inflammatoires graves, c’est le premier médicament que l’on utilise, car c’est celui - qui malgré tout - a les effets secondaires les moins problématiques. Les autres traitements - par exemple les médicaments immunosuppresseurs - ont des conséquences beaucoup plus graves pour les patients”.
Un suivi avec un médecin ou une diététicienne peut dans ce cas être nécessaire.
Sources
Merci au Docteur Emmanuelle Lecornet-Sokol, médedin endocrinologue-diabétologue à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris.
Elle est aussi co-autrice du livre "Et si c'était hormonal ?" aux éditions Hachette Pratique.