Rosacée : quels traitements pour s'en débarrasser ?

Publié par Audrey Vaugrente
le 14/02/2018
Maj le
6 minutes
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Des joues rouges, couvertes de vaisseaux éclatés. La rosacée est une maladie qui s'expose aux yeux de tous. Alors qu'elle touche plus d'un million de Français, elle fait l'objet de nombreuses idées reçues.
Les symptômes ne sont pourtant pas irrémédiables. Explications avec le Dr Marc Perrussel, dermatologue au CHU de Rennes (Ille-et-Vilaine).

L'hygiène de vie à adapter

Comme de nombreuses maladies de peau, la rosacée ne s'attaque pas à tous de la même façon. Sur les 2 ou 3 % de la population touchés, les peaux claires sont bien plus nombreuses à en souffrir tout comme les femmes.

Historiquement, les symptômes ont été associés – à tort – à un abus chronique d'alcool. Une réputation aux lourdes conséquences psychologiques pour les malades. "L'alcool est un facteur aggravant, il n'induit pas la rosacée", souligne le Dr Marc Perrussel, membre du Syndicat national des dermatologues-vénérologues.

En réalité, de nombreux composants de l'hygiène de vie aggravent la maladie, sans pour autant en être la cause. Les évacuer permet de limiter les poussées de rosacée. "Il faut éviter les excitants, comme le café, le tabac ou l'alcool et tout ce qui entraîner une réaction post-prandiale excessive", liste le dermatologue rennais.

Ainsi, mieux vaut bannir certains aliments comme le foie, les laitages  mais aussi le chocolat ou encore les épices au goût trop prononcé. Ces aliments ont un point commun : ils ont un rôle sur la vasomotricité, à l'origine des flambées.

De manière générale, "essayez de déterminer si un aliment déclenche chez vous une poussée et évitez-les", recommande l'Assurance maladie. Il en va de même pour les activités sportives : l'idéal reste de limiter les exercices intenses.

Climat : éviter le soleil, le chaud et le froid

Certaines conditions climatiques favorisent les poussées de rosacée. C'est le cas du chaud, qui exacerbe les symptômes, mais aussi du froid. En effet, les passages brutaux du chaud au froid en hiver ont tendance à provoquer l'apparition des rougeurs. Il est possible d'éviter cela en se couvrant le visage et le nez à l'aide d'une écharpe.

"Le soleil est un autre facteur important" à prendre en compte, souligne le Dr Marc Perrussel. Les UV ont en effet tendance à aggraver la rosacée. Un conseil simple permet d'en limiter l'impact : porter un chapeau à larges bords, des lunettes de soleil et utiliser de la crème solaire.

Maquillage : utiliser les bons produits

La rosacée est une maladie un peu trop visible. Logiquement, les personnes qui en souffrent tentent d'en masquer les traces. Mais des gestes malheureux peuvent aggraver les manifestations. Car tous les produits ne se valent pas pour prendre soin de sa peau.

Les cosmétiques alcoolisés sont à bannir, car ils agressent un épiderme déjà fragilisé. De même, mieux vaut éviter les savons – qui décapent – au profit de gels ou pains dermatologiques, plus doux.

Enfin, pour ce qui est du maquillage, les poudres et les fonds de teint gras ne doivent pas être utilisés. Mieux vaut se rendre en parapharmacie, où des dermo-cosmétiques non comédogènes – qui ne bouchent pas les pores de la peau – sont disponibles. Ces produits permettront de cacher les rougeurs de la rosacée sans faire dégénérer la maladie.

Des antibiotiques et anti-inflammatoires

Plusieurs formes de rosacées existent : pustuleuse, vasculaire ou hypertrophique. A chacune correspond un ensemble de traitements. "La prise en charge commence par le traitement de la forme pustuleuse, précise le Dr Marc Perrussel. Il faut toujours calmer cette phase avant de s'attaquer à la forme vasculaire."

Traiter les pustules, cela signifie limiter l'apparition des lésions cutanées mais aussi prévenir leur apparition. Pour cela, plusieurs médicaments peuvent être utilisés, à commencer par la doxycycline. Cet antibiotique  est utilisé, non pour son action antibactérienne, mais pour ses vertus anti-inflammatoires.

A ce traitement général peut s'ajouter une approche locale : le recours au métronidazole en crème ou en gel. Cet antibiotique a la particularité de s'attaquer au Demodex folliculorum, un parasite qui a tendance à provoquer les papules de la rosacée. En complément, "la brimonidine s'applique chaque matin car elle a un effet vasoconstricteur, complète le Dr Perrussel. Mais un patient sur deux souffre d'une intolérance cutanée."

Deux autres molécules complètent la stratégie anti-pustules : l'acide azélaïque topique, qui n'est pas remboursé, et l'ivermectine.

Le laser pour réparer les vaisseaux dilatés

Une fois les pustules et papules traitées, la prise en charge de l'aspect vasculaire de la rosacée peut commencer. Pour cela, les dermatologues ont recours à un traitement au laser. "Il a pour effet de détruire les vaisseaux dilatés par la rosacée", explique le Dr Marc Perrussel. Les formes hypertrophiques bénéficient aussi de ce traitement.

Grâce à ce traitement, les rougeurs s'estompent, en 3-4 séances en moyenne. Les récidives seraient aussi limitées par le laser. Mais aux yeux de l'Assurance maladie, cette prise en charge est avant tout "à visée esthétique". Elle n'est donc pas remboursée.

Les corticoïdes : à fuir absolument

Appliqués sur le visage, les corticoïdes peuvent avoir deux effets indésirables : aggraver une rosacée existante, ou déclencher une affection de ce type. C'est pourquoi le recours à ces crèmes doit rester limité dans le temps et réservé à certains cas.

La chirurgie en dernier recours

Dans les formes les plus sévères de rosacée – dites hypertrophiques – le visage se déforme. La peau s'épaissit considérablement, à tel point que les médicaments locaux ne font plus effet. La zone touchée est rouge et gonflée, les pores se dilatent et le sébum est produit en importantes quantités. C'est ce qu'on appelle le rhinophyma.

Environ 5 % des patients souffrent de tels symptômes, qui touchent principalement la pointe du nez. Face à ces cas sévères, une seule solution existe : la chirurgie. "Elle permet de récupérer des complications avancées de la rosacée", explique le Dr Marc Perrussel.

Réalisée sous anesthésie locale ou générale, l'intervention consiste à retirer l'excès de peau au bistouri ou par électro-coagulation. Le pansement posé par la suite tombe une fois la cicatrisation terminée.

L'isotrétinoïne pour les formes résistantes

Certaines formes de rosacée sont particulièrement coriaces et ne répondent pas aux autres traitements. Dans ce cas, l'arme ultime peut être utilisée. "On a recours à l'isotrétinoïne  pour calmer les poussées", confirme le Dr Perrussel.

Mais ce médicament fait l'objet d'un protocole de soins précis. Toute initiation de traitement doit être réalisée par un dermatologue et un suivi annuel est exigé. Les ordonnances ne peuvent être établies pour plus d'un mois et le médicament doit être délivré dans les 7 jours. Après quoi, le document n'est plus valable.

L'isotrétinoïne est un médicament hautement tératogène, c'est-à-dire qu'il provoque des malformations sur le fœtus en cas de grossesse. Les malades de sexe féminin sont donc obligées de prendre une contraception efficace tout au long du traitement, mais aussi de présenter un test de grossesse négatif avant la prise du médicament et à chaque renouvellement.

Par ailleurs, un suivi psychologique peut être nécessaire car quelques cas de suicide ont été signalés. Un suivi renforcé a été instauré par mesure de précaution. Pour ces raisons, le médicament est une arme de dernier recours.

Sources

Couperose et rosacée, Dermato-info.fr

Le traitement de la rosacée, Assurance maladie

Rosacée : le suivi médical et les bons réflexes au quotidien, Assurance maladie

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