Notre longévité est-elle dépendante de nos chromosomes?
Ce que l'on suppose sur la longévité
Dans l'état actuel de nos connaissances, la durée de vie maximale d'un être humain est de l'ordre de 150 ans. Ce chiffre théorique est très aléatoire, puisqu'il dépend également de l'environnement. Cependant, la présomption qu'il existe des facteurs génétiques de longévité n'est pas nouvelle. Il est bien des familles où les nonagénaires sont plus nombreux qu'ailleurs. Statistiquement, quand on a un frère ou une sœur centenaire, on a quatre fois plus de chances d'atteindre son 91ème anniversaire, que la moyenne de la population.
Ce que l'on vient de découvrir
Une équipe de chercheurs a répertorié 137 familles, dans lesquelles une personne au moins dépassait 98 ans, avec un frère de plus de 91 ans ou une sœur de plus de 95 ans. Le génome de ces personnes, 308 au total, a été analysé. En comparant les régions chromosomiques identiques entre les fratries, l'attention a été portée sur une zone (ou locus) particulière du chromosome 4. Ce locus est statistiquement lié avec un « gain de longévité », ce qui est une information très importante. Toutefois, les gènes placés dans ce locus ne sont pas encore connus.
Ce qu'il reste à comprendre
Phénomène excessivement complexe, le vieillissement en bonne santé correspond, entre autre, à la capacité d'échapper aux principales maladies liées à l'âge (les maladies cardio-vasculaires, le diabète, le cancer, etc.), aux oxydations cellulaires, mais aussi à une certaine capacité de « bien vieillir ». La génétique est une voie de recherche pour comprendre cette aptitude particulière. Aujourd'hui, aucune explication considérée isolément ne peut suffire à percer le mystère. Bien vieillir, c'est trouver l'équilibre optimal entre les différents facteurs propres à sa personne, son environnement, son mode de vie, ses facteurs de risques, etc.De plus, il faut envisager l'existence d'autres éléments et phénomènes encore ignorés à ce jour. Mais dans un premier temps, il y a beaucoup à attendre du décryptage des gènes du locus du chromosome 4.
Ce que l'on peut espérer de la thérapie génique
Les chercheurs savent augmenter la durée de vie des espèces animales rudimentaires comme les mouches drosophiles, certains vers (nématodes) ou les souris. On est bien loin de transposer ces techniques à l'homme. Les perspectives de traitement par la modification du code génétique restent rarissimes, mais envisageables, notamment dans certaines maladies du système immunitaire chez l'enfant. Le fait qu'un certain type de cancer, de diabète ou d'autres maladies aient une composante génétique, laisse envisager pour demain de nouveaux espoirs thérapeutiques, qui pourront de fait, jouer sur l'espérance de vie. Néanmoins, le capital génétique de chacun sera toujours lié à l'environnement. Imaginer vieillir indéfiniment n'est pas encore envisageable.