Surpoids et obésité : toute la vérité !

Il y a 40 ans, l'insuffisance pondérale était deux fois plus importante que l'obésité. Aujourd’hui, les personnes obèses sont plus nombreuses que celles en sous-poids*. Seul élément positif : l'indice de masse corporelle est resté globalement stable entre 1975 et 2014 chez la plupart des femmes européennes, à l'exception des Britanniques. Florilège des dernières news scientifiques sur le surpoids et l’obésité. 
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Obésité ne rime pas forcément avec mauvaise santé cardiométabolique

On peut être obèse et en bonne santé cardiométabolique**. Peu adéquat et fiable, l’indice de masse corporelle (IMC) est de plus en plus décrié comme marqueur absolu de la santé cardiaque et métabolique. Des chercheurs viennent de montrer que l’on peut être obèse et sans sur-risque cardiométabolique et, à l’inverse, ne pas avoir de surpoids et pourtant être à risque ! De quoi rassurer faussement ceux qui ne sont pas en surpoids et se croient à l’abri. Ce constat émane d’une fameuse étude américaine sur près de 40 000 personnes (NHANES) (1). Si près de la moitié (47,4%) des personnes en surpoids (25< IMC<29,9 kg/m2) et 28,6% avec une obésité étaient en bonne santé cardiométabolique, en revanche, 30,8% des personnes de poids normal étaient en réalité en mauvaise santé cardiométabolique.

Le tour de taille plus fiable que l’IMC pour repérer un foie en souffrance

Chez toute personne ayant un syndrome métabolique (surpoids, cholestérol etc.) ou un diabète de type 2, le foie souffre. Une étude présentée au congrès international sur le foie (EASL, Barcelone 13-16 avril 2016) enfonce le clou sur le rôle primordial du surpoids et de l’obésité mais souligne que (comme dans l’actualité précédente) le marqueur le plus fiable pour s’en rendre compte n’est pas forcément un indice de masse corporelle indiquant une obésité mais plutôt un tour de taille élevé (88,9 cm de tour de taille pour les femmes et de 101,6 cm pour les hommes), reflet de l’adiposité abdominale (2). Une étude présentée au congrès européen l’European Association for the study of Diabetes 2015*** avait déjà mis en évidence qu’être métaboliquement sain (c'est-à-dire sans aucun autre critère du syndrome métabolique que le tour de taille) n’excluait pas une altération hépatique avancée.

En effet, sans que l’on s’en soucie vraiment, notre foie souffre de notre mode de vie. 20% des Français ont une accumulation hépatique excessive de graisse. Ce peut être une stéatose pure (« foie gras ») sans inflammation ni trop de risque d’évolution, ou bien d’emblée un stade plus avancé appelé stéatohépatite non alcoolique (NASH). Jusqu’à il y a peu, on ne mesurait pas la gravité de la situation. Mais les recherches ont montré que cette NASH peut aller jusqu’à la cirrhose voire le cancer (carcinome hépatocellulaire), même sans boire de l’alcool ni avoir été infecté par une hépatite ! Celle-ci multiplie par dix et par deux les mortalités par cancer hépatique et cardiovasculaire, avec une forte surmortalité par cirrhose et carcinome hépatocellulaire. C’est aussi, à elle toute seule, un facteur de risque cardiovasculaire, d’hypertension et de diabète. A l’inverse, il faut garder à l’œil le foie des diabétiques, car le diabète favorise l’apparition d’une stéatose ou d’une NASH. De fait, 80% d’entre eux sont touchés. En attendant le médicament miracle (qui n’existe toujours pas), la bonne nouvelle est qu’il suffit de perdre un peu de poids pour obtenir une forte diminution de la graisse hépatique mais aussi de la résistance à l’insuline, premier pas dans la maladie diabétique.

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Source : * Lancet, 2016; 387: 1377-1396. doi.org/10.1016/S0140-6736(16)30054-X ; **Etaient considérés en "bonne santé cardiométabolique" ceux qui n’avaient aucun ou un seul critère parmi ceux-ci : pression artérielle> 130/85 mmHg ou prise d'un traitement antihypertenseur, taux de triglycérides à jeun > 1,5 g/l, HDL-cholestérol< 0,4 g/l chez les hommes ou 0,5 g/l chez les femmes ou prise d'hypolipémiant, glycémie à jeun supérieure à 1 g/l ou traitement antidiabétique, indice d'insulinorésistance HOMA-R > 5,13, protéine C-réactive > 0,1 mg/l. ***S. Chiheb, Oral Presentation /EASD 2015
(1) International Journal of Obesity, 2016; DOI:10.1038/ijo.2016.17 ; (2) Proc Natl Acad Sci U S A. 2016 Jan 19;113(3):572-7. doi: 10.1073/pnas.1515472113. Epub 2016 Jan 4 ; (3) Samuel Klein et al. Cell Metabolism. published online Feb. 22 ; Malhotra A. editorial, British Journal of Sports Medicine, publication en ligne du 22 avril 2015 ; (4) Plos One,Vol 13, Issue 8, 27 février 2013 ; Felix-Alcantara MP t al. European Congress of Psychiatry (Madrid, 12-15 mars 2016)