Comment savoir si mon homme simule ?


Un homme qui simule un orgasme, c'est courant ?
Dans le film “Quand Harry rencontre Sally”, le personnage joué par Meg Ryan simule un orgasme en plein restaurant pour prouver à son ami (masculin) que les femmes font parfois semblant de prendre leur plaisir... En réalité, les rôles auraient pu être inversés dans cette scène mythique, car les hommes simulent aussi au lit.
En effet, selon une étude menée par Zava, début 2019, auprès de 2000 Européens et Américains, près de 3 hommes sur 10 admettent avoir déjà simulé un orgasme avec leur partenaire. Ils ont plutôt tendance à prétendre être satisfaits avec leur partenaire de longue date (31%). Toutefois, ils sont aussi plus enclins que les femmes à simuler lors d’une aventure d’un soir (28% vs 20%).
Si pour nous mesdames, il suffit de pousser quelques soupirs ou cris appuyés pour donner le change, il semble plus difficile qu'un homme puisse feindre l'extase puisque l'orgasme coïncide très souvent avec l'éjaculation.
Mais le sexologue Pascal de Sutter, le confirme “Oui, les hommes simulent aussi au lit”. Il reconnaît “il est plus délicat pour un homme de le faire dans la mesure où lorsqu'il jouit l'éjaculation est normalement présente. Même si les femmes ne la sentent pas ou ne la voient pas toujours immédiatement, elles peuvent s'en rendre compte en remarquant l'absence d'écoulement après le rapport”.
Et si les simulateurs se font interroger sur le manque de fluide ? “Souvent, ils parlent de jouissance tantrique (jouissance sans éjaculer) pour cacher la simulation à leur partenaire”.
Par ailleurs, bien que proche de l'orgasme en termes de temporalité, l'éjaculation n'est pas forcément synonyme de jouissance. Le docteur ajoute “L'éjaculation est un réflexe physiologique. Il est possible d'avoir une éjaculation sans plaisir”.
Mais pourquoi simulent-ils ?

Le docteur Pascal de Sutter explique “Contrairement à ce qu'on peut penser tous les hommes ne sont pas obsédés par le sexe. Certains n'ont peu ou pas d'envie”. On parle alors de désir sexuel hypoactif (DSH). Trouble pratiquement inconnu il y a une cinquantaine d'années, on considère aujourd'hui que cela touche entre 20% et 30% des hommes.
Or ces messieurs qui ont une libido en berne font face à des femmes qui osent et savent mieux exprimer leurs désirs qu’auparavant “ce qui est une bonne chose”, rappelle le spécialiste. Néanmoins ceux qui n'ont pas d'attrait pour le sexe - ou une envie mise à plat par la fatigue, le stress ou les soucis du quotidien – se retrouvent coincés. “Ils vont parfois se forcer et faire semblant d'avoir du plaisir, d'avoir un orgasme pour que le rapport s'arrête et avoir la paix”, explique le sexologue. Ne pas froisser et faire plaisir à sa moitié... Des raisons finalement très similaires à celles données par les femmes lorsqu'on leur demande pourquoi elles simulent.
De plus, les avancées médicales peuvent en partie expliquer la hausse des cas de désir sexuel hypoactif. Le praticien explique “avant si l'homme n'était pas excité, il pouvait difficilement feindre une érection. Aujourd'hui, avec les progrès de la médecine, il lui suffit de prendre un médicament pour avoir une érection. Mais avoir une érection ne veut pas dire plaisir !”.
Simulation, pornographie : quel lien ?

Le manque de désir sexuel n'est pas la seule cause qui pousse un homme à simuler. D'autres ont une libido intacte, mais leur excitation tombe à plat lorsqu'ils sont la chambre à coucher. Pascal de Sutter ”De nombreux hommes consomment une grande quantité de pornographie. Ils se masturbent et éjaculent face à des images très excitantes, parfois quotidiennement. Et finalement, leurs rapports avec leur partenaire leur paraissent banals et entraînent une difficulté à éjaculer”. Il poursuit “Le rapport dure et ne parvenant pas jusqu'à l’extase, ils font semblant pour y mettre un terme”.
Sans être un accro au film X, le manque de jouissance pendant un rapport peut aussi être dû simplement à une "mauvaise synchronisation” avec sa partenaire. En effet, il n'est pas toujours évident de dire à l'autre que ce qu'il fait ne nous plaît pas ou nous apporte peu de sensations.
En outre, il est parfois difficile de se livrer totalement à l'autre, et de confier leurs fantasmes.
Et il faut le reconnaître, certains ne sont tout simplement plus attirés par leur femme et n'osent pas leur dire. Ces entraves intimes et psychologiques freinent alors le plaisir.
L'anéjaculation, une autre cause possible ?

Les hommes atteints d'anéjaculation ne parviennent pas à éjaculer malgré l’excitation sexuelle et une érection. Problème très rare, on remarque une augmentation des cas. Environ 10 à 20% des hommes seraient touchés par ce trouble. Souvent accompagné d’anorgasmie (absence d’orgasme), il est le plus souvent dû à un blocage psychologique (souci avec la paternité, besoin de contrôle, manque de confiance en soi, éducation très stricte...). L'anéjaculation est aussi fréquente chez les grands consommateurs de pornographie.
Plus rarement, des causes organiques peuvent expliquer ce trouble comme la prise de certains médicaments (antidépresseurs), des troubles endocriniens (hypothyroïdie, hypoandrogénie) et/ou neurologiques (neuropathie diabétique). Par ailleurs, certaines opérations de la prostate peuvent aussi empêcher l'éjaculation.
Il simule : que faire ?

Si on s'entend au quotidien à merveille avec son conjoint, être en phase sous la couette ne va pas forcément de paire. Il est important de savoir communiquer ce que l'on ressent, ses désirs, ses fantasmes et aussi ce que l'on n'aime pas. Ainsi, si on remarque un problème, il ne faut pas hésiter à aborder le sujet.
Le sexologue Pascal de Sutter rappelle “un homme n'est pas obligé de prendre du plaisir à chaque rapport, mais s'il simule régulièrement, il est important d'en parler”. Il ajoute “on peut lui dire qu'on souhaite qu'il prenne aussi du plaisir. Toutefois, il est important que cette conversation se fasse sans pression, sans colère et dans la bienveillance”.
“Si en échangeant sur le sujet, rien ne change. Il faut l'encourager à consulter un sexologue. En effet, si les femmes consultent assez facilement lorsqu'elles ont un problème sexuel, les hommes ont plus de difficultés à venir”. Ce coup de pouce féminin peut être important.
“D'autant plus que les traitements ne sont pas forcément longs... On ne se met pas à parler de sa mère pendant 10 ans : la psychanalyse étant d'aucune efficacité en sexologie. Ce sont généralement des thérapies brèves qui peuvent même se faire - au besoin - à distance (téléphone...)”, explique le sexologue.
Un mot d'ordre : “Il ne faut pas garder cela pour soi, car il y a des solutions”.
Sources
Merci au sexologue Pascal de Sutter, co-auteur de "12 clés pour séduire avec élégance" (Ed. La Boîte à Pandore). Vous pouvez le retrouver aussi sur son site internet
Orgasme : pourquoi simuler ?, étude Zava 13 février 2019