Grossesse : le fluconazole augmente les malformations des os et des muscles chez le bébé

Publié par Sophie Raffin
le 25/05/2020
Maj le
5 minutes
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Prudence si vous avez des mycoses alors que vous êtes enceinte. Une étude révèle que le fluconazole, médicament antifongique, pris pendant la grossesse augmente les risques de malformations des os et des muscles chez le bébé.

Prendre du fluconazole, antifongique commercialisé en France sous le nom de Triflucan, pendant la grossesse peut avoir de lourdes conséquences. Ce médicament déjà pointé du doigt pour augmenter les risques de fausses-couches, provoqueraient aussi des malformations des os et des muscles chez le foetus. 

Triflucan : un risque de malformation osseuse presque doublé

Le médicament antifongique utilisé, entre autres contre les mycoses vaginales, est source de nombreuses alertes. C’est pourquoi le Dr Yanmin Zhu de l'hôpital des femmes de Boston a analysé les dossiers des femmes qui ont accouché entre 2000 et 2014 inscrites dans la base de données américaines  Medicaid Analytic eXtract 2000-14.

Cette cohorte compte près de 2 millions de grossesses dont 1,9% des patientes ayant été exposées au fluconazole par voie orale et 4,2% ayant pris des azoles topiques (autre traitement contre les mycoses) au cours du premier trimestre. 

De plus, les participantes prenant du Fluconazole (soit 37 650 femmes) étaient réparties en fonction de la dose prise pour soigner leurs troubles intimes : 150 mg, entre 150 mg et 450 mg, plus de 450 mg.

Ces travaux ont révélé que le risque de malformations musculo-squelettiques était de 52,1 pour 10 000 grossesses exposées au fluconazole contre 37,3 pour 10 000 grossesses exposées à un traitement topique.

Ainsi selon les calculs des scientifiques, les femmes enceintes qui ont pris une faible dose cumulée du médicament (150ml) pendant les trois premiers mois de leur grossesse, sont 30% plus susceptibles de mettre au monde un enfant avec des malformations musculo-squelettiques.
Les conséquences semblent encore plus importantes avec des doses plus fortes. Selon les spécialistes, être exposée à plus de 450 mg de Triflucan, soit environ 3 doses, ferait presque doubler les risques de malformation chez le bébé.

twitter.com/bmj_latest/status/1264678834202427398

Pas de lien entre bec de lièvre et l'antimycosique

De précédentes études suggéraient que le fluconazole pouvait provoquer des becs de lièvre, des anomalies cardiaques conotroncales (malformations du tractus d'éjection du cœur) ou autres malformations. L’équipe de la chercheuse n’a pas pu vérifier ce lien.

La candidose vulvo-vaginale, aussi appelée muguet, est courante chez les femmes enceintes et le traitement recommandé est généralement une courte cure d'agents antifongiques topiques ou une dose de fluconazole par voie orale (150 mg). C’est pourquoi l'auteure principale de la recherche appelle ses confrères et les patientes à la vigilance “le fluconazole par voie orale au cours du premier trimestre, en particulier un traitement prolongé à des doses plus élevées que celles couramment utilisées, doit être prescrit avec prudence. Les azoles topiques doivent être considérés comme un traitement alternatif”.

Cet appel est d’autant plus important qu’elle remarque : “Bien que le traitement antifongique topique soit disponible en vente libre dans de nombreux pays, le fluconazole par voie orale est souvent préféré par les patientes en raison de la commodité de la prise du médicament par voie orale”.

Mycoses vaginales : ce qu’il faut savoir

Mycoses vaginales : ce qu’il faut savoir

La mycose vaginale est une infection gynécologique courante. Elle est provoquée principalement par un champignon de la famille des levures : le candida. Dans 90% des cas, il s’agit du candida albicans. Ce dernier est naturellement présent dans la flore vaginale. La mycose se déclare lorsqu’il prolifère en trop grande quantité, en raison d’un déséquilibre de la flore.

Sa prolifération excessive peut avoir plusieurs origines comme des modifications hormonales durant les règles, une acidité vaginale perturbée par une hygiène excessive de la zone intime ou encore à la prise d’antibiotiques. La grossesse est une autre période à risque car en raison d’une hausse importante du taux d'œstrogènes, le vagin se gorge d'un sucre appelé glycogène. Les champignons se nourrissent de cet élément. Ainsi, son abondance favorise leur développement. 

Image : candida albicans sous microscope

Image : candida albicans sous microscope

Mycoses gynécologiques : les symptômes à surveiller 

La mycose vaginale se caractérise par plusieurs symptômes : 

  • des démangeaisons vulvaires ;
  • des pertes blanches épaisses qui ressemblent à du lait caillé ;
  • des rougeurs au niveau de la vulve ;
  • des sensations de brûlures pendant les mictions ;
  • un inconfort, voire des douleurs, pendant les rapports sexuels.

Il est important de consulter un médecin en cas de mycose vaginale, surtout pendant la grossesse, car le bébé peut être contaminé lors de l’accouchement.

Mycoses intimes : comment les éviter et s’en débarrasser

Mycoses intimes : comment les éviter et s’en débarrasser

Plusieurs gestes permettent de limiter les risques de développer une mycose vaginale. Il est recommandé de :

  • Bannir le port de sous-vêtements trop serrés : ils peuvent  favoriser le développer de l'humidité. Il est aussi préférable de privilégier les culottes en coton. 
  • Utiliser des produits d'hygiène intime doux et adaptés.
  • Bien sécher la zone génitale avec une serviette propre en sortant de la douche. 
  • Éviter la consommation de sucreries : elles favorisent le développement du champignon responsable de la mycose vaginale.

Mycoses à répétition : comment la traiter ?

Le principal traitement contre les mycoses vaginales sont des ovules à introduire dans le vagin, même pendant les règles. Il est généralement conseillé de le faire le soir. Ce soin se dissout progressivement et libère une substance active qui détruit les champignons. Il peut aussi être couplé avec une crème antifongique.

Plusieurs de ces produits sont en vente libre dans les pharmacies. Avant de les utiliser, il est préférable de demander conseil à son pharmacien.

Si les mycoses réapparaissent régulièrement ou ne disparaissent pas après quelques jours, il faut se tourner vers son médecin traitant ou gynécologue. Le praticien vérifiera si d’autres pathologies ne sont pas à l’origine des troubles ressentis. Si ce n’est pas le cas, il pourra prescrire des traitements antifongiques par voie orale à base de fluconazole ou de miconazole.

Certaines mycoses récidivantes permettent de diagnostiquer des diabètes. En effet, l’hyperglycémie qui en découle favorise la prolifération de champignons dans l’organisme.

Mycoses vaginales : les solutions homéopathiques

Il est aussi possible de se tourner vers l’homéopathie pour soigner les mycoses vaginales : 

  • sepia officinalis 5CH 3 granules 3 fois par jour pendant 15 à 20 jours ;
  • candida albicans 9CH, 3 granules 2 fois par jour pendant 15 à 20 jours ;
  • arsenicum iodatum 9CH 3 granules matin et soir pendant 20 jours.

Sources

Oral fluconazole use in the first trimester and risk of congenital malformations: population based cohort study, BMJ, 20 mai 2020

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