Maladies psychosomatiques

Publié par Dr Philippe Presles
le 30/04/2003
le
5 minutes

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femme examinant le teint
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Il s'agit de maladies ou de symptômes pour lesquels on ne retrouve pas de cause organique et dont l'origine psychique est suspectée (angoisse, stress, détresse morale, surmenage...). Elles peuvent concerner de nombreux organes.

Maladies psychosomatiques : Comprendre

Souvent chroniques, les maladies psychosomatiques gênent la vie quotidienne. Elle révèle un niveau de stress et d’angoisse trop élevé, et des traitements spécifiques doivent être entrepris.

Comme nous comprenons de mieux en mieux la cause de certaines maladies, elles peuvent ne plus être considérées comme psychosomatiques. Il en est ainsi de l’ulcère d’estomac qui est dû à la présence d’une bactérie dans la poche gastrique : hélicobacter pylori. Quand la bactérie a été éliminée par un traitement antibiotique adéquat, l’ulcère d’estomac se guérit complètement.

Maladies psychosomatiques : Causes

  • Problème psychique (angoisse, anxiété, surmenage, dépression)

    Le stress modifie l'équilibre nerveux, immunitaire et hormonal de l'organisme, ce qui peut provoquer ou favoriser un grand nombre de pathologies.

    Certaines hormones sécrétées par la glande hypophyse, située à la base du cerveau, seraient susceptibles d'accroître ou d'inhiber la capacité des cellules immunitaires à lutter contre la maladie. Les catécholamines (notamment l'adrénaline ou hormone du stress) synthétisées par les glandes surrénales, ont pour rôle de préparer l'organisme à l'action.

    En cas de stress prolongé, le cortisol, également secrété par les glandes surrénales, mobilise les réserves d'énergie de l'organisme, mais ce qui a également pour effet de diminuer la résistance aux infections. Cela expliquerait notamment les poussées d'herpès naso-labial, qui surviennent plus particulièrement chez les personnes stressées.

    Par ailleurs, les catécholamines participent à l'augmentation des facteurs de risques cardiaques qui accroît le risque d'infarctus du myocarde et d'hypertension artérielle.

    Chez d'autres sujets, le stress déclenche des réactions de l'appareil digestif : la personne est alors plus sujette au risque de colite spasmodique.

    La peau est en relation étroite avec le psychisme. Les problèmes de peau comme le psoriasis, l'eczéma, ou la chute des cheveux sont plus fréquents chez les personnes angoissées.

  • Une imagination trop importante

    Trop s’écouter peut nous amener à croire que nous avons une maladie et les symptômes correspondants.

    Cela devient de plus en plus fréquent avec Internet.

Maladies psychosomatiques : Conseils pratiques

Apprendre à gérer son stress par diverses méthodes, que l'on peut associer :

  • Développer les loisirs Il est important que la vie ne soit pas uniquement centrée sur le travail. Avoir à côté une activité complémentaire (bricolage, lecture, photographie...) permet de changer de centre d'intérêt.
  • Faire des exercices de relaxation (stretching, yoga, sauna) ou se ménager des moments de détente dans la journée.
  • Pratiquer un sport ou une activité physique régulière

    Le sport permet d'atténuer les effets du stress.

  • Avoir une alimentation équilibrée

    Attention au café, au tabac et à l'alcool, ils peuvent agir comme des calmants dans des situations stressantes, mais pris en excès, ils ne font alors que renforcer l'angoisse.

  • Bien dormir

    Le sommeil profond en début de nuit permet de récupérer de la fatigue physique.

    Le sommeil paradoxal permet à l'inconscient de faire le point et de digérer les événements de la journée.

  • Ne pas abuser d’internet, source d’angoisses inutiles.

    Autant que possible, ne se référer qu’à des sources disposant du label HON.

Maladies psychosomatiques : Quand consulter ?

Les motifs de consultation sont multiples car les facteurs psychiques peuvent agir sur de nombreux organes, à divers degrés :

  • Peau : urticaire, psoriasis (plaques rouges recouvertes de squames), eczéma, herpès.
  • Estomac : gastrite (inflammation de la muqueuse de l'estomac).
  • Intestin : colite spasmodique (ballonnements, spasmes, constipation).
  • Cœur : palpitations, extrasystoles (battements cardiaques prématurés donnant une sensation de coups de boutoir), hypertension artérielle.
  • Poumons : asthme (l'asthme est une maladie inflammatoire, mais les crises peuvent être majorées par l'anxiété).
  • Muscles : contractures, tétanie (contractions musculaires involontaires).

La liste des pathologies possibles liées au stress est longue, car pratiquement tous les organes peuvent être touchés par des déséquilibres nerveux, immunitaires, hormonaux engendrés par un problème psychique qui perdure.

A ces maladies, il faut ajouter tous les symptômes pouvant être vécus par quelqu’un qui se figure avoir une maladie. Cela s’appelle l’hypochondrie et le nombre des cas augmente avec l’usage d’Internet. L’hypochondriaque imagine avoir les symptômes correspondant à une maladie qu’il craint, et plus il lira d’information sur cette maladie, plus aura la certitude d’être atteint de cette maladie. Pour les médecins la mise en évidence de discordances à l’interrogatoire permettra souvent de faire la part des choses (on ne peut pas avoir toutes les maladies à la fois, ou bien une maladie peut être improbable. Par exemple un mal de tête durant plus de 6 mois n’a que très peu de chance de correspondre à un cancer du cerveau qui s’aggravera beaucoup plus vite). Dans certains cas pouvant faire douter, quelques examens complémentaires pourront permettre de faire le point.

Maladies psychosomatiques : Examens

L'examen est évidemment fonction des troubles présentés. Par l'interrogatoire, le médecin tentera de faire la part entre le psychisme (émotivité, angoisse, anxiété, surmenage...) et le somatique (atteinte d'un organe).

Des examens complémentaires (électrocardiogramme, holter, radiographie, échographie abdominale, endoscopie, etc.) peuvent être nécessaires, notamment en cas d'échec du traitement de première intention.

Depuis plusieurs années, les approches intégrant la méditation en pleine conscience ont montré toute leur efficacité. La plus célèbre est celle de Jon Kabat-Zinn, ou MBSR (Mindfillness Based Stress Reduction). Ces méthodes sont appliquées généralement en thérapie comportementale ou cognitives (TCC), ou bien dans certains centres de Pleine conscience.

Maladies psychosomatiques : Traitement

Chaque cas est particulier et le traitement doit tenir compte de la situation dans laquelle se trouve la personne.

Dans certains cas, il se fait uniquement par la prise de médicaments appropriés aux symptômes physiques, comme par exemple dans le cas de l'hypertension artérielle.

D'autres médicaments peuvent limiter les symptômes liés au stress : anxiolytiques, bêtabloquants, somnifères. Ils ne sont délivrés que sur ordonnance, car certains d'entre eux peuvent entraîner une dépendance alors que d'autres peuvent avoir des effets secondaires plus ou moins importants.

Par l'écoute, les psychothérapies (de soutien, comportementale, analytique...) jouent un rôle essentiel pour atténuer les symptômes, aider la personne à sortir de la somatisation éventuelle de son trouble et lui apprendre à mieux affronter les situations de stress.

Sources

Pour en finir avec les maladies psychosomatiques. F.B. Michel, P. Gasaix. Albin Michel. Clinique des troubles psychosomatiques. N. Dumet. Dunod. Symptôme psychosomatique. Un langage du corps à décoder. Contant. Ellipses.
Jon Kabat-Zinn : Au coeur de la tourmente, la pleine conscience : MBSR, la réduction du stress basée sur le mindfulness : programme complet en 8 semaines. J'ai lu (25 avril 2012).