Contraception : son stérilet a failli la tuer !

Publié par Sophie Raffin
le 3/06/2020
Maj le
5 minutes
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Jessica Cowgill a failli perdre la vie à cause de son stérilet. Le moyen de contraception qu’elle portait depuis plusieurs années, a provoqué un grave sepsis après avoir percé son utérus.

Le dispositif intra-utérin est le deuxième moyen de contraception le plus utilisé par les Françaises. Il est très sûr. Toutefois, il peut parfois être à l’origine de graves soucis de santé comme peut en témoigner Jessica Cogwill. La Britannique de 25 ans a failli mourir à cause de son stérilet au cuivre.

Stérilet : des mois de souffrance sans explication

Désireuse d’avoir une contraception qui ne nécessite pas d’y penser quotidiennement, Jessica Cowgill s’est fait poser un stérilet à 20 ans. Quelques années après, elle a commencé à avoir des crampes et des saignements vaginaux irréguliers. Après plusieurs visites infructueuses, son généraliste l’a envoyée l’année dernière vers un gynécologue. A la suite d'un nouvel examen et d'une échographie, le spécialiste a assuré qu'il n'y avait rien d’alarmant. Les importantes souffrances qu’elle ressentait, l'ont également aussi conduite à faire des allers-retours aux urgences, sans qu'aucun diagnostic ne soit posé. 

La jeune femme a expliqué au Sun “j’avais des douleurs à l'estomac depuis un bon moment maintenant et je voyais des médecins depuis un certain temps pour essayer d'aller au fond des choses, mais rien n’en sortait”. Elle se rappelle “Je n'arrêtais pas d'être renvoyée chez moi en disant que j'allais bien”.

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Alors que la Britannique gardait le fils d’une amie en février dernier, son état s’est fortement dégradé. Elle a été une nouvelle fois conduite à l’hôpital. Les médecins qui l’ont prise en charge, ont découvert la raison de ses troubles et l’ont conduite immédiatement au bloc. Son stérilet avait percé son utérus et provoquait un sepsis (une infection potentiellement mortelle provoquée par des bactéries anciennement connue sous le nom de septicémie) !

Sepsis : elle perd un ovaire, une trompe de Fallope et une partie de l’utérus

Pour sauver la vie de la patiente, les chirurgiens lui ont retiré un ovaire, une trompe de Fallope et une partie de l’utérus ainsi que le dispositif intra-utérin responsable de ses troubles. 

Toutefois, cette opération n’a pas marqué la fin des problèmes pour la jeune femme, toujours souffrante. De nouveaux examens ont révélé que l’infection était encore présente. À nouveau opérée, elle a perdu cette fois-ci une partie de son utérus. 

Jessica Cowgill a confié à la revue britannique “Cela a été l'expérience la plus effrayante de ma vie, mais j’en sors tellement plus forte et cela m'a beaucoup rapproché de mon partenaire Nathan”. “J’espère avoir passé le plus dur” conclut-elle. 

Elle met en garde contre les risques du stérilet

La Britannique veut désormais mettre en garde les femmes contre les risques méconnus des stérilets. Elle explique “Je l'ai choisi parce que je ne voulais rien qui affecterait mes hormones et quelque chose qui demande peu d’entretien, mais j'ai eu des douleurs à l'estomac pendant environ deux ou trois ans et j'en ai parlé aux médecins. J'ai commencé à m'y habituer et à me dire que j’avais des douleurs menstruelles sévères”.
La jeune femme qui ne sait pas si elle pourra avoir des enfants après cette opération, prévient "Je ne voudrais pas que quelqu'un d'autre passe par là à cause de cette contraception alors qu'il existe de nombreuses autres formes disponibles".

Stérilet : comment reconnaître une perforation ? 

Stérilet : comment reconnaître une perforation ?

La perforation de l’utérus est une complication aux conséquences potentielles lourdes, mais heureusement rare. La faculté de médecine Sorbonne Université estime le nombre de cas à 1,2/1000. Cet incident survient le plus souvent chez des femmes ayant des utérus antéversés, rétroversés, hypoplasiques ou encore fragilisés par des grossesses multiples et des césariennes.

L’autre facteur de risque est l'inexpérience du professionnel de santé qui pose le DIU. La revue médicale Suisse précise “la perforation utérine survient la plupart du temps lors de la pose, elle est le plus souvent indolore et par conséquent passe inaperçue.”

L’utérus n’est pas le seul organe qui peut être abîmé par un dispositif mal positionné, il peut aussi atteindre la paroi intestinale, grêle, colique, appendiculaire, rectale, la paroi vésicale ou le paramètre. Dans la zone abdominale, il peut provoquer des adhérences, “Les atteintes digestives se manifestent généralement par l'apparition de douleurs abdominales, de fièvre, voire même d'un abdomen aigu ou d'un état septique”, précise la revue scientifique helvétique. 

Risques de perforation : les signes d’alerte à surveiller

Plusieurs signes peuvent conduire à suspecter une perforation 

  • l’absence des fils lors du contrôle gynécologique, 
  • la survenue d'une grossesse
  • l'apparition de douleurs abdominales pelviennes survenant après la pose.

Stérilet : les autres complications possibles

Stérilet : les autres complications possibles

Bien posés, les stérilets sont d'une très grande efficacité (entre 97 et 99%). Les femmes ont le choix entre de type de DIU : cuivre et hormonal. La perforation n’est pas la seule complication possible après la pose de ce mode de contraception. On rapporte également :

  • l’expulsion : elle survient le plus souvent dans les 3 premiers mois après la pose, et passe inaperçue 1 fois sur 5 ;
  • les infections génitales : il s’agit de la complication la plus grave car elle peut entraîner une stérilité. Les risques sont plus importants dans le premier mois de la pose puis diminuent pour atteindre un taux d'environ 1/1000 ;
  • la grossesse : le taux de grossesse sur stérilet est de 0,2-0,3%.

Toutefois, ces complications restent rares. Selon le Baromètre Santé 2016, plus de 25% des femmes âgées de 15 à 49 ans ont choisi le stérilet comme mode de contraception. Ce qui le place en deuxième position derrière la pilule.

Sources

t, The Sun, 4 mai 2020

Contraception, faculté de médecine Sorbonne Université

Complications de la pose de stérilet, 6 septembre 2000

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