Contraception : pourquoi éviter les oestrogènes après 35 ans

Publié par Dorothée Duchemin
le 25/09/2018
Maj le
3 minutes
pilule contraception
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Les pilules comportant des oestrogènes ont prouvé leur efficacité. Toutefois, ces médicaments peuvent présenter un risque pour votre santé. Avec l’âge, les pilules combinées, oestrogènes et progestérones, ne sont plus préconisées par les professionnels de santé. On fait le point avec Aurélie Chikh, sage-femme. 

La pilule est le contraceptif le plus plébiscité par les femmes. Selon les chiffres de l’Inpes (2016), 33,2% des femmes âgées de 15 à 49 ans lui font confiance. Le stérilet arrive en deuxième position, utilisé par 25,6% d’entre elles. La pilule la plus courante est la pilule combinée, dite oestroprogestative, qui contient œstrogène et progestérone.

Qu’est-ce que les oestrogènes ?

L’œstrogène est une hormone naturellement présente chez la femme, produite principalement par les ovaires. Responsable de l’apparition des caractères sexuels secondaires féminins, comme les seins, également liée à la libido, elle contrôle par ailleurs avec le progestérone le cycle menstruel. Ces deux hormones, progestérone et œstrogène, sont largement utilisées comme contraceptifs par de nombreuses femmes. On les retrouve dans les pilules combinées, mais aussi dans les patchs et les anneaux vaginaux. Ensemble, les oestroprogestatifs inhibent l’ovulation, épaississent la glaire cervicale – ce qui empêche le passage des spermatozoïdes - et atrophient l’endomètre pour bloquer la nidation.

Quels risques représentent les oestrogènes ?

Prendre cette pilule est pour beaucoup de femmes un geste banal. Elle n’en est pas moins un médicament qui peut présenter certains risques. "Les oestroprogestatifs peuvent être à l’origine d’une thrombose veineuse ou artérielle", précise Aurélie Chikh, sage-femme, titulaire d'un DU de gynécologie et contraception. Concrètement, ces contraceptifs modifient la coagulation du sang. Dans le cas de la thrombose veineuse, un caillot de sang se forme dans une veine. "Il peut conduire à une phlébite ou à une embolie pulmonaire", une complication rare mais extrêmement grave. Concernant la thrombose artérielle, celle-ci peut être responsable d’un accident vasculaire cérébra l ou  d’un infarctus du myocarde. "Ces risques veineux et artériels sont déjà majorés avec l’âge, c’est pourquoi passés 35 ans, on peut envisager un autre mode de contraception", note la professionnelle. "Attention toutefois, il n’existe pas de contrindication formelle à prendre un contraceptif oestroprogestatif après 35 ans s’il n’y a pas d’autres facteurs de risque que l’âge. Associés à d’autres facteurs comme l’obésité, le tabagisme, l’hypertension artérielle ou encore le diabète, ces contraceptifs sont alors contrindiqués", poursuit Aurélie Chikh. Les antécédents familiaux sont également à prendre en compte.

Quelles alternatives aux pilules oestroprogestatives ?

Il existe plusieurs alternatives à proposer aux femmes qui souhaiteraient en finir avec la pilule combinée.
- La pilule sans oestrogène : cette pilule ne contient que des progestérones. Elle doit être prises tous les jours.
- Le stérilet hormonal : installé à l’intérieur de l’utérus, il diffuse un progestatif en continu.
- L’implant : glissé sous la peau, il diffuse un progestatif dans le corps durant 3 ans.
- Le stérilet en cuivre : aucune hormone n’est utilisée, c’est le cuivre qui agit comme un contraceptif.
- La stérilisation tubaire : attention, cette méthode de contraception est définitive et irréversible.
- Les préservatifs ou méthodes naturelles : ces contraceptifs sont réputés moins efficaces que les autres méthodes.

La contraception, une affaire très personnelle

Reste aux femmes de choisir le contraceptif qui leur convient. "Certaines femmes sont très attachées à leur cycle et il est rédhibitoire pour elles de ne pas avoir leur règles. Ces femmes ne prendront jamais de contraceptif exclusivement progestatif". Pour elles, seuls les stérilet en cuivre ou la stérilisation tubaire conviendront. D’autres souffriront de l’abdomen avec un stérilet ou auront des règles abondantes avec un implant. "La contraception est une affaire très personnelle, précise Aurélie Chikh. Certaines femmes réagissent bien à l’un, moins bien à l’autre. On peut ne jamais savoir pourquoi. Il faut essayer et apprécier la tolérance de la patiente. Mais il faut savoir qu’en matière de contraception, il n’y a aucune règle".

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