Le stretching est-il ringard ?

Le stretching divise profondément la communauté des spécialistes du sport. Incontournable pour les uns, inutile pour les autres.
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On assiste aujourd’hui à un spectaculaire revirement d'opinion dans la communauté scientifique, selon lequel les étirements ne serviraient pas à grand‑chose. Imaginez votre dentiste qui vous dit : brossez-vous les dents si cela vous chante, mais ne croyez pas que cela protège des caries. Pourtant cette conclusion s'impose à la lecture de nombreux travaux consacrés à l'impact réel des assouplissements sur les blessures. En termes de probabilité, le stretching avant l'effort ne sert quasiment à rien. Pire, il se pourrait qu'il augmente les risques. En anesthésiant les terminaisons nerveuses indispensables pour la mise en place de boucles réflexe, il rendrait la musculature moins "vigilante". On le soupçonne aussi de diminuer de 4 à 7% la force du muscle. Evitez donc ce genre de séance avant un sprint, un saut ou un lancer.

Le stretching, une mauvaise manière de s'échauffer ?

De fait, il faut veiller à toujours débuter un effort progressivement. La température interne du muscle s'élève ainsi graduellement, produisant un phénomène de vasodilatation qui garantit l’oxygénation des cellules musculaires. Or, l'étirement produit l'effet inverse : il interrompt la circulation dans les capillaires. Pour bien s'échauffer, il faut donc trottiner, faire des contractions contre une petite résistance et augmenter progressivement la vitesse de contraction en faisant, par exemple, des grandes rotations avec les bras, plutôt que de sacrifier à des étirements contre-productifs.

Et le stretching après l'effort ?

Après l'effort ou à distance de celui-ci, le bénéfice du stretching ne fait toujours pas l'unanimité. Il y a quelques années, des chercheurs ont procédé à une large revue de littérature où ils compilèrent des études qui concernaient plus de 3000 personnes. Résultat: selon cette étude, il faudrait une séance d'étirements bien faits tous les 2 jours pendant 23 ans pour que le risque de claquage diminue! Quant aux vertus préventives du stretching contre les courbatures auxquelles beaucoup d'athlètes croient dur comme fer, elles ne reposent sur aucune observation scientifique irréfutable. Au contraire! Il semble que l'instauration d'une grande tension au sein du muscle en phase de récupération aura tendance à diminuer sa vascularisation par compression des capillaires.

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Source : Ziltener J‑L, Allet L., Monnin D. Le stretching, un mythe… et des constats. Journal de Traumatologie du Sport, vol 22, n°2, 2005