Bien choisir sa cigarette électronique pour réussir son sevrage

Une étude publiée dans le Lancet fait beaucoup parler d’elle, car elle montre que la cigarette électronique est aussi efficace que le patch pour arrêter de fumer. Mais en regardant les chiffres de plus près, elle montre surtout que la e-cigarette et le patch ne sont pas plus efficaces qu’un placebo, à savoir la cigarette électronique sans nicotine.Comment comprendre de tels résultats qui vont à l’encontre des études existantes et des données d’observation ? Nous avons demandé des précisions à l’auteur, le Pr Christopher Bullen. Il en ressort que cette étude a été faite avec un modèle dépassé et dans de mauvaises conditions expérimentales. La véritable conclusion est qu’une mauvaise cigarette électronique n’est pas plus efficace qu’un placebo. D’où l’importance de bien choisir les modèles les plus récents, et les plus performants, pour réussir son sevrage grâce à la cigarette électronique.
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Cette étude publiée dans le Lancet (l’une des principales revues médicales), a fait beaucoup parler d’elle, car elle montre une très faible efficacité de la cigarette électronique dans le sevrage tabagique, comparable à celle des patchs à la nicotine (sans aucune différence significative). Les journaux qui ont repris l’information ont au mieux titré que la cigarette électronique était légèrement supérieure au patch, ce qui n’en reste pas moins une déception.

Plus de questions que de réponses

Mais cette étude soulève plus de questions qu’elle apporte de réponses. En effet, de nombreuses études ont montré que les patchs à la nicotine étaient nettement supérieurs au placebo dans le sevrage nicotinique. Pourquoi n’est-ce pas le cas ici ? Par ailleurs les études d’observation et les quelques études expérimentales montrent un fort potentiel de la cigarette électronique pour aider les fumeurs à arrêter de fumer. Pourquoi cette donnée n’est-elle pas retrouvée non plus ?

Un protocole dépassé pour le patch

Concernant le patch, le protocole de l’étude Bullen consistait à donner des bons d’achat aux participants pour obtenir en pharmacie des patchs à 21 mg de nicotine, sans avoir vu au préalable un médecin pour leur expliquer leur bon usage, ni répondre à leurs questions. Ensuite, la dose de patch était la même pour tous les participants qui étaient de gros fumeurs et grillaient en moyenne 18 cigarettes par jour depuis plus de 20 ans. Aujourd’hui on adapte la dose de patch aux signes du manque, certains patients ayant besoin de plusieurs patchs pour être soulagés. Surtout, on associe des formes orales de nicotine, des gommes, des comprimés, des pastilles, des inhalateurs ou des sprays, pour que les patients puissent se soulager de leurs signes du manque dans la journée. On peut par exemple prescrire un patch à 21 mg par jour et des gommes à 4 mg à volonté, ce qui pour 15 gommes par jour nous donne 80 mg de nicotine avec les 21 mg du patch. Cela revient à 4 fois la dose de nicotine que celle prise par les participants de l’étude Bullen. Pis, ceux-ci n’ont été fournis en patchs que pour 3 mois, sans suivi médical, alors que dans la pratique courante, les substituts nicotiniques sont prescrits autant de temps que nécessaire. Ces différences entre les bonnes pratiques cliniques actuelles et le protocole de l’étude, expliquent très simplement pourquoi les patchs n’ont pas été plus efficaces que le placebo dans la publication du Pr Bullen.

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