Ménopause : les troubles du sommeil seraient causés par des produits chimiques

Publié par Sophie Raffin
le 29/07/2020
Maj le
5 minutes
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De nombreuses femmes ménopausées se plaignent d’avoir des difficultés à dormir. Selon une nouvelle étude, ces troubles du sommeil pourraient trouver leur origine dans une exposition à des produits chimiques présents dans de nombreux objets du quotidien : les phtalates.

Nuits agitées et sueurs froides sont des troubles courants lors de la ménopause. Mais il semblerait que leurs apparitions ne s’expliquent pas uniquement par la transition en cours. Selon une étude menée par l’organisation The North American Menopause Society (NAMS), une exposition à diverses substances chimiques trouvées dans des centaines de produits utilisés quotidiennement est associée aux perturbations du sommeil chez les femmes dans la quarantaine. 

Trouble du sommeil : méfiez-vous des phtalates

Jusqu'à 60% des femmes en pleine transition de la ménopause souffrent de troubles du sommeil. Cet élément est plutôt inquiétant puisque les personnes ayant des difficultés à s'endormir courent un plus grand risque de développer une dépression persistante et des soucis de santé importants.

Les scientifiques qui ont publié leurs travaux dans la revue Ménopause, expliquent "Des études antérieures ont montré qu'une telle perturbation du sommeil est le résultat d'une diminution des niveaux d'hormones. L'exposition aux perturbateurs endocriniens (EDC), cependant, est un domaine largement inexploré qui peut aider à expliquer la prévalence accrue des troubles du sommeil chez les femmes d'âge moyen". Ils se sont particulièrement penchés sur les phtalates, utilisés comme plastifiants des matières plastiques. Ils sont présents entre autres dans les emballages alimentaires, les vêtements, les jouets ou encore des amalgames dentaires. Les produits de soins personnels et cosmétiques, en particulier, représentent un domaine d'exposition majeur.

L’équipe rappelle : "une étude précédente a suggéré qu'une exposition accrue aux phtalates provenant des produits de soins personnels augmentait considérablement le risque de bouffées de chaleur. D'autres études ont démontré des associations entre l'exposition aux phtalates et la probabilité de se réveiller la nuit, ainsi que le risque de souffrir de dépression".

Ménopause et  phtalates : un duo dangereux pour le sommeil

Les phtalates sont connus pour perturber les hormones associées au sommeil et à la dépression. Les chercheurs de cette nouvelle étude ont voulu étudier plus précisément l’effet de ces molécules inquiétantes sur la santé des femmes dans la quarantaine. Ils ont pour cela épluché les données recueillies auprès de plus de 760 participantes préménopausées et périménopausées du programme Midlife Women's Health Study. Les résultats suggèrent que la fréquence des perturbations du sommeil est associée aux concentrations urinaires de phtalates. Les auteurs expliquent "c'est la première étude connue à documenter cette association. La relation, cependant, semble complexe, car il a été démontré que d'autres variables, comme le tabagisme, influencent l'effet. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour comprendre pleinement cette association, ainsi que les mécanismes sous-jacents de la façon dont les hormones et l'exposition à l'EDC influencent le sommeil, en particulier chez les femmes quadragénaires". Le Dr Stéphanie Faubion, directrice médicale du NAMS, ajoute : "cette étude soulève des inquiétudes et des questions supplémentaires sur une contribution possible des phtalates aux troubles du sommeil chez les femmes préménopausées et périménopausées”.

Ménopause : d'autres risques mis en lumière

Ménopause : d'autres risques mis en lumière

La même organisation dédiée à l’étude et la prévention des troubles de la ménopause a mis en lumière un autre risque de cette période de vie féminine, début juillet. Elle révélait que 70% des femmes en transition vers la ménopause sont déprimées.

Dans cette recherche portant sur 485 femmes turques ménopausées âgées de 35 à 78 ans, les scientifiques ont voulu déterminer la fréquence des symptômes dépressifs chez les femmes ménopausées, les variables qui l'affectent, ainsi que les niveaux d'anxiété et de peur de la mort. Ils ont ensuite évalué la relation entre toutes ces éléments et la dépression après la ménopause. 41% des participants souffraient d'une forme de dépression. Les chercheurs remarquent que le taux est inférieur à celui d’études précédentes. Mais ils estiment que cette variation peut s’expliquer par l'âge moins élevé de leurs participantes (âge moyen, 56,3 ans).

twitter.com/MenopauseJrnl/status/1278020605682442240

Plusieurs facteurs de risques

Les chercheurs ont identifié les facteurs de risque qui augmentent les risques de faire une dépression à la ménopause : le fait d'être veuve ou séparée de son conjoint, la consommation d'alcool, la prise de médicaments en continu, souffrir d’un handicap physique, une maladie mentale diagnostiquée par un médecin ou encore le fait d'avoir quatre enfants ou plus. Par contre, la peur de mort n’a pas d’incidence. 

"Les femmes et les cliniciens qui les soignent, doivent être conscients que la transition vers la ménopause est une période de vulnérabilité en termes d'humeur", explique le Dr Stéphanie Faubion, directrice médicale du NAMS.

Comment gérer les changements à la ménopause ?

Comment gérer les changements à la ménopause ?

Certaines femmes vivent l’arrêt des règles qui marquent l’entrée dans la ménopause comme une remise en cause de leur féminité. Par ailleurs, l’interruption du fonctionnement des ovaires et la baisse du taux d’œstrogènes entraînent de nombreux changements pour l’organisme. La santé psychologique peut aussi être touchée, comme le montre les études précédemment citées dans notre article. 

Des astuces permettent de gérer au mieux ce passage pas toujours évident. 

  • Avoir une bonne hygiène de vie : pour éviter les problèmes de prise de poids ou de troubles du sommeil plus fréquents à la ménopause, il est recommandé d’avoir une alimentation équilibrée, des horaires réguliers pour les repas et le sommeil, une activité physique plusieurs fois par semaine...
  • Éviter l’isolement : il est facile à la ménopause de se replier sur soi, d’autant plus que certaines femmes sont en préretraite ou à la retraite. Il faut ainsi faire attention à entretenir ses relations avec sa famille et ses amis. Voir régulièrement ses proches, avoir des projets avec eux permettra de garder le moral et une activité.
  • Commencer une nouvelle activité ou se lancer dans un projet : apprendre à peindre ou le yoga, se remettre à la couture délaissée pendant des années. Si vous consacrez quelques heures par semaine à une activité appréciée, cela vous aidera à garder la pêche.
  • Ne pas négliger les rendez-vous annuels avec le médecin ou les dépistages. Avec la baisse du taux d’œstrogènes, les femmes ménopausées ne sont plus protégées contre les maladies cardiovasculaires, le diabète, l’ostéoporose.

Sources

https://www.eurekalert.org/pub_releases/2020-07/tnam-ete072820.php

http://www.menopause.org/docs/default-source/press-release/depression-and-fear-of-death-during-menopause-7-1-20.pdf

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