CMV : pourquoi il ne faut pas lécher la cuillère d'un bébé si vous êtes enceintes

Une étude menée par le Haut Conseil de la Santé Publique (HSCP) met en garde contre l'infection au cytomégalovirus (CMV), un virus très discret et pourtant très nocif chez la femme enceinte et chez le nouveau-né. Il se transmet notamment par la salive.
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Lécher la cuillère ou la tétine d'un bébé, lui faire un bisou sur ses joues larmoyantes, ou finir le repas d'un enfant de moins de trois ans, voilà des gestes pourtant habituels chez les mamans. Mais chez les mamans à nouveau enceintes, ces habitudes représentent un risque. Ainsi, une étude publiée par le Haut Conseil de la Santé Publique (HSCP) le 17 décembre 2018 révèle que ces comportements peuvent favoriser la transmission du cytomégalovirus (ou CMV) du jeune enfant vers la femme enceinte.

50 cas graves par an chez les nouveaux nés en France 

Il s'agit d'un virus qui peut provoquer des pathologies chez le fœtus. 3500 infections mère-enfant ont lieu chaque année, avec environ 50 cas graves recensés par an en France : déficience intellectuelle, troubles moteurs, surdité, cécité, surdité etc.

Ce virus, très discret, car les symptômes passent souvent inaperçus chez les adultes ou peuvent être confondus avec un état grippal (maux de têtes, fièvre, courbature, fatigue...), se transmet par la salive, les larmes, les urines et les sécrétions génitales. En France, environ 50% de la population est porteuse de ce virus. Après avoir été infecté par le virus, il peut être réactivé tout au long de la vie, l'immunité n'est jamais parfaite. Il est particulièrement nocif chez la femme enceinte car le CMV est capable de franchir facilement la barrière placentaire pour aller infecter le fœtus.

Des mesures d'hygiènes facile à prendre

Dans son communiqué, le HCSP actualise les mesures de prévention à prendre pour éviter l'infection par le CMV :

  • ne pas embrasser le bébé sur la bouche ;
  • ne pas partager l'assiette, la bouteille ou aliment avec l'enfant ;
  • réserver des objets pour la toilette aux bébés ;
  • éviter de toucher un pyjama mouillé avec les mains ;
  • se laver les mains après les changes.

"Multiplier et diversifier les modalités d'information des femmes"

Effectivement, de nombreuses femmes n'ont jamais entendu parler du CMV. "Les mesures d'hygiène, pourtant si simples, sont largement méconnues à la fois des professionnels de santé et du grand public, et donc très mal appliquées en France" explique le HCSP. Le Haut Conseil recommande donc de sensibiliser la population sur les précautions à prendre et demande de "multiplier et diversifier les modalités d'information des femmes."

Le HCSP rappelle qu'aujourd'hui, aucun traitement n'est disponible ni en prénatal, ni chez le nouveau-né asymptomatique. La plupart des nouveau-nés infectés asymptomatiques à la naissance ne développeront pas de handicap, seuls 10% pourront développer une surdité jusqu’à l’âge de 5 ans. Ainsi, le Haut Conseil recommande : 

  • de diffuser largement les informations sur ces mesures d’hygiène par tous les canaux (professionnels de santé, campagnes de communication.) ;
  • de ne pas dépister l’infection à CMV, ni chez la femme enceinte ni chez le nouveau-né ;
  • de renforcer le repérage de ces infections chez la femme enceinte et le nouveau-né, et en particulier en cas de test douteux d’une seule oreille lors du dépistage néonatal systématique de la surdité.
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Source : Le Haut Conseil de de la Santé Publique, La prévention de l’infection à cytomégalovirus chez la femme enceinte et chez le nouveau-né, 17 décembre 2018