Seul à Noël : comment ne pas déprimer ?


Pourquoi passer Noël et le nouvel an seul est si difficile ?
Alors que vos voisins, vos collègues, vos amis jonglent entre la décoration du sapin, les achats de Noël et la composition du menu de la Saint-Sylvestre, vous n’avez pour votre part aucune préparation à faire. Il n’est pas facile de l’avouer, mais vous allez passer les fêtes seul... Et cette solitude à venir le 24 ou le 31 décembre vous met le moral en berne. Mais pourquoi être en solo ces soirs-là est si dur ?
Pour Boris Charpentier, psychologue et coach, le sentiment de solitude est exacerbé par le poids social de ces événements. Il explique “la norme sociale est de passer Noël en famille (la famille idéale qu’on voit sur les publicités) et le nouvel an avec ses nombreux amis, et certainement pas de rester seul. Le moindre problème relationnel avec l’un des membres de sa famille prend plus d’ampleur pendant cette période. Si on l’on a été confronté à la perte d’un être cher ou à une séparation impactant la famille alors il y a de fortes chances pour que les émotions en lien avec ce deuil/cette séparation réapparaissent pendant la période des fêtes”.
L’expert ajoute “Les attentes démesurées et inatteignables qu’on peut avoir des fêtes sont créées dès l’enfance par les contes populaires et renforcées chaque année par un matraquage médiatique. Plus les attentes sont élevées ou se rapprochent de la perfection et plus il est difficile de les combler, car la réalité est telle que les choses sont rarement parfaites... On peut alors facilement imaginer combien la frustration sera grande”.
Les épisodes dépressifs renforcés par les fêtes
Les reportages au journal télé, les téléfilms de Noël, les articles dans les magazines… tout semble nous indiquer que nous devons terminer l'année comme dans un conte de fées… indépendamment de notre réalité. Et finalement que l’on soit seul ou entouré, ce discours récurrent peut être pesant pour de nombreux individus, surtout s'ils connaissent déjà des difficultés émotionnelles.
Le psychologue explique “Les épisodes dépressifs tendent à se renforcer pendant les fêtes à cause des attentes très fortes que les individus ont vis-à-vis d’eux-mêmes, mais aussi souvent vis-à-vis des autres”. Il poursuit “Pour ceux qui sont déjà en train de traverser un épisode dépressif ou encore qui doivent gérer un sentiment de tristesse et un ralentissement psychomoteur au sens large, il est d’autant plus difficile de gérer ce stress supplémentaire et d’atteindre les exigences correspondant à la norme sociale de cette époque de l’année. Cela renforce leur sentiment d’impuissance et par conséquent d’auto dévalorisation”.
Seul à Noël : savoir dire non aux normes imposées

Votre Noël ne ressemble pas à celui des magazines et des séries télé ? Et alors…. Pour éviter de souffrir du poids des fêtes - ou plutôt de la norme sociale entourant cette période de fin d’année - il faut se défaire de la "magie" de Noël, et surtout des auto-injections que l’on a mises en place. En effet, afin de répondre aux normes sociales, beaucoup d’entre nous se créent et s’imposent des règles strictes comme “Je dois donner la meilleure version de moi-même”, "il faut que je trouve la plus belle tenue, les plus beaux cadeaux, le meilleur menu…". Cela peut générer beaucoup de pression, de stress, de frustration et de tristesse.
Boris Charpentier conseille “il faut renoncer à ces auto-injonctions et se recentrer sur soi dans une attitude bienveillante. Cela ne va pas nécessairement supprimer ce sentiment de solitude, mais le fait de s’accorder du temps et de l’attention en faisant des choses qui nous font habituellement du bien peut aider à se sentir mieux”.
Pour parvenir à se distancer de son blues de Noël, il faut par exemple se rappeler que la plupart des gens vivent - tout comme nous - des fêtes très éloignées de celles des films hollywoodiens. Par ailleurs, plutôt que se concentrer sur ce qu’on estime nos échecs, il est préférable de faire la liste de ce qu’on a déjà de bien dans sa vie. Il faut cultiver ce sentiment de gratitude au lieu de se focaliser sur ce qu’on n’a pas réussi à obtenir cette année, selon l’expert.
Noël solitaire : renforcer les liens autour de soi

Il est de bon ton de passer Noël en famille… Toutefois, avoir des liens distendus avec les personnes de votre sang ne vous voue pas à une vie de solitude pour autant. Votre vie quotidienne peut aussi vous apporter des relations enrichissantes.
Pour surmonter le sentiment de solitude pendant les fêtes, Boris Charpentier conseille ainsi de renforcer les liens sociaux avec votre entourage au sens large. Il explique “Pour faire face aux obligations du quotidien et survivre au rythme effréné de nos vies modernes nous avons souvent tendance à nous comporter de manière automatique vis-à-vis des autres. Porter une attention plus particulière à chaque interaction sociale en essayant d’échanger de manière plus amicale et chaleureuse peut aider à surmonter le sentiment de solitude en renforçant les liens autour de soi”.
Ainsi n’hésitez pas à pousser vos échanges avec vos collègues ou vos voisins au-delà de la pluie et du beau temps. Ces discussions enrichissantes ne mèneront pas forcément à des invitations à Noël, mais elles éloigneront le sentiment de solitude et peut-être conduire à de futurs projets de sortie. “Pourquoi ne pas reprendre le contact avec de vieux amis avec qui les liens s’étaient dissipés”, suggère également le psychologue.
Noël en solo : s’impliquer dans une cause qui nous tient à cœur

Contre les coups de blues, rien de mieux que l’action. Ainsi pourquoi ne pas mettre sa disponibilité pendant les fêtes à profit et se rendre utile en faisant du bénévolat. Après tout le partage est une autre valeur importante de Noël. Aller à la rencontre des autres et les aider permet d’éviter l’enfermement dans son sentiment de solitude.
Boris Charpentier le confirme “Donner de son temps et s’impliquer dans une cause en laquelle on croit est un excellent moyen de ne pas se sentir seul. Aider ceux qui sont plus dans le besoin que soi permet de revenir à l’essentiel et en outre de ressentir ce qu’on appelle le shoot de l’aidant”. Il ajoute “S’impliquer auprès des autres en les aidant permet de réduire la souffrance psychologique et les effets délétères des situations stressantes”.
Plusieurs associations ont besoin d’un coup de main pendant les fêtes. Il est possible de se renseigner directement auprès de celles qui s’impliquent dans un domaine qui vous touche. Par ailleurs, les sites jeveuxaider.com, France Bénévolat ou encore Tous bénévoles recensent les organisations qui ont besoin d’aides. Vous pouvez également vous renseigner auprès de votre mairie.
Sources
Merci à Boris Charpentier, psychologue et coach.
Vous pouvez le joindre sur son site internet.