Publié par Dr Philippe Presles
le 6/09/2001
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7 minutes

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Les calculs biliaires constituent un problème courant et relativement bénin, mais peuvent entrainer de violentes crises de douleur, ou coliques hépatiques. Ils touchent 20 % des hommes et environ 35 % des femmes. Ils peuvent survenir à n'importe quel âge.

Colique hépatique : Comprendre

Les calculs se forment dans la vésicule biliaire. La vésicule est le réservoir de la bile sécrétée par le foie. Elle a pour fonction de distribuer la bonne quantité de bile au moment opportun. Ainsi, lors des repas, un réflexe déclenché par les hormones digestives fait se contracter la vésicule afin qu'elle libère davantage de bile dans les intestins, ce qui a pour effet d'aider la digestion (surtout des lipides). La bile passe alors par le canal cystique, puis par le canal cholédoque, qui est son prolongement, pour se rendre dans le duodénum (partie de l'intestin grêle).

Il existe deux types de calculs biliaires, qui peuvent mesurer entre 0,5 mm et 2 cm de diamètre.

  • Des agglomérats de cholestérol biliaire, lequel entre dans la composition de la bile pour faciliter la digestion (ce type de cholestérol n'a rien à voir avec le cholestérol sanguin). Ces calculs sont les plus fréquents - ils représentent 85 % des cas - et ont la particularité d'être translucides.

  • Des calculs pigmentaires dans 15 % des cas. De couleur brune ou noire, ils sont composés d'un mélange de sels biliaires et de bilirubine, deux autres substances sécrétées par le foie dans la bile.

Les calculs biliaires ne se résorbent pas.

Toutefois, dans 80 % des cas, ils restent logés dans la vésicule biliaire et ne causent aucun symptôme. On ne sait pas s'ils sont présents ou non et c'est souvent par hasard qu'on les découvre lors d'une échographie abdominale.

Lorsqu'ils tentent de sortir de la vésicule ou qu'ils se bloquent dans le canal cystique ou dans le canal cholédoque, ils causent une colique hépatique, ou crise de violentes douleurs. Une intervention médicale est alors nécessaire pour les déloger.

La colique hépatique se caractérise par les manifestations suivante s :

  • Douleur dans le haut de l'abdomen, sous les côtes, et surtout du côté droit (la vésicule biliaire est à droite).
  • Manifestation brutale, surtout après un repas riche en graisses, et qui s'accompagne d'un point de côté, d'une sensation de pesanteur et de barre qui serre l'estomac (les contractions de la vésicule pour évacuer davantage de bile poussent les calculs, qui tentent de sortir de la vésicule ou se bloquent dans le canal cystique ou dans le canal cholédoque).

Les autres caractéristiques sont les suivantes :

  • douleur qui revient par intermittence, habituellement après les repas;
  • irradie souvent dans le dos et à la hauteur de l'omoplate droite;
  • s'aggrave à l'inspiration profonde;
  • demeure plus ou moins constante durant une à trois heures et diminue graduellement pendant 30 à 90 minutes avant de disparaître;
  • urine foncée quand un ou plusieurs calculs sont bloqués dans le canal cholédoque;
  • présence de fièvre, de frissons, de nausées et/ou de vomissements lorsqu'il y a complication (inflammation de la vésicule biliaire, du canal cholédoque ou encore du pancréas).

Colique hépatique : Causes

Calculs de cholestérol biliaire et déséquilibre métabolique

Pour être évacué sous forme soluble, le cholestérol biliaire doit être mélangé aux sels biliaires. S'il n'y a pas assez de sels ou s'il y a trop de cholestérol, il y a formation de calculs.

Plusieurs facteurs peuvent causer des surplus de cholestérol biliaire : l'hérédité, l'obésité, la fibrose kystique, le diabète ou même une grossesse. En outre, la maladie de Crohn (maladie inflammatoire du petit intestin) et les chirurgies pour enlever un bout du petit intestin diminuent la capacité d'absorption des sels biliaires (c'est dans cette partie de l'intestin que sont réabsorbés les sels biliaires pour revenir dans l'organisme).

Calculs pigmentaires et sécrétion excessive de bilirubine

La bilirubine, provenant des globules rouges, est un pigment rouge qui se retrouve dans le foie, puis dans la bile. C'est elle qui donne la coloration jaunâtre de la peau lors d'hépatite et de jaunisse du nouveau-né, par exemple.

Différents problèmes peuvent entraîner un excès de bilirubine et la formation de calculs pigmentaires. Les plus courants sont les anémies hémolytiques et les hémoglobinopathies (maladies métaboliques du sang). En outre, les personnes ayant eu une alimentation artificielle intraveineuse prolongée pendant plusieurs semaines, voire des mois (les comateux et les grands opérés par exemple), sont également susceptibles d'avoir trop de bilirubine dans la bile.

Colique hépatique : Conseils pratiques

Soulager la douleu r

Une colique hépatique exige une consultation médicale rapide. En attendant, prenez un analgésique comme du paracétamol.

Éviter de manger trop gras

Les repas riches en graisses (beurre, huiles, fritures, gâteaux) risquent de provoquer une colique hépatique si vous avez des calculs biliaires. Mangez plus sainement, vous ne vous en sentirez que mieux. Évitez aussi les régimes hypercaloriques, comme ceux prescrits pour faire grossir les personnes trop maigres.

Être attentif

Si vous avez des antécédents familiaux de calculs biliaires ou si vous souffrez d'un problème risquant d'en causer (diabète, fibrose kystique, cirrhose, maladie de Crohn, etc.), suivez scrupuleusement votre traitement médical (il ne prévient toutefois pas les calculs biliaires) et soyez attentif à vos douleurs abdominales. Vous souffrez peut-être d'une crise de foie.

Colique hépatique : Quand consulter ?

  • Vous suspectez une colique hépatique.

  • Les symptômes s'accompagnent de fièvre, de frissons, de nausées et de vomissements.

Colique hépatique : Examens

L'échographie abdominale demeure l'examen fiable par excellence. La radiographie ordinaire ne permet en effet pas de déceler les calculs de cholestérol biliaire (ils sont translucides). L'échographie permet de voir tous les calculs, d'en évaluer la dimension et la localisation, et également de diagnostiquer une complication.

Les prises de sang sont parfois indiquées pour aider à définir la complication, comme la cholécystite (inflammation de la vésicule biliaire), la cholangite (ou angiocholite, inflammation du canal cholédoque) et la pancréatite (inflammation du pancréas).

Colique hépatique : Traitement

Quel que soit le type de calculs biliaires, la directive est de les laisser dans la vésicule biliaire s'ils ne causent aucun symptôme.

  • Si la douleur est due au fait que le calcul tente de pénétrer ou est bloqué dans le canal cystique, la solution la plus courante (dans 95 % à 98 % des cas) consiste à enlever la vésicule biliaire et le canal cystique. L'ablation se fait au moyen d'une chirurgie conventionnelle ou d'une coelioscopie (petit tube inséré dans le ventre afin d'extraire l'organe, morceau par morceau). A chaque fois que possible, notamment si les voies biliaires sont bien libres, on préfèrera la coelioscopie dont les suites seront plus simples et qui peut, dans certains cas, se réaliser en ambulatoire. Elle évite toute complication et n'a aucune conséquence sur le fonctionnement de l'organisme. Comme il n'y a plus de réservoir pour la bile, celle-ci s'écoule directement dans le canal cholédoque, ce qui incommode peu les patients (environ 10 % des gens auront des selles molles ou liquides de façon régulière et sur une longue période).
  • Si le calcul biliaire est bloqué dans le canal cholédoque, le médecin pratique une cholangio-pancréatographie par voie rétrograde. Cette intervention consiste à glisser dans la bouche un tube qui descend jusqu'au duodénum (partie de l'intestin grêle où arrive le canal cholédoque) et à insérer dans le canal cholédoque un instrument permettant de pratiquer une petite incision et de retirer le ou les calculs. Cette intervention se fait sous anesthésie locale et dure entre 15 et 45 minutes.

D'autres traitements existent, mais ils sont utilisés de façon exceptionnelle et chez des personnes trop malades pour supporter une intervention chirurgicale :

  • Quand les calculs sont très petits (moins de 1,5 cm), on peut les dissoudre grâce à un médicament pris oralement. Toutefois, le processus est très long (entre 6 mois et deux ans), et les coliques biliaires peuvent se répéter entre-temps.
  • Si les calculs sont trop gros pour une dissolution, on procède au préalable à une lithotripsie par ondes de choc, opération qui consiste à broyer les calculs au moyen d'ultrasons afin qu'ils se dissolvent mieux.

Malheureusement, le plus souvent, il est presque impossible d'agir sur les causes qui provoquent les calculs, c'est-à-dire sur la surproduction de cholestérol biliaire, de bilirubine ou sur la mauvaise absorption des sels biliaires.

Toutefois, seulement 5 % des gens environ ont une récidive de calculs biliaires. S'il n'y a plus de vésicule biliaire, les calculs se logent dans le canal cholédoque. On doit donc procéder à une cholangio-pancréatographie par voie rétrograde pour les déloger de nouveau.

Sources

Guide familial des maladies publié sous la direction du Dr André H. Dandavino - Copyright Rogers Média, 2001. Société nationale française de Gastro-entérologie.