Contraceptifs hormonaux : mise en garde sur des risques de suicides

La prise de contraceptifs hormonaux est associée à un risque accru de suicides et de tentatives de suicides. Un effet secondaire grave pour lequel l’Agence de sécurité du médicament souhaite renforcer l’information.
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"Un risque accru de suicides et de tentatives de suicide." Dans un point d’information daté du 16 octobre 2018, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) annonce un renforcement de l’information concernant les risques d’effets secondaires des contraceptifs hormonaux : pilule œstro-progestative, pilule progestative, implant, anneau vaginal mais aussi patch contraceptif.

Un risque de suicide 2 mois après l’utilisation du contraceptif

À l’heure actuelle, les notices des contraceptifs hormonaux contiennent déjà des indications relatives à un risque d’effet secondaire affectant la santé mentale : des risques accrus de dépression et de troubles de l’humeur y sont mentionnés.

Mais une récente étude menée par des chercheurs en gynécologie et en psychiatrie de l’université de Copenhague (Danemark) publiée en avril dernier dans l’American Journal of Psychiatry apporte de nouveaux arguments en faveur d’une mise en garde contre les risques de suicide. Ces scientifiques se sont appuyés sur les données de santé consignées dans des registres nationaux de près d’un demi-million de femmes âgées en moyenne de 21 ans et n’ayant pas d’antécédents psychiatriques. Ils ont alors observé que les femmes prenant ou ayant récemment pris un contraceptif hormonal sont plus à risque de suicides et de tentatives de suicide que les femmes n’ayant jamais pris ce type de contraception.

Plus précisément, l’association entre la prise de contraceptif oral et la première tentative de suicide atteint un maximum après deux mois d’utilisation et les adolescentes semblent être les femmes les plus affectées par cet effet secondaire.

Mise à jour des notices des contraceptifs hormonaux

Il ne s’agit ici que d’une association et aucun lien de cause à effet entre la contraception orale et le risque de suicide n’a ici été démontré. Néanmoins, le Comité pour l’Evaluation des Risques en matière de Pharmacovigilance (PRAC) de l’Agence européenne des médicaments (EMA) qui s’est réuni à Londres du 1er au 4 octobre 2018 a noté "que la dépression peut être un évènement grave et peut parfois entrainer des idées suicidaires", rapporte l’ANSM. C’est pourquoi ce comité a recommandé "que les Autorisations de Mise sur le Marché soient mises à jour afin de refléter ces informations", ce qui sera fait dans la notice et dans le Résumé des Caractéristiques du Produit (RCP) de ces contraceptifs.

À chaque femme sa contraception

Les contraceptifs hormonaux réunissent les pilules (œstro-progestatives combinées et progestatives seules), l’implant, le patch, l’anneau vaginal et le stérilet (ou DIU pour Dispositif Intra Urtérin) hormonal. S’ils contiennent tous des hormones, leur mode d’action varie. Mais dans tous les cas, dès l’apparition d’un effet secondaire, n’hésitez pas à contacter votre médecin généraliste, votre gynécologue ou votre sage-femme pour lui faire part de ce problème et envisager avec elle ou avec lui un autre moyen de contraception. Autre contraceptif hormonal que celui que vous prenez, stérilet (ou DIU) au cuivre, préservatif féminin ou masculin, diaphragme, stérilisation définitive à visée contraceptive… à chacune sa contraception.

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Source : Antibiotiques quinolones et fluoroquinolones, contraceptifs hormonaux : retour d’information sur le PRAC d’octobre 2018 - Point d'information de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) du 16 octobre 2018 
Association of Hormonal Contraception With Suicide Attempts and Suicides. Skovlund et al., avril 2018, American Journal of Psychiatry doi: 10.1176/appi.ajp.2017.17060616 
Choisir sa contraception : choisirsacontraception.fr, site internet rattaché au ministère en charge de la Santé et de Santé Publique France, consulté le 19 octobre 2018