Voyageurs : quand faut-il prendre un traitement contre le paludisme ?

On recommande systématiquement aux "voyageurs exotiques" un traitement prophylactique contre le paludisme. Mais au final, peu de personnes se plient à cette recommandation. Est-ce vrai qu'il est contraignant et qu'il s'accompagne d'effets secondaires ? Le Pr Olivier Bouchaud nous renseigne sur ces questions essentielles de la prévention du paludisme.

La plupart des personnes se demandent si ce traitement est vraiment adapté à leur cas : visite d'un pays peu ou moyennement endémique, séjour de courte durée (2 ou 3 semaines), séjour en période sèche, protection contre les moustiques, conditions de séjour "aseptisées" (hôtel, circuit organisé, alimentation occidentalisée…), etc. Ces considérations sont-elles justifiées ?

Pr Olivier Bouchaud : Oui en grande partie, car il faut évidemment tenir compte du risque donc du pays, de la saison et de la durée d'exposition.

En résumé, il faut retenir qu'il y a toujours besoin de se protéger des piqûres de moustiques et qu'il existe différentes zones géographiques. Selon les dernières recommandations sanitaires des autorités de santé « aucun moyen préventif n’assure à lui seul une protection totale. Il convient donc d’insister sur la nécessité de l’observance simultanée d’une protection contre les piqûres de moustiques associée à la chimioprophylaxie », terme médical désignant un traitement médicamenteux préventif. Par ailleurs, « aucun produit n’étant toujours parfaitement toléré, il peut être admissible, pour des personnes autonomes et bien informées, pour des séjours inférieurs à sept jours, dans une zone à très faible transmission et correctement médicalisée, d’avoir recours à la seule protection contre les moustiques ».

La plupart des personnes rechignent à prendre un traitement, car il est contraignant (prise quotidienne, avant, pendant et après le séjour) et surtout, car il peut induire des effets secondaires très importants pouvant gâcher le séjour. Est-ce exact ?

Pr Olivier Bouchaud : Tout médicament peut donner des effets secondaires, les antipaludiques aussi, mais ils sont généralement assez bien tolérés. Le Lariam® n'a pas toujours bonne réputation à cause du risque d'effets indésirables neuropsychiatriques, mais dont la fréquence a été exagérée. Le problème est qu'on attribue volontiers au médicament que l'on prend (et qui gêne quelque part !) toute manifestation gênante qui se présente alors que c'est loin d'être le cas à chaque fois.

Quel que soit l’antipaludique prescrit, sa prise est conseillée au cours d’un repas. Mais dans tous les cas, la prophylaxie doit être poursuivie après la sortie de la zone d’endémie pour une durée variable selon le médicament employé : Nivaquine®, Paludrine®, Savarine®, Nopalu®, Lariam®, Doxypalu®.

Faut-il une prescription médicale pour acheter des médicaments antipaludiques ? Sont-ils remboursés par la Sécurité sociale ? Pourquoi sont-ils si chers ?

Pr Olivier Bouchaud : La prescription médicale est obligatoire. Depuis 2000, les pharmaciens n'ont plus le droit de les délivrer sans ordonnance. Ils ne sont pas remboursés par la Sécurité sociale, ce qui pose un problème, car les voyageurs peu fortunés ne peuvent pas toujours les payer surtout pour un séjour prolongé.

Pourquoi sont-ils si chers ? Parce qu'en l'absence de remboursement, les prix sont fixés par les laboratoires selon des critères de rentabilité...

Toute fièvre au retour des tropiques, quels que soient les symptômes associés, doit être considérée a priori comme pouvant être d’origine palustre et nécessite une consultation en urgence.

* Le Pr Olivier Bouchaud est chef du service des maladies infectieuses et tropicales de l'hôpital Avicenne (Bobigny) et vice-président de la Société de médecine des voyages. Il a également supervisé la réalisation du guide Vidal grand public : "Le guide de la santé en voyage".

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