Antidépresseur, bêta-bloquant, insuline : ces médicaments font prendre du poids à la ménopause

La lutte contre la prise de poids pendant la période de transition entre la périménopause et la ménopause est malheureusement souvent difficile. Une des causes principales de l'arrivée de ces kilos en trop est le ralentissement du métabolisme et la chute des hormones. Toutefois pour les chercheurs de l’organisation North American Menopause Society, il faut aussi regarder du côté des médicaments prescrits à cette période de la vie des femmes.
Kilos en trop à la ménopause : des changements métaboliques
La ménopause est provoquée par l’arrêt du fonctionnement hormonal des ovaires. Ils ne libèrent plus d’œstrogènes. Si les femmes prennent entre 2 et 5 kilos à cette période de leur vie, les experts s’entendent pour en attribuer la responsabilité à la chute du taux d’hormones. En effet cette dernière induit une diminution de la masse musculaire. Si les muscles sont moins importants, la dépense d’énergie quotidienne l’est également. Ainsi, les femmes qui ne changent pas leurs habitudes alimentaires et ne réduisent pas leurs apports caloriques, conduisent leur corps à stocker le surplus.
Par ailleurs, la chute d’œstrogène entraîne aussi une modification des zones de répartition de la graisse. Elle n’est plus localisée principalement dans les cuisses et les fesses mais au niveau du ventre.
Mais pour les équipes de l’organisation North American Menopause Society, la prise de poids pourrait aussi découler des traitements pris contre les maladies qui se développent pendant la ménopause.
twitter.com/MenopauseOrg/status/1283043982013083654
Les traitements des maladies de la ménopause dans le viseur
Les hormones sexuelles (œstrogène et progestérone) jouent un rôle clé dans la "bonne" santé des femmes. Par exemple, les œstrogènes limitent la formation de plaques d'athérome ou encore du cholestérol. Elles protègent ainsi les artères des obstructions et réduisent les risques cardiovasculaires. Les œstrogènes offrent également aux femmes une tolérance accrue au glucose. Avant la cinquantaine, elles ont ainsi moins de risques de diabète par rapport aux hommes.
Mais à la ménopause, la gent féminine ne bénéficie plus des effets protecteurs de ces éléments naturels. Les cas de maladies cardiaques, diabètes ou encore d’ostéoporoses explosent chez la population ménopausée.
Les chercheurs ont voulu savoir si les médicaments de ces maladies pouvaient être liés à la prise de poids observée à la ménopause, d’autant plus de plusieurs d’entre eux sont déjà associés à l’arrivée des kilos en trop. Ils ont ainsi analysé les données recueillies auprès des femmes qui ont participé au programme Women's Health Initiative.
Ils ont cherché à quantifier l'ampleur de l'association entre les traitements favorisant la prise de kilos et le changement de la silhouettes des femmes ménopausées. Après avoir analysé l’évolution de leur indice de masse corporelle (IMC), leur tour de taille ainsi que les prescriptions données par leurs médecins, les scientifiques ont en effet trouvé un lien entre la prise de poids et les traitements. Les produits en cause sont présentés dans la page suivante de l'article.
Prise de poids, ménopause : les médicaments mis en cause

Dans le cadre de cette recherche, l’équipe a mesuré l’IMC et le tour de taille au début de l’étude puis trois ans plus tard. Elle a ensuite recoupé les résultats avec l’inventaire des médicaments prescrits, y compris les antidépresseurs et les bêta-bloquants.
Ce travail a permis aux scientifiques de présenter la conclusion suivante : les femmes ménopausées qui prennent au moins un médicament dont l’effet secondaire est la prise de poids, ont une hausse plus importante de l'IMC et du tour de taille par rapport à celles qui ne suivent pas de traitements.
Les médecins indiquent qu’il faut principalement se méfier :
- des antidépresseurs ;
- des antihypertenseurs ;
- des bêta-bloquants ;
- de l'insuline ;
- ou encore des glucocorticostéroïdes.
Par ailleurs, plus la liste des médicaments pris est longue, plus le risque de poids est important. Ceux qui ont pris des antidépresseurs ou de l'insuline, ou une combinaison d'antidépresseurs et de bêta-bloquants, avaient plus de risques d'avoir une hausse significative de leur IMC par rapport aux non-utilisateurs. Les femmes des minorités ethniques - groupes où le surpoids était déjà plus important au départ - étaient également plus susceptibles d'avoir une prise de poids associé à l'utilisation de médicaments sur ordonnance.
"Cette étude met en évidence les effets néfastes importants de l’obésité et l'association entre l'utilisation de médicaments favorisant le poids comme les antidépresseurs, les antihypertenseurs ou encore l'insuline et la prise de poids chez les femmes quadragénaires. En plus de s'assurer que ces médicaments susceptibles de faire grossir sont utilisés judicieusement et dans les doses les plus faibles nécessaires pour atteindre les résultats souhaités, les stratégies de style de vie pour atténuer ces effets indésirables, tels que le régime alimentaire, le niveau d'activité physique, et la qualité et la durée du sommeil, doivent être mises en évidence" rappelle la docteur Stephanie Faubion, directrice médicale de l’organisation North American Menopause Society.
Comment éviter les kilos en trop pendant la ménopause ?

Si l’étude montre un lien entre certains médicaments comme les antidépresseurs, les bêta-bloquants ou encore la cortisone, il ne faut surtout pas arrêter son traitement sans consulter son médecin. En revanche, plusieurs astuces permettent de limiter la prise de poids après la ménopause.
- Avoir une activité physique : les femmes ménopausées ont souvent des douleurs articulaires et ont alors tendance à éviter de faire de l’exercice. Mais c’est une erreur. La pratique permet de limiter ces douleurs, de rester en forme et de dépenser de l’énergie. Selon les recommandations de l’OMS, les séniors doivent pratiquer 150 minutes hebdomadaires d’activité d’endurance d’intensité modérée (marcher, danser, jardiner, ménage…) ou au moins 75 minutes d’activité d’endurance d’intensité soutenue (courir, vélo/nage à vive allure, aérobic…), ou “une combinaison équivalente d’activité d’intensité modérée et soutenue”.
- Diminuer la quantité de calories quotidiennes absorbées : il faut réduire les aliments riches (pizza, burger, chips, pâtisserie…) ou limiter les quantités mangées (par exemple prendre un steak de 120 g au lieu de 150 g). Il est aussi recommandé d’avoir une alimentation équilibrée (légumes, protéines, magnésium...).
- Bien dormir : la qualité du sommeil s’altère lors de la ménopause en raison entre autres des sueurs nocturnes. Or, le manque de sommeil favorise le stockage de la graisses. Il est donc important d’avoir une bonne hygiène de sommeil : se coucher et se lever à la même heure, éviter les écrans avant de se coucher, bannir le café et l’alcool ainsi les repas lourds ou épicé au dîner.
Sources
How Much Postmenopause Weight Gain Can Be Blamed on Weight-Promoting Medications?, NAMS, 15 juillet 2020
Ménopause, INSERM, 16 octobre 2017