J'ai testé une semaine sans soutien-gorge : le verdict

Publié par Sophie Raffin
le 6/06/2019
Maj le
8 minutes
bosom concept slim attractive naked woman holding black plunge bra in hand
Istock
Publication validée par Jean-Paul Pes
Vêtement indispensable pour la santé du dos des femmes ou objet diktat de la société, le soutien-gorge est sujet à polémiques. Pour juger de son (in)utilité... Finalement, rien de mieux que de vérifier par soi-même en laissant son soutif au placard pendant une semaine. Nous avons testé, voici notre verdict et l'avis de médecins spécialistes !

Ma semaine sans soutien-gorge

Pour être honnête lorsque ma rédactrice en chef m'a attribué le sujet “une semaine sans soutien-gorge”, idée d'une collègue, je n'ai pas particulièrement été transportée par le projet. Mais n'étant ni une accro de la lingerie, ni une adepte du "no bra", je ne suis dit que c'était l'occasion de me faire une opinion personnelle sur ce vêtement qui m'accompagne quasiment machinalement depuis mes 13 ans.

"On a l'impression que tous les yeux sont rivés sur notre poitrine...

Me doutant que le premier jour sans soutien-gorge ne serait pas des plus confortables, je me suis lancée le jeudi de l'ascension. J'ai ainsi repoussé un peu la confrontation avec mon quotidien. Et je ne m'étais pas trompée : la première sortie n'est pas évidente. On a l'impression que tous les yeux sont rivés sur notre poitrine "libérée". Toutefois, la gêne n'a pas été le plus gros obstacle de cette première journée.

Le véritable problème a été mon pull ! Choisie au départ pour son épaisseur qui devait préserver un peu ma pudeur, la laine rêche n'était en fait pas adaptée à la peau fine de ma poitrine. Résultat : la gêne physique l'a emporté sur la gêne sociale. Conclusion, choisir une tenue ne repose pas sur les mêmes critères lorsqu'on ne porte pas de soutien-gorge... tel a été le premier enseignement de ce premier jour de test. Une enseignement confirmé le lendemain lorsque j'ai réalisé en rentrant chez moi que mon haut du jour était transparent en contre-jour ! Les regards appuyés – étrangement majoritairement des femmes – remarqués dans le métro ont pris tout leur sens.

"vivre sans soutif s'est finalement révélé assez libérateur."

Le samedi, troisième jour de cette expérience, a donc débuté par une sérieuse remise en question de ma garde-robe. Un tri plus que nécessaire, il faut le reconnaître. Sans push-up magique, ma poitrine menue peine à remplir certains de mes hauts. Mais une fois les chemisiers, pulls et t-shirt aux tissus et aux formes adaptés au mode de vie "no bra" sélectionnés, vivre sans soutif s'est finalement révélé assez libérateur.

Il n'y a plus besoin de se battre avec les bretelles détendues, ni à supporter les armatures qui rentrent dans la peau. La poitrine n'est plus, non plus, compressée par le rembourrage. De plus, la gêne du début disparaît petit à petit... pour laisser place – pour mon cas – à un étonnant gain d'assurance. Il est, en effet, assez jubilatoire de laisser vivre sa vie à sa poitrine sans se préoccuper du "qu'en-dira-t-on".

"Mon soutien-gorge m'a manqué à certains moments"

Toutefois, il est vrai : mon soutien-gorge m'a manqué à certains moments. En premier lieu, le soir quand la température baisse sérieusement. Puis surtout dans la cabine d'essayage pendant ma virée shopping du lundi. Même si je suis parvenue après quelques jours à ne plus penser à l'opinion des autres, le malaise revenait en force à chaque fois que j'étais à moitié nue dans une cabine... Et encore plus fortement, si la vendeuse apparaîssait pour donner un vêtement.

Les seins qui ballottent

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J'ai testé une semaine sans soutien-gorge : le verdict

Une fois le sentiment d'enfreindre une convention sociale surmonté, ma semaine sans soutien-gorge s'est déroulée sans difficulté. Je n'ai rencontré aucun désagrément particulier. Toutefois, il est vrai que mon petit bonnet B, m'a épargné pas mal de souffrance et d'inconvénient.

Ainsi pour parfaire mon investigation, j'ai interrogé des amies - mieux dotées par la nature que moi – sur les difficultés qu'elles rencontraient lorsqu'elles ne portaient pas de soutien-gorge. “Quand tu as une forte poitrine, ce n'est vraiment pas agréable de ne pas porter de soutien-gorge. Les seins ballottent quand tu bouges et cela tire sur le dos”, m'a confié Aurélie.

"on en met parce que cela se voit si on en a pas..."

Pour Céline, le port du soutien-gorge est une question d'esthétisme “le décolleté est beaucoup moins joli”. Elle remarque également “une fois que tu as eu des enfants, la tonicité de la poitrine n'est plus tout à fait la même. Il est alors encore moins agréable de ne pas avoir de soutien-gorge”.

Chloé reconnaît quant à elle de son côté que “Porter un soutien-gorge n'est pas toujours agréable. La poitrine est bloquée contre le torse. Mais sans, elle bouge. En plus, quand tu as beaucoup de poitrine c'est assez inconfortable de ne pas avoir de soutien-gorge. Cela pèse sur le dos”. Mais “je crois surtout qu'on en met parce que cela se voit si on en a pas”, accorde-t-elle.

Le soutien-gorge, un faux ami ?

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J'ai testé une semaine sans soutien-gorge : le verdict

Le ballottement des seins, les douleurs dans le dos... sont souvent les raisons évoquées pour porter un soutien-gorge. Or, ces maux seraient justement en partie dus à l'usage de ce vêtement.

Jean-Paul Pes, psychomotricien de sportifs de haut niveau et préparateur physique et mental, explique : “Lorsque des muscles du corps ne sont pas sollicités comme ils devraient, on crée des points de faiblesses”. Il poursuit : “Prenons une image parlante : si je n'ai pas de problème aux jambes, mais que je me promène tout le temps avec des béquilles, je vais finir par avoir une faiblesse musculaire aux jambes. Et cela, même si je n'avais rien au départ. Il en est de même pour la poitrine et le soutien-gorge”.

Chaque sein est constitué d'une glande mammaire composée d'une vingtaine de lobules et d'un tissu adipeux plus ou moins important selon les femmes. Il est maintenu par la peau et un ligament suspenseur au muscle pectoral.

“Si on ne fait jamais travailler les muscles, on finit par être obligé d'avoir un soutien"

Si ces muscles ne sont plus capables de faire leur travail de soutien par manque de tonicité, d'autres zones du corps doivent prendre le relais lorsque la lingerie est laissée au placard. Cet effort supplémentaire les fait entrer en souffrance, d'où les douleurs ressenties par les femmes.

“Si on ne fait jamais travailler les muscles, on finit par être obligé d'avoir un soutien. Et si on a un maintien permanent, les muscles s’atrophient. C'est un cercle vicieux”, résume le spécialiste.

Jean-Denis Rouillon, médecin du sport au CHRU de Besançon et professeur à l'Université de Franche-Comté, avait mis en lumière cette problématique en 2013 dans le cadre d'une étude préliminaire. Après avoir étudié l'évolution de la poitrine de 320 femmes, il avait déterminé que les seins des participantes n'ayant pas porté de soutien-gorge, s'étaient raffermis et que les vergetures s'étaient estompées.

Il avait alors émis l'hypothèse que "si la femme met un soutien-gorge dès l'apparition de ses seins, l'appareil suspenseur ne travaille pas correctement et ses tissus de suspension se distendent". Il avait conclu : "La femme devient alors dépendante du soutien-gorge, dont elle n'a pas vraiment besoin".

Redonner de la tonicité à la poitrine

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J'ai testé une semaine sans soutien-gorge : le verdict

Ainsi pour avoir une jolie poitrine, la solution n'est pas forcément un push-up mais des muscles bien tonifiés. "Malheureusement, on fait rarement travailler les muscles de la zone de la poitrine naturellement. Pour (re)tonifier cette partie du corps, il faut le faire spécifiquement par le biais d'exercices", explique le docteur Jean-Paul Pes .

Il ne faut d’ailleurs pas uniquement travailler les pectoraux. D'autres muscles participent à un bon maintien comme les dorsaux et les trapèzes.

“Il y a des exercices spécifiques pour le haut du corps, mais ce travail doit se faire en lien avec tout le gainage du bassin qui participe aussi au maintien”, explique le psychomotricien. “C'est à signaler, car il y a souvent une hyper cambrure - surtout chez les jeunes filles - qui conduit le bassin à être moins bien placé. Et cela a des répercussions sur le haut du corps”.

Il précise “Le bassin doit être bien tonifié avec de bons abdominaux, fessiers et obliques pour libérer la zone du haut : c'est-à-dire la cage thoracique, les épaules, la poitrine. Il est alors plus facile de faire travailler cette zone-là”.

"la posture n'est pas qu'une constitution mécanique"

Une bonne posture est nécessaire pour avoir un bon maintien. Toutefois, il est aussi important de se rappeler que la posture n'est pas qu'une constitution mécanique.Le spécialiste explique "l'état d'esprit dans lequel vous vous trouvez se traduit dans votre posture. Votre silhouette traduit votre état psychique". 

Pour avoir un joli maintien, il est ainsi important de savoir écouter son corps... et sa tête. Le docteur Jean-Paul Pes assure "le maintien et la posture vont se mettre en place si je suis bien dans ma peau".

 

Faut-il mettre un soutien-gorge lorsqu'on fait du sport ?

“Lorsqu’on choisit une activité violente c'est-à-dire avec beaucoup de mouvements, il vaut mieux travailler avec un maintien”. Une recommandation à suivre surtout si la zone de la poitrine est peu ou pas tonique. “Les femmes qui font du sport sans soutien-gorge alors qu'elles n'ont pas une poitrine tonifiée peuvent avoir des soucis. Casser par exemple des fibres musculaires... Ce qui est difficilement récupérable”.

Il est ainsi important de développer les muscles avant de renoncer définitivement au soutien-gorge pendant ces séances de sport “On ne peut pas mettre le corps à rude épreuve du jour au lendemain. La poitrine ne sera pas tonifiée en une séance. Il faut le faire petit à petit”.

 

 

Sources

Merci à Jean-Paul Pes, Psychomotricien de sportifs de haut niveau et préparateur physique et mental.

Auteur des livres aux éditions Jouvence : 8 minutes pour être en forme, Gymnastiques jolie poitrine, Ma séance pour un bon dos

Son site internet

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