Audition déficiente : éviter la souffrance sociale et psychologique

La Journée Nationale de l’Audition 2016 a eu lieu le 10 mars dernier. L’occasion de rappeler que la déficience auditive peut s’accompagner d’une souffrance sociale et psychologique, et déstabiliser une vie sociale et professionnelle. L’image de soi prend un sérieux coup. Pourtant, un réseau de spécialistes est là pour diagnostiquer, accompagner le deuil de l’"ouïe d’avant" et favoriser le retour une vie la plus normale possible.  
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Audition : entendre moins bien, une "barrière relationnelle"

A 65 ans, 30% des personnes sont devenues "dures d’oreille" ; on parle de presbyacousie, soit la diminution de l’ouïe avec l’âge ou la conséquence des agressions sonores trop intenses et répétées. La baisse de l’audition, lorsqu’une partie plus ou moins importante des cellules sensorielles (ciliées) de l’oreille interne sont détruites de façon totale et irréversible, touche quant à elle 4,5 millions de personnes en France, soit 7 % de la population. Pour 89% des personnes interrogées dans un sondage JNA/Ifop 2014, les difficultés auditives impactent la vie sociale*. En effet, lorsque la déficience auditive n’est pas détectée à temps, les adultes sont fragilisés dans leur vie sociale et professionnelle et le déclin cognitif s’accélère chez les seniors.

Pour tous, l’altération de l’ouïe est un élément de déséquilibre affectant l’état général de l’individu et sa qualité de vie (limitation des activités sociales, rapports familiaux perturbés, risque de rupture de communication etc.). Le niveau de souffrance est variable, propre à la sensibilité de chacun et dépend de divers facteurs (si le cercle familial inclut déjà des malentendants, si la surdité est cachée, s’il existe des maladies associées)

Marisol Touraine, Ministre des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes, interrogée par les JNA en 2015 : « Presque une personne atteinte de surdité sur deux fait état de souffrance psychologique. Face à cette détresse, l’appareillage auditif ne permet pas de corriger tous les problèmes. Elle [cette souffrance, ndlr] nécessite d’être prise en charge aussi précocement que possible. »

Audition déficiente : chez les actifs, une vie professionnelle fragilisée

Les jeunes seniors et les actifs d’aujourd’hui sont les jeunes d’hier. Ceux qui ont connu les walkmans, l’absence de législation concernant les bruits en discothèquesetc. Ce sont aussi, et de plus en plus, les jeunes d’aujourd’hui. La musique "amplifiée" et la pollution sonore actuelle qui va crescendo est en train de fabriquer une génération de malentendants. Mais ce sont aussi ceux qui se disent gênés par un niveau sonore trop élevé dans leur environnement professionnel (" fréquemment" et "souvent" chez 31% d’entre eux) *. Globalement, neuf personnes sur dix se disent exposées tous les jours à un bruit excessif et 81% des 18-35 ans sont gênés par le bruit sur leur lieu de travail**.

Dès que le niveau d’exposition quotidienne au bruit atteint 80dB pendant 8h, des protections doivent être fournies au salarié. En théorie et à condition de ne pas s’en séparer ! Soumis à des pressions constantes, l’appareil auditif subit un état permanent de stress accélérant sa dégradation vers la déficience auditive.

Dr Didier Bouccara, médecin ORL, Groupe Hospitalier Pitié-Salpêtrière (Paris) : « Chez l’enfant et l’adolescent, une baisse de l’audition entrave la vie sociale mais aussi les apprentissages. Chez l’adulte actif, elle altère non seulement la qualité de la vie sociale et familiale mais aussi professionnelle. Mal entendre entraîne alors une dégradation de l’état de santé général et son cortège d’impacts psychologiques (crainte de performances moindres, de perdre son poste ou de ne pas entendre venir le danger, détresse liée à une dégradation de l’image de soi, risque de troubles anxio-dépressifs etc.).

Les conséquences sont loin d’être négligeables avec un risque accru d’accidents du travail, de retombées sur la cellule familiale (risque de rupture, perte de l’emploi et les difficultés économiques qui s’ensuivent etc.).

Le trouble de l’audition est la troisième cause de maladie professionnelle en France (1). La reconnaissance du statut de travailleur handicapé permet une prise en charge médico-sociale, en particulier dans les grandes entreprises. »

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Source : Pour en savoir plus : www.journee-audition.org
*Références sondages JNA ISPOS 2011-2012-2015 ; ** Enquête Journée nationale de l’Audition 2016
(1) www.travailler-mieux.gouv.fr/Bruit-en-milieu-de-travail.html
D’après un entretien avec le Dr Didier Bouccara, médecin ORL, Groupe Hospitalier Pitié Salpêtrière (Paris) et la documentation fournie par les JNA www.journee-audition.org