Le viol augmente les risques de souffrir de problèmes respiratoires

Publié par Sophie Raffin
le 15/07/2020
Maj le
5 minutes
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Les victimes de viols et de traumatismes sexuels ont plus de risques de développer des troubles respiratoires par la suite, selon une nouvelle étude de chercheurs néo-zélandais.

Les agressions sexuelles peuvent avoir des conséquences à long terme sur la santé mentale, mais également physique. Les chercheurs de l’université d’Otago en Nouvelle-Zélande ont découvert que les victimes de viols et autres traumatismes sexuels étaient plus susceptibles d’avoir des troubles respiratoires. 

Un lien entre viol et une respiration dysfonctionnelle

L’équipe de scientifiques, menée par le professeur Bob Hancox et de la spécialiste de la santé sexuelle le Dr Jane Morgan, a découvert un lien entre le fait d’avoir été violé et "une respiration dysfonctionnelle" aussi bien chez les femmes que les hommes ayant subi ce type d’agression. Par ailleurs, les victimes féminines semblent plus susceptibles de souffrir d’asthme tardif.

La "respiration dysfonctionnelle", également connue sous le nom de syndrome d'hyperventilation, est caractérisé par une respiration trop profonde ou trop rapide. Les patients peuvent aussi présenter des douleurs thoraciques et une sensation de picotement au bout des doigts et autour de la bouche. Ces signes peuvent aussi accompagner une crise de panique.

Les chercheurs ont étudié les dossiers d’un groupe de 1037 participants nés entre 1972 et 1973 à Dunedin qui avaient intégré l’étude longitudinale baptisée “Dunedin Multidisciplinary Health and Development Study”.

Près de 20% de ces femmes et 4% des hommes ont reconnu avoir été violés à un moment ou à un autre de leur vie. L’analyse des informations transmises a révélé que ces victimes étaient plus susceptibles d'avoir une respiration dysfonctionnelle à 38 ans.

Le viol était également associé à des diagnostics autodéclarés d'asthme et de symptômes de respiration sifflante chez les femmes, mais pas chez les hommes.

twitter.com/DrJMMorgan/status/1281354654782074880

"S'il s'agit d'une véritable association de cause à effet, ces analyses indiquent que 23% de toutes les femmes asthmatiques à 38 ans, ou près d'un tiers des cas d’asthme adulte pourraient être attribués au viol", assure le professeur Bob Hancox. 

Envisager les troubles respiratoires comme une conséquence d’un traumatisme sexuel

Dans l’article paru dans le dernier numéro de la revue scientifique European Respiratory Journal, le professeur Bob Hancox ajoute "les résultats montrent que la respiration dysfonctionnelle peut être la conséquence d'un traumatisme psychologique grave et est compatible avec les rapports de cas d'abus sexuel chez des patients présentant d'autres types de difficultés respiratoires”. 

L’expert et ses collègues appellent ainsi les professionnels de la santé à “reconnaître la possibilité d'expériences traumatisantes antérieures déclenchant une respiration dysfonctionnelle ou un asthme tardif” et ainsi “déterminer si des conseils psychologiques ou d'autres formes de thérapie pourraient aider leurs patients".

Les chercheurs se sont concentrés sur le viol parce qu'il s'agit d'une expérience particulièrement traumatisante qui peut être clairement définie. Toutefois, le professeur Hancox estime qu'il est probable que d'autres formes d'abus sexuels et non sexuels puissent avoir des effets similaires. "Nous devons rechercher si d'autres formes de traumatismes sexuels, physiques et psychologiques sont également associées à des troubles du rythme respiratoire", convient-il.

Violences sexuelles : des chiffres effrayants

Violences sexuelles : des chiffres effrayants

Selon les chiffres de 2018 publiés par les autorités, 94 000 femmes de 18 à 75 ans sont victimes de viols ou d’une tentative de viols chaque année. Cela représente, 16% des Françaises. Dans 9 cas sur 10, l’agresseur est connu de la victime. Par ailleurs dans 47% des cas, il s’agit de son compagnon ou d’un ex-conjoint. Seulement 12% des victimes de viols ou tentatives de viols ont porté plainte.

Parmi celles ayant subi un viol au cours de leur vie, 40% ont été agressées pendant leur enfance (avant 15 ans). 16% des victimes avaient entre 15 et 17 ans et 44% ont été attaquées à l’âge adulte (après 18 ans).

twitter.com/ONUFemmesFR/status/1253338741210378242

Bien que moins d'affaires soient moins médiatisées, les hommes peuvent aussi être les victimes d’un viol ou d’une agression sexuelle au cours de leur vie. 

Selon le rapport de l’INED en 2016, 2 700 hommes reconnaissaient avoir été victimes d’un viol au cours des 12 derniers mois. Toutefois, ces chiffres peuvent être faussés par le poids de la honte et de la peur. En effet, face au mythe de la "virilité puissante", il est fort possible que des agressés préfèrent ne rien dire.  

La même étude a permis de mesurer le nombre de personnes ayant subi des violences sexuelles au cours de leur vie : viols, tentatives de viol, mais également attouchements du sexe, des seins ou des fesses, baisers imposés par la force, pelotage. Face à ces critères, 14,5 % des femmes et 3,9 % des hommes âgés de 20 à 69 ans ont confié être concernés.

Viol : quelles sont les démarches après une agression sexuelle ?

Viol : quelles sont les démarches après une agression sexuelle ?

Les autorités françaises estiment qu’un “viol est un acte de pénétration sexuelle commis sur une victime avec violence, contrainte, menace ou surprise (dans ce dernier cas, la victime est trompée par la ruse de l'agresseur)”. La pénétration peut être vaginale, anale ou buccale, et effectuée par le sexe, les doigts de l'auteur, ou encore au moyen d'un objet.

S’il n’y a pas de pénétration, il s’agit alors légalement d’une agression sexuelle.

Le viol est un crime dont le délai de prescription est de 20 ans. Si la victime est mineure au moment des faits, elle bénéficie d’un délai de prescription allongé. Elle a jusqu’à 30 ans après sa majorité pour porter plainte. 

Pour porter plainte, il faut se présenter au commissariat ou à la gendarmerie. Elle ne peut pas être refusée. Il est aussi possible d’écrire au procureur de la République.

Les enquêteurs qui prennent en charge le dossier conduisent ensuite la ou le plaignant aux urgences afin d’effectuer un examen médico-légal. Il consiste à prélever des échantillons (sperme, poils, cheveux) et de constater les blessures éventuelles (marque de coups, griffures, bleu…). 

De nombreuses victimes ont l’envie compréhensible de se laver ou changer de vêtements. Toutefois, c’est fortement déconseillé afin de garder le plus de preuves possibles. 

Le personnel soignant effectuera également des recherches pour s’assurer que la victime n’a pas été infectée par une MST. Les médecins pourront également prescrire des traitements pour éviter une contamination ou encore la pilule du lendemain. 

Par ailleurs, les victimes souffrent souvent par la suite de difficultés psychologiques ou de répercussions sur leur santé. Il ne faut donc pas hésiter à se faire aider par un médecin ou un psychologue après l'agression. Il est également possible d’approcher une association d’aide aux victimes.

Sources

Rape, asthma and dysfunctional breathing, European Respiratory Journal, juillet 2020

Les chiffres de référence sur les violences faites aux femmes, arretonslesviolences.gouv.fr

Enquête virage, INED, 23 novembre 2016

Viol commis sur une personne majeure, Service Public, 19 décembre 2018

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