Allergies : certains traitements risquent de ne plus être remboursés

Les autorités françaises envisagent de dérembourser les traitements de désensibilisation destinés aux allergies. Une décision qui inquiète les représentants de la profession médicale.
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Les allergologues montent au créneau pour défendre leurs patients. Leur inquiétude : que les traitements de désensibilisation des allergies ne soient plus remboursés. C'est, en effet, la proposition de la Haute Autorité de Santé (HAS), qui pourrait être acceptée par le ministère de la Santé. Dans un communiqué, la Fédération Française d'Allergologie s'en indigne

En France, environ une personne sur cinq souffre d'allergie. Selon l'allergène à l'origine des manifestations, des traitements peuvent être proposés. Ils consistent à modifier la réponse immunitaire – défaillante – afin de réduire la sensibilité du patient, voire l'éliminer. Deux voies sont possibles : sublinguale ou injectable.

Des traitements peu efficaces

Plusieurs laboratoires permettent de produire ces traitements de désensibilisation qui sont pris en charge par l'Assurance maladie à hauteur de 65 %. Mais ce remboursement est menacé.

Le Collège de la Haute Autorité de Santé s'est, en effet, penché sur l'efficacité de ces traitements préparés en fonction des besoins de chaque patient. A cause de cette approche individualisée, les essais cliniques sont d'une qualité médiocre, observent les experts.

Non seulement les études sont restreintes, mais elles livrent en plus des conclusions variables. "A ce jour, il n'existe pas de critères d'évaluation clinique spécifiques aux APSI", observe le Collège qui constate "une efficacité des APSI faible mais mal démontrée".

Le constat est sévère et ne s'arrête pas là. Les experts de la HAS ajoutent que des alternatives thérapeutiques existent. Au vu du "faible" poids de la rhinite allergique sur les comptes de la Sécurité sociale, le maintien du remboursement à 65 % n'est pas justifié, aux yeux de l'autorité sanitaire.

Une médecine à deux vitesses

Il est donc proposé que les traitements de désensibilisation par voie sublinguale soient pris en charge à hauteur de 15 %. Ceux par voie injectable devraient, tout simplement, être déremboursés.

Les allergologues voient le problème d'un autre œil. La désensibilisation reste, à ce jour, "le seul traitement capable de modifier l'allergie durablement pour la faire disparaître", souligne la FFA dans un communiqué.

Alors que la moitié de la population risque de souffrir d'allergies d'ici 2050, cette approche pourrait permettre de réelles économies pour l'Assurance maladie. Car si les rhinites allergiques ont peu de conséquences directes, les crises d'asthme sont un poste de dépense majeur. Et selon les spécialistes, "40 % des patients suivis n'auront plus accès à leur traitement."

Vidéo : La rhinite allergique expliquée en vidéo

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Source : Communiqué de presse de la Fédération Française d'Allergologie, 6 février 2018
Communiqué du Syndicat français des allergologues, consulté le 7 février 2018
Projet de recommandation sur les allergènes préparés spécialement pour un individu, Haute Autorité de Santé, 13 décembre 2017