Pertes vaginales : les maladies qu'elles peuvent cacher

Publié par Sophie Raffin
le 7/06/2019
Maj le
4 minutes
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Les pertes vaginales... Toutes les femmes en ont. Si certains de ces écoulements témoignent de la bonne santé du vagin, d'autres sont le signe d'un dérèglement ou d'une maladie. Comment les différencier ? Quand s'inquiéter ?

Qu'est-ce qu'une perte vaginale ?

Toutes les femmes qui ne sont pas en ménopause, en période d'allaitement ou sous pilule, ont quotidiennement des pertes vaginales plus ou moins abondantes. "Quelques jours après la fin des règles, la glaire ovulatoire commence à être sécrétée. Ce type de glaire est transparent comme du blanc d’œuf et visqueux. Cela dure jusqu'à l'ovulation. Puis du jour au lendemain apparaît la glaire post-ovulation. Au lieu d'être transparente, elle va devenir opaque et glissante", explique le docteur Odile Bagot, médecin gynécologue.

Il s'agit ici de sécrétions naturelles du vagin qui est un organe "auto-nettoyant". Ces leucorrhées physiologiques sont essentiellement constituées d'eau et d'autres substances dont des complexes d'alcools et de glycols. La médecin ajoute : "Il est important que les femmes puissent faire la différence entre leur cycle de pertes vaginales et les pertes anormales".En effet, si ces pertes incolores et inodores témoignent de la bonne santé et de la vie du vagin, d'autres sont de véritables signes d'alarmes.

Pertes de type lait caillé : un signe de mycose ?

Lorsque les pertes ne sentent pas bon, changent de couleurs ou tout simplement que l'entrejambe démange, il s'agit le plus souvent d'une vulvovaginite : une infection du vagin et de la vulve résultant d'un déséquilibre de la flore vaginale.

“Si les femmes ont une sensation de brûlures et des démangeaisons, accompagnées par des pertes blanches faisant penser à du lait caillé et de muqueuses rouges. Ce sont des signes caractéristiques d'une mycose, la manifestation la plus connue de vulvovaginite”, explique le Docteur Odile Bagot. Cette infection est due à un champignon, le candida abicans un hôte naturel du corps.

"Si la femme fait une mycose une ou deux par an et qu'elle connaît les signes, elle peut se rendre chez le pharmacien et demander directement un traitement anti-mycosique. Toutefois, si cela récidive, il faut consulter", précise la spécialiste. D'autant plus que toutes les vulvovaginites ne sont pas des mycoses.

La vaginose : des pertes grisâtres

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La vaginose : des pertes grisâtres

La vaginose, est la seconde vulvovaginite la plus fréquente. "Il s'agit d'une infection vaginale bénigne, qui se développe quand la flore bactérienne est perturbée par une augmentation de son pH. Ce déséquilibre favorise le développement du germe baptisé Gardnerella vaginalis".

Les pertes que provoquent cette infection sont de couleur grisâtre. Toutefois, leurs principales caractéristiques sont leur forte abondance et une mauvaise odeur de poisson pourri. "Les femmes atteintes de cette infection viennent généralement rapidement consulter car elles sont gênées par cette odeur".

Le Streptocoque B : on le traite seulement s'il y a des symptômes

Parmi les déséquilibres de la flore vaginale, on peut aussi avoir une infection avec un streptocoque B. "Les vaginites à streptocoques du groupe B donnent le change avec une mycose : c’est rouge, ça gratte. On découvre sa réelle origine au moment du prélèvement" précise la gynécologue.

Lorsque le germe est détecté, on le traite seulement s'il y a des symptômes. Une seule circonstance conduit à prescrire des antibiotiques pour se débarrasser de ce germe même s'il n'y a pas de symptômes : l'accouchement. "Si on trouve des streptocoques B chez une femme enceinte, on les traite car ce germe est responsable de la terrible septicémie du nouveau-né".

Si entre les pertes abondantes, l'odeur et les démangeaisons, les vulvovaginites sont des infections assez désagréables, elles ne représentent pas de danger pour la santé des femmes à la différence des maladies sexuellement transmissibles qui peuvent avoir de graves conséquences.

Chlamydia : des pertes abondantes

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Chlamydia : des pertes abondantes

Des pertes anormales peuvent aussi être le signe de la présence d'une maladie sexuellement transmissible. Une des plus insidieuses est la chlamydia. "Il y a des pertes – un peu plus abondantes qu'à la normale - sans aucune autre signe associé. Elles ne sont ni malodorantes, ni colorées... ".

La maladie est souvent découverte lors d'un prélèvement vaginal ou urinaire. Or si l'infection se développe et remonte dans les trompes, elle va les abîmer. Cela peut entraîner une stérilité ou des grossesses extra-utérines. Si le diagnostic est établi avant leur arrivée dans les trompes, les chlamydias peuvent être soignées avec des antibiotiques. Il sera également nécessaire de traiter le ou les partenaires de la patiente pour éviter une aggravation de la situation ou une nouvelle contamination.

Trichomonase : des pertes mousseuses

"Si une femme a des pertes mousseuses abondantes jaunes ou vertes dégageant une odeur de moisi et de fortes brûlures, elle souffre de la trichomonase", prévient le docteur Odile Bagot. Il s'agit d'un parasite transmis sexuellement. Il faut absolument chercher d'autres MST car il est souvent accompagné d'une co-infection comme la chlamydia ou le gonocoque.

Les femmes qui ont cette maladie, peuvent aussi ressentir des douleurs lorsqu'elles urinent. Le parasite peut d'ailleurs - dans certains cas - passer dans les voies urinaires et y déclencher une infection.

Gonococcie : des pertes purulentes

La Gonococcie, provoquée par la bactérie gonocoque, se distingue pour sa part par des pertes purulentes. Les patientes ressentent également de fortes brûlures lorsqu'elles vont uriner. Comme la chlamydia, l'infection remonte vers le haut de l'appareil génital (utérus, trompes et ovaires) et peut conduire à une stérilité.

 

Sources

Le docteur Odile Bagot est gynécologue et psychosomaticienne. Elle est aussi l’auteure de "Vagin et cie, on vous dit tout" et de "Ménopause, pas de panique" chez Mango.

On peut la suivre sur le blog et la page Facebook de Mam Gynéco

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