Confinement : les problèmes gynéco à ne pas prendre à la légère

Publié par Sophie Raffin
le 3/04/2020
Maj le
5 minutes
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Des saignements vaginaux, une douleur pelvienne, une grosseur au niveau du sein.... ce n’est pas parce qu’on est en confinement que les problèmes gynéco disparaissent. Comment savoir si ces soucis peuvent attendre la fin de l'épidémie de COVID-19 ou pas ? Quelles sont les douleurs gynécologiques à ne pas prendre à la légère ? On fait le point.

Pendant l'épidémie de coronavirus SARS CoV 2, nous sommes autorisées à aller consulter notre médecin qu'en cas d'urgence. Mais, bloquées chez soi, inquiétées par des douleurs gynécologiques, il est difficile de savoir si on est face à une vraie urgence ou pas ! 

Saignements anormaux + retard de règle : urgence ! 

Si des saignements vaginaux anormaux et importants apparaissent et qu’il y a un retard de règles, il faut rapidement réaliser un test de grossesse. “S’il est positif, il peut s'agir d’une grossesse extra-utérine, mais aussi d’une menace de fausse-couche, moins dangereuse. J’ai eu deux cas cette semaine. C’est une urgence”, explique le Dr Odile Bagot, gynécologue et auteure de Perturbateurs endocriniens, la guerre est déclarée !.

Lors d’une grossesse extra-utérine (GEU), l'ovule fécondé se place hors de la cavité utérine, le plus souvent dans la trompe de Fallope. Cette grossesse dite ectopique peut avoir des graves conséquences si elle est prise en charge trop tard. En effet en grossissant,  l’œuf peut conduire la trompe à se rompre et provoquer une hémorragie interne. Cette pathologie est la première cause de mortalité féminine au 1er trimestre de grossesse.

Il est nécessaire de voir rapidement son gynécologue lorsqu’une grossesse extra-utérine est suspectée. 

Si dans un cas sur cinq, l’œuf est éliminé naturellement par le corps, des soins sont généralement nécessaires. Un traitement médicamenteux à base de méthotrexate permet d'arrêter le développement de l’œuf si celui-ci est encore petit. Si la grossesse est trop avancée, une intervention chirurgicale sera nécessaire pour extraire l'œuf fécondé, et sauver - si possible - la trompe de Fallope dans le cas où il était implanté dedans.

Les saignements abondants en dehors des règles : consultez

Si des saignements vaginaux surviennent alors qu’il n’y a eu pas de retard de règles observé, il faut prendre l’avis d’un gynécologue par téléphone ou mieux visioconsultation. Le médecin estimera alors si une consultation avec examen au cabinet est nécessaire. "Si les pertes de sang sont importantes, c’est-à-dire qu’ils nécessitent des protections hygiéniques toutes les 2 heures pendant plusieurs heures, cela peut être lié à un dysfonctionnement du cycle que connaissent parfois les femmes, surtout celles en périménopause. Il est possible de leur prescrire des médicaments qui stopperont les saignements", indique la gynécologue.

Ces saignements peuvent aussi signaler la présence d’un fibrome, une tumeur bénigne parfois de plusieurs centimètres dans certains cas.

Contactez un gynéco au moindre doute 

Il ne faut pas rester dans l’angoisse face à un saignement vaginal anormal. Si les gynécologues ont annulé les rendez-vous non-urgents pendant le confinement, ils travaillent toujours pour traiter les pathologies urgentes. Il ne faut donc pas hésiter à l’appeler ou demander une téléconsultation

“Pour faire le tri entre les urgences et ce qui peut attendre, la téléconsultation est très utile, même en gynécologique” assure le Dr Odile Bagot, gynécologue. 

L’experte explique “l'entretien permet de souvent d'avoir une idée de ce qu’il se passe, et si une prise en charge est nécessaire”. 

En effet, coronavirus ou pas, certaines pathologies gynécologiques ne peuvent pas attendre la fin de l'épidémie de COVID-19 et du confinement.

Les douleurs pelviennes : prudence !

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Les douleurs pelviennes : prudence !

“Si la patiente ressent une douleur pelvienne profonde violente et spontanée, il peut s'agir d'une torsion d'un kyste de l'ovaire”, met en garde la praticienne. Son conseil : appeler son médecin. En fonction des signes décrits et présent, il indiquera si cette pathologie peut être suspectée. Il orientera alors vers les urgences. 

“Si la femme ressent une pesanteur ou une douleur chronique au bas-ventre depuis quelques jours, on peut soupçonner une salpingite”. C’est-à-dire une infection au niveau des deux trompes. "Lors de la téléconsultation, on pourra prescrire une prise de sang ou un prélèvement bactériologique. Ce sont deux examens peuvent se faire en laboratoire, pour confirmer les suspicions". 

Une masse au sein doit alerter

Voir sa mammographie de contrôle annulée pour cause de confinement n’est pas forcément dramatique. Toutefois, il ne faut pas hésiter à profiter du temps libre “offert” par le confinement pour faire une autopalpation de ses seins. “Si on remarque une grosseur, il faut appeler son médecin. Il prescrira une mammographie urgente pour vérifier qu'il ne s'agisse pas d'un cancer du sein”. 

Cette grosseur peut être une tumeur. Si elle se révèle être cancéreuse, une prise en charge rapide améliore le pronostic de la patiente. Il ne faut donc pas attendre la fin du confinement pour se faire diagnostiquer en cas de doute.

Mycose, contraception, accident de pilule : la solution de la pharmacie

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Mycose, contraception, accident de pilule : la solution de la pharmacie

Sensation de brûlure au niveau de la vulve, perte blanchâtre… C’est une vulvo-vaginite. “Il est possible d’aller demander conseil à son pharmacien. Des traitements sont disponibles sans ordonnance. Toutefois, il faut demander des ovules et une crème pour plus d’efficacité. Cette automédication permettra de soigner sans attendre la fin du confinement.

Par ailleurs, en cas d’oubli de pilule ou préservatif, la pilule du lendemain est disponible sans ordonnance en pharmacie, comme contraception d’urgence.

De même, les pharmaciens peuvent vous fournir votre pilule, même si l'ordonnance a expiré. “C’est une solution. Toutefois, je conseille plutôt à mes patientes de faire renouveler leur contraception grâce à la téléconsultation. Cela leur évitera de devoir le faire à la fin du confinement. Les rendez-vous risquent de bouchonner à ce moment-là”.

twitter.com/Egal_FH/status/1240199844985069569

Sources

Merci au Dr Odile Bagot, gynécologue et auteure de Perturbateurs endocriniens, la guerre est déclarée !.

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