Vertiges, maladie de Menière : les traitements

Publié par Laurène Levy
le 14/11/2018
Maj le
4 minutes
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La maladie de Menière touche l’oreille interne et se manifeste par des vertiges, une baisse de l’audition et des bourdonnements d’oreille appelés acouphènes. Quels traitements et techniques de soins existent pour soulager ces symptômes ? E-santé fait le point sur la prise en charge de cette maladie, avec les explications du docteur Didier Bouccara, médecin ORL.

Crises de vertiges d’au moins 20 minutes, baisse de l’audition et acouphènes : ces trois symptômes sont caractéristiques de la maladie de Menière. Mais "les causes de la maladie de Menière sont encore inconnues ; il est donc impossible d’agir directement sur ses facteurs, déplore le docteur Didier Bouccara, médecin ORL à l’Hôpital Européen Georges Pompidou (Paris). L’hypothèse la plus probable est cependant celle d’une augmentation de pression du liquide de l’oreille interne qui régule à la fois l’audition et l’équilibre."

Traitement de fond et traitement de crise

Mais alors comment soulager cette maladie qui invalide les personnes qui en souffrent ? Il n’existe pas de traitement curatif, c’est-à-dire qui guérisse la maladie de Menière de façon définitive. Cependant, il existe plusieurs médicaments ou techniques de soins qui soulagent les symptômes et permettent donc aux patient·e·s de mieux vivre avec la maladie.

"Avant de traiter une personne qui souffre de la maladie de Menière, il faut déjà s’assurer que le diagnostic est bien posé. Pour cela on réalise le plus souvent une IRM ou un scanner pour éliminer d’autres maladies telles qu’une tumeur du cerveau ou des nerfs auditifs" note le docteur Bouccara. Puis, si ce type de pathologie est écarté et que le diagnostic de la maladie de Menière est confirmé, les médecins prescrivent un traitement de fond le plus souvent à base de bétahistine. "Ce traitement a pour but de diminuer la fréquence et l’intensité des crises de vertige et pourra être prescrit pendant plusieurs mois" précise le médecin. 'L’acétyl-leucine, commercialisée sous le nom de Tanganil® et administrée par voie orale ou par voie veineuse, sera également prescrite pour calmer les vertiges en cas de crise" ajoute-t-il.

Alimentation et gestion du stress

En parallèle, la personne souffrant de la maladie de Menière recevra des recommandations pratiques de la part de son médecin : "Diminuer le sel dans l’alimentation sans pour autant devoir s’astreindre à un régime sans sel, réduire la consommation d’alcool, de café et de tabac" détaille le docteur Bouccara. Enfin, "si le stress et l’anxiété constituent un facteur déclencheur des symptômes, une prise en charge psychologique pourra également être proposée" relève le spécialiste. Des méthodes de gestion du stress comme la pratique du yoga, de la relaxation ou de la méditation pourront également être bénéfiques.

Rééducation vestibulaire si les symptômes persistent

Mais que faire si les symptômes persistent toujours malgré ces traitements et ces recommandations ? Une première piste consiste à effectuer une rééducation vestibulaire chez un·e kinésithérapeute spécialisé·e. Cette technique consiste en plusieurs exercices permettant de rééduquer l’équilibre en forçant le corps à utiliser d’autres mécanismes pour compenser l’atteinte de l’oreille interne due à la maladie de Menière.
Autre solution à envisager : « celle d’associer un diurétique (Diamox® ou Lasilix®) au traitement à base de bétahistine » rapporte le docteur Bouccara. Et si ces médicaments n’apportent toujours pas de résultats probants, il sera possible de réaliser une injection de cortisone à travers le tympan pour diminuer l’intensité des vertiges.

La solution chirurgicale dans moins de 1% des cas

Enfin, dans les cas les plus récalcitrants, les médecins proposeront de détruire les cellules de l’oreille interne par injection de gentamicine, un antibiotique, ou par une chirurgie qui consiste à couper le nerf de l’équilibre.

"Ces techniques ne sont envisagées que lorsque les vertiges se révèlent invalidants au quotidien et que les traitements restent inefficaces, ce qui représente probablement moins de 1% des cas" observe le docteur Bouccara. Malgré leur caractère extrême en apparence, ces techniques sont une éventualité à discuter si l’affection est invalidante pour le ou la patient·e. L’injection de gentamicine est en général bien tolérée après une possible phase d’adaptation et la chirurgie comporte des risques faibles quand elle est réalisée par des opérateurs spécialisés en la matière et "à condition que le diagnostic ait bien été posé, que la maladie ne touche qu’une seule des deux oreilles et que le nerf facial et le nerf auditif qui se situent à proximité du nerf de l’équilibre soient bien préservés" précise le spécialiste.

Malgré l’arsenal thérapeutique développé pour lutter contre cette pathologie, la maladie de Menière et ses mécanismes biologiques restent mal connus. Il est cependant rassurant de constater que "son évolution naturelle va en général vers une cessation durable des vertiges, l’audition étant malheureusement altérée" constate finalement le médecin ORL.

Sources

Merci au docteur Didier Bouccara, médecin ORL à l’Hôpital Européen Georges Pompidou (Paris)

La maladie de Menière - Encyclopédie Orphanet, septembre 2007 

Recommandation pour la Pratique Clinique : Stratégie diagnostique et thérapeutique dans la maladie de Menière – Société Française d’Oto-Rhino-Laryngologie et de Chirurgie de la Face et du Cou. 

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