L'Europe combat mieux la carence iodée en dehors que dans ses frontières !

La carence iodée est à l'origine de troubles mentaux, de goitre, de mortalité infantile, d'hypothyroïdie et d'hyperthyroïdie, qui tous peuvent être prévenus par une supplémentation en iode. Or ce problème reste d'actualité puisque 2,2 milliards de personnes dans le monde sont, semble-t-il, carencées en iode. La France n'est pas épargnée.

Afin de faire le point sur la carence iodée en Europe de l'Ouest et en Europe Centrale, de nombreux experts se sont réunis en septembre 2002 en Suède. Ils ont conclu que 15 pays (l'Autriche, la Bosnie, la Bulgarie, la Croatie, Chypre, la République Tchèque, la Finlande, la Macédonie, les Pays Bas, la Pologne, le Portugal, la Slovaquie, la Serbie, la Suisse et le Royaume-Uni) avaient un apport iodé suffisant (comme en témoigne une iodurie moyenne supérieure à 100 µg/l) et qu'il en était probablement de même pour l'Islande, le Luxembourg, la Norvège et la Suède.

En revanche, de nombreux pays (la France, la Belgique, le Danemark, l'Allemagne, la Grèce, la Hongrie, l'Italie, l'Irlande, le Monténégro, la Roumanie, la Slovénie, l'Espagne, la Turquie et probablement l'Albanie) étaient déficitaires dans leurs apports iodés (iodurie inférieure à 100 µg/l). Cela signifierait donc que 60% des 600 millions de personnes vivant dans ces pays présenteraient une carence en iode.

Les mesures préventives sont faibles dans la plupart des pays européens. Or, il s'agit d'une responsabilité nationale. La sous-estimation de ces carences iodées et l'hétérogénéité des lois concernant les supplémentations iodées dans l'alimentation expliquent probablement cette disparité.

Si l'utilisation volontaire par la population de sel enrichi en iode ne parvient pas à supplémenter suffisamment, il faut considérer d'autres moyens d'apport. Il est vraisemblable que les coûts élevés du sel iodé dans certains pays et la méconnaissance qu'a le grand public de l'importance de ce problème sont des causes de mauvaise acceptation par les consommateurs d'une supplémentation en iode. Il faut développer des moyens d'améliorer cette participation de la population. La prise en compte de ce problème doit se faire également au niveau des spécialistes de la nutrition, de la thyroïde et des autorités de santé et il faut probablement encourager la mise en place d'un Comité national sur la supplémentation en iode.

Les auteurs concluent qu'il est étonnant de voir que l'Europe est capable de donner des fonds substantiels pour éliminer la carence iodée dans les pays en voie de développement, alors qu'elle ne fait rien pour son propre problème !

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Source : Vitti P. et coll., Lancet, 361 : 1226, 2003.