Faut pas pousser !

Rappel des faits au cas où l'affaire Outox vous aurait échappé.

C'est une "boisson rafraichissante, légèrement pétillante aromatisée "tutti frutti" qui accélère la baisse naturelle du taux d'alcool et prévient les lendemains difficiles".

Elle est composée d'eau gazéifiée, de fructose, d'acidifiants (acide citrique, acide malique) d'antioxydant (acide ascorbique), d'arôme, de stabilisateurs (E414, E445), et de colorants (E160a, E160e).

Lorsque Outox a été lancé, au printemps dernier, ce fut une levée justifiée de boucliers de toutes les instances qui luttent contre l'alcoolisme. Cette boisson était alors commercialisée sur Internet et un lancement était prévu en Bretagne (région où la mortalité par alcoolisme chez les hommes est la plus élevée).

Outox a été sommé par la Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes (DGCCRF) de fournir une étude scientifique prouvant ses allégations.

Ce qui était assez logique car on peut se demander comment de l'eau, du sucre, des acides présents dans les fruits (le citrique dans le citron, le malique dans les pommes et d'autres fruits), de la vitamine C (acide ascorbique) peuvent faire baisser l'alcoolémie. Des journalistes, comme ceux de Rue 89, avaient expérimenté Outox : ils n'avaient pas vraiment ressenti d'effets positifs, et leurs alcootests l'avaient démontré.

L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) a examiné cette étude et a rendu son verdict il y a quelques jours, renvoyant Outox dans les cordes. Reproches sur la méthodologie de l'étude, protocole discutable, statistiques critiquables. De plus, la synthèse des données scientifiques actuelles (invoquées dans l'étude d'Outox) ne prouve pas que la conjonction du fructose et de la vitamine C a un effet sur l'élimination de l'alcool.

Donc, selon l'ANSES, les allégations de baisse de l'alcoolémie ne sont pas prouvées et quand ça n'est pas prouvé scientifiquement, on ne peut pas les inscrire sur l'étiquette d'un produit.

La Sté Outox n'est pas du tout d'accord sur ces conclusions. On peut la comprendre : elle défend son bifteck liquide. Sinon, privée de ce créneau marketing, Outox est une boisson gazeuse, plus ou moins énergtique comme il en existe déjà pas mal !

Mais là où elle pousse un peu loin, c'est qu'elle déclare que l'ANSES "n'a pas compétence pour statuer" sur son produit et que "le gouvernement se trompe de cible" en préférant "s'attaquer à un safety-drink (…) plutôt qu'à l'alcool lui-même".

Commercialiser une boisson qui prétend accélérer la baisse de l'alcool dans le sang, ça n'est pas encourager à en boire ? Et surtout les jeunes naïfs qui vont avaler le verre de trop puis un Outox soi-disant salvateur, et qui se retrouveront dans une voiture fracassée un moment plus tard.

Le libéralisme, c'est bien mais un peu d'éthique, ça ne ferait pas quand même pas de mal.

Paule

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