Syndrome du choc toxique menstruel : quels sont les symptômes ?

Publié par Sophie Raffin
le 9/07/2019
Maj le
5 minutes
shot of unhealthy young woman with stomachache leaning on the bed at home
Istock
Le syndrome du choc toxique staphylococcique menstruel (CTSM) fait couler beaucoup d'encre depuis la médiatisation de plusieurs cas dramatiques. Cette maladie infectieuse rare qui se déclare pendant les règles, est un des éléments participant à la méfiance grandissante des femmes envers les tampons. Mais quels sont les symptômes de ce choc gravissime responsable d'amputation et septicémie, potentiellement mortel et fulgurant ?

Qu'est-ce que le syndrome du choc toxique menstruel ?

La mannequin Lauren Wasser a perdu ses deux jambes après avoir fait un syndrome du choc toxique staphylococcique menstruel en 2012. Ce drame très médiatisé a mis en lumière cette maladie infectieuse rare mais dramatique et en lien avec l'utilisation des tampons hygiénique.

La gynécologue Odile Bagot explique : “le syndrome du choc toxique staphylococcique menstruel est lié à une toxine de la bactérie staphylocoque doré. Ce germe que l'on peut porter au niveau de la peau de façon naturelle sans qu'il y ait conséquence, peut libérer la toxine en question dans certaines circonstances comme le port prolongé (plus de 4 heures) d'un tampon”.

Dans certains cas sans qu’on sache pourquoi, les bactéries profitent de la stagnation du sang pour proliférer. Une fois dans l’organisme la toxine libérée peut attaquer différents organes comme le foie, les reins ou les poumons.

La spécialiste prévient “C'est une pathologie des règles, et non pas des tampons. Si les cas les plus médiatisés étaient avec des tampons, cela peut aussi arriver avec une coupe menstruelle ou même plus rarement avec une serviette hygiénique”.

Selon le dernier rapport du Centre National de Référence des Staphylocoques de Lyon qui étudie et surveille ce trouble, il y a eu 29 cas en France en 2017 : “ces chiffres restent stables par rapport aux années précédentes”, explique le document (22 cas en 2016, 18 en 2015, 22 en 2014).

Le souci, c'est qu'il peut entraîner jusqu'à une septicémie mortelle...

Les scientifiques n’ont pas encore déterminé pourquoi certaines femmes développent ce syndrome alors que des milliers d'autres porteuses saines du staphylocoque doré ne connaîtront jamais de soucis. En revanche, ils ont déterminé qu’il touchait davantage les femmes jeunes. C’est-à-dire entre 14 et 24 ans. En 2017, l'âge médian des patientes était, en effet, de 21,7 ans. Quoi qu'il en soit, voici donc symptômes à ne surtout pas négliger.

Choc toxique menstruel : fièvre et plaque rouge squameuse, des signes inquiétants

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Syndrome du choc toxique menstruel : quels sont les symptômes ?

Au premier abord, les symptômes du syndrome du choc toxique staphylococcique menstruel peuvent faire penser à la grippe. Les femmes atteintes de cette pathologie ont un sentiment de malaise (avec hypotension) et une fièvre élevée soudaine (plus de 38,9 degrés).

Toutefois, la gynécologue prévient “Attention, les femmes qui ont de la fièvre pendant leurs règles, ne doivent pas paniquer et se précipiter aux urgences. La fièvre n’est le signe d’un choc toxique menstruel que si elle est accompagnée d’une éruption érythémato-squameuse. C'est-à-dire des plaques rouges avec de petites peaux qui se décollent. Elles sont présentes sur tout le corps. Ce sont ces deux symptômes ensemble qui peuvent faire craindre un syndrome de choc toxique”.

Elle ajoute : “Si on se sent juste mal pendant les règles - comme beaucoup de femmes - il ne faut pas s'inquiéter. Cette maladie bien qu’elle fasse couler beaucoup d’encre est très rare. Je n’ai jamais eu de cas de toute ma carrière”.

Choc toxique menstruel : des symptômes digestifs

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Syndrome du choc toxique menstruel : quels sont les symptômes ?

En plus de la fièvre et les plaques squameuses rouges, d’autres symptômes font partie du tableau clinique du syndrome du choc toxique staphylococcique menstruel. Les patientes peuvent, en effet, souffrir de troubles digestifs comme une diarrhée aiguë et des vomissements. Il est aussi possible qu’elles se plaignent de maux de tête ou d’une grande fatigue.

“Toutefois, on peut avoir ces symptômes pour d'autres raisons”, reconnaît la praticienne. Ils ne prennent que du sens s’ils sont réunis avec la présence des plaques rouges et la forte fièvre.

En revanche, la spécialiste prévient : “Si cela se déclenche, c'est quelque chose de sérieux. Il peut entraîner une hospitalisation en réanimation. Dans les cas les plus graves, il y a un risque de septicémie et de décompensation cardio-vasculaire”.

Ainsi en cas de la survenue des signes présentés, le premier réflexe à avoir est d’enlever le tampon ou la coupe menstruelle qui bloque l’écoulement du sang. Il faut ensuite consulter en urgence si les symptômes persistent. Des antibiotiques pourront être prescrits pour détruire la bactérie.

Choc toxique menstruel : comment l’éviter ?

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Syndrome du choc toxique menstruel : quels sont les symptômes ?

“Il ne faut pas renoncer aux tampons ou aux coupes menstruelles par peur du syndrome du choc toxique staphylococcique menstruel. Il faut seulement bien veiller à les changer toutes les 4 heures”, explique la gynécologue Dr Odile Bagot. 

Dans la même lignée que le conseil de changer régulièrement ses protections intravaginales, il est préférable d’éviter d’en porter la nuit. Cela pourrait conduire effectivement à dépasser le temps maximal recommandé. Il est mieux ainsi de porter des serviettes hygiéniques lorsqu’on dort.

Par ailleurs, il faut avoir une bonne hygiène intime et des mains. Par conséquent, lavez-vous les mains au savon avant et après avoir manipulé un tampon ou une cup. Le Centre Hospitalier Universitaire de Lyon conseille aussi d’éviter de porter des tampons hyper absorbants : les modèles classiques vous forceront à les renouveler plus fréquemment.

Sources

Merci au Dr Odile Bagot, auteure de "Vagin & Cie, on vous dit tout!" et "Ménaupose, pas de panique !" aux éditions Mango.

Rapport annuel d'activité : année d'exercice 2017, Centre National de Référence des Staphylocoques de Lyon, publié en 2018.

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