Dysfonctionnement érectile (ou impuissance sexuelle)

Publié par Rédaction E-sante.fr
le 6/09/2001
Maj le
10 minutes
couple having problems in relationship due to infidelity
Istock
Le terme " impuissance " n'est plus guère utilisé par les médecins. Ceux-ci parlent plutôt de troubles d'érection ou de dysfonctionnement érectile, expressions qui font référence à l'incapacité d'obtenir et de maintenir une érection suffisamment rigide pour avoir une activité sexuelle satisfaisante.

Tout savoir sur le dysfonctionnement érectile (ou impuissance sexuelle)

Il faut savoir que, pour que l'on puisse parler de troubles de l' érection, cette incapacité doit se répéter constamment et durer depuis au moins trois mois. On ne parle donc pas de troubles de l' érection dans le cas d'un homme qui a connu un problème momentané qui ne s'est pas reproduit.

Le mécanisme de l'érection ne dépend pas de la volonté. Pour avoir une érection, un homme doit avoir été soumis à des stimulations sexuelles (caresses aux organes génitaux, fantasmes, etc.). L'érection dépend aussi du bon fonctionnement du système nerveux (qui véhicule les signaux de l'excitation), du système circulatoire (qui transporte le sang vers le pénis), ainsi que du pénis lui-même qui doit être intact. Il est donc facile de comprendre qu'un homme doit être en bonne santé pour avoir des érections.

Un homme ayant des troubles d'érection ou qui est carrément incapable d'en avoir peut très bien ressentir du désir, avoir un orgasme et éjaculer, soit par la masturbation, soit en frottant ses organes génitaux sur ceux de sa partenaire. Certains hommes arrivent même à engendrer un ou plusieurs enfants sans avoir d'érections suffisantes pour permettre la pénétration (leur conjointe devient enceinte parce qu'ils éjaculent sur la vulve ou à l'entrée du vagin).

Par contre, comme l'érection fait partie intégrante de la réponse sexuelle normale, le trouble d' érection est considéré comme une anomalie et un symptôme possible d'une maladie sous-jacente. Sujet encore tabou, les troubles d' érection sont pourtant fréquents : un homme sur 10 en souffre au cours de sa vie. À partir de la cinquantaine, le risque d'en être affecté augmente de façon nette. Le dysfonctionnement érectile peut être d'origine physiologique (dans 50 % des cas), d'origine psychologique ou mixte.

Dysfonctionnement érectile d'origine physiologique :

  • rare chez l'homme de moins de 50 ans en bonne santé et plus fréquent chez l'homme âgé ;
  • disparition des érections nocturnes ou matinales ;
  • s'installe le plus souvent de façon graduelle, au fil des mois et même des années ;
  • incapacité (totale ou partielle) à obtenir ou à maintenir une érection quelles que soient les circonstances ;
  • est réversible dans beaucoup de cas.

Dysfonctionnement érectile d'origine psychologique :

  • érections nocturnes ou matinales conservées ;
  • érection complète lors de la masturbation ;
  • trouble qui survient le plus souvent de façon subite ;
  • ne survient que dans certaines circonstances ;
  • ne semble associée à aucune maladie.

Quelles sont les causes du dysfonctionnement érectile (ou impuissance sexuelle) ?

Dysfonctionnement érectile d'origine physiologique :

  • Anomalies des vaisseaux sanguins. Les troubles vasculaires, artériels ou veineux sont responsables d'une grande partie des cas. Parmi les maladies les plus fréquentes, citons le durcissement des artères (artériosclérose), l'hypertension artérielle, un taux élevé de cholestérol (hypercholestérolémie) et le diabète.
  • Certains médicaments. Les antihypertenseurs, les antidépresseurs, les antipsychotiques, les anticonvulsivants contre l'épilepsie, la cimétidine (pour diminuer la sécrétion d'acide gastrique) ainsi que de fortes doses de médicaments contre l'anxiété (Activan, Valium, etc.) peuvent affecter le mécanisme vasculaire de l'érection.
  • Prostatectomie radicale (ablation de la prostate). Cette chirurgie permet de traiter le cancer de la prostate. Comme elle ne peut être effectuée par les voies naturelles, elle atteint parfois les nerfs du pénis, entraînant un trouble érectile dans 50 à 60 % des cas.
  • Tabagisme. Il constitue une cause importante de troubles de l'érection car il aggrave l'hypertension et l'artériosclérose et favorise une fuite veineuse (incapacité des veines du pénis à retenir le sang).
  • Anomalies des nerfs et des centres nerveux. Entre autres, traumatisme de la moelle épinière (par exemple, la paraplégie), sclérose en plaques, maladie de Parkinson, etc. Ces maladies peuvent nuire à la transmission de l'influx nerveux des organes génitaux vers le cerveau ou vice-versa.
  • Maladie de La Peyronie. Cette courbure anormale du pénis est due à une cicatrice dure et palpable à l'intérieur de l'organe. Ce n'est qu'en cas de déformation importante qu'il peut y avoir des troubles de l' érection.

Dysfonctionnement érectile d'origine psychologique :

  • Anxiété de performance. Elle constitue la principale cause psychologique des troubles d'érection. Celui qui en souffre a peur de ne pas être capable d'avoir une érection ou de la maintenir assez longtemps pour sa satisfaction personnelle ou celle de sa partenaire.
  • Autres facteurs psychologiques. Des problèmes dans le couple, de l'hostilité envers la partenaire, la lassitude sexuelle, une mauvaise éducation sexuelle, des difficultés d'ordre professionnel, une perte d'emploi, des soucis financiers, la fatigue, une rupture amoureuse, une période d'abstinence sexuelle ainsi qu'un sevrage de drogue ou d'alcool après une période d'abus sont quelques-uns des facteurs pouvant entraîner un problème d'érection.

Dysfonctionnement érectile (ou impuissance sexuelle) : conseils pratiques

  • Voir un médecin. Il est important de savoir qu'il existe une solution pour la majorité des hommes souffrant d'un problème d'érection. Confiez-vous à un médecin avec qui vous vous sentez à l'aise et n'hésitez pas à poursuivre vos démarches auprès d'un centre spécialisé dans les troubles de l' érection.
  • Utiliser des fantasmes et de nouvelles techniques de stimulation. Pour un trouble érectile d'origine psychologique, vous pouvez mettre en application quelques suggestions concrètes : améliorer la communication avec le ou la partenaire ; utiliser des fantasmes sexuels ; augmenter la durée et l'intensité de la stimulation du pénis par le ou la partenaire ; apprendre de nouvelles techniques de stimulation (comme la stimulation orale) et visionner, seul ou en couple, des films érotiques.
  • Essayer de ne pas en faire une montagne. Un homme aux prises avec un dysfonctionnement érectile a intérêt à ne pas trop s'inquiéter puisque l'anxiété de performance (la crainte "de ne pas pouvoir") peut court-circuiter le mécanisme de l'érection et lui enlever tous ses moyens. Essayez de prendre la chose avec philosophie et profitez-en pour développer votre sensualité. Le reste a bien des chances de revenir plus facilement. Il faut également savoir que, pour la partenaire, les trouble érectiles de son conjoint n'ont pas toujours un effet catastrophique. Beaucoup de femmes vont confier au médecin que leur conjoint est devenu un meilleur amant depuis qu'il ne peut plus les pénétrer parce qu'il explore d'autres facettes de la sexualité.
  • Adopter de saines habitudes alimentaires. Un régime alimentaire riche en gras peut faire autant de tort au pénis qu'au coeur. Les troubles vasculaires artériels et veineux sont responsables d'une grande partie des cas de dysfonction érectile d'origine physique. Mangez mieux, perdez du poids, si cela est nécessaire, et faites de l'exercice plusieurs fois par semaine. Vous remarquerez que le flux sanguin dans le pénis va s'accroître.
  • Arrêter de fumer. De mauvaises habitudes de vie telles que le tabagisme perturbent les mécanismes vasculaires de l'érection. Le tabac bloque progressivement les petites artères, nuisant au flux sanguin nécessaire pour l'érection. Fumer peut aussi entraîner des fuites de sang par les veines du pénis lors de l'érection. Cesser de fumer est l'un des gestes les plus importants que vous puissiez faire pour retrouver de bonnes érections.
  • Limiter sa consommation d'alcool. Un ou deux verres d'alcool permet de lever les inhibitions, de se détendre et de se prédisposer aux rapports amoureux. Cependant, une consommation d'alcool importante peut vous détendre trop et causer un trouble d'érection en endormant votre système nerveux et vos réflexes.
  • Être contraint à l'abstinence ? Il est fréquent qu'un homme vieillissant doive, pour une raison ou une autre, s'abstenir de relations sexuelles pendant une période assez longue. Cela peut être dû à l'hospitalisation ou encore à la mort de sa conjointe. Il arrive qu'à la suite de cette période d'abstinence, cet homme s'aperçoive qu'il est incapable de recouvrer l'érection. Il peut récupérer sa capacité érectile s'il s'accorde du temps, soit quelques semaines d'interactions sexuelles, et si les rapports sexuels sont exempts de pressions.
  • Vérifier ses médicaments. Ne cessez surtout pas de les prendre, même si vous craignez qu'ils soient la cause de votre trouble d'érection. Vous pouvez toutefois parler à votre médecin de la possibilité d'en changer pour d'autres qui ne produisent pas cet effet indésirable.

Dysfonctionnement érectile (ou impuissance sexuelle) : quand consulter ?

Vos troubles de l'érection durent depuis au moins trois mois. Consultez un médecin plus tôt si vous souffrez de la situation.

Dysfonctionnement érectile (ou impuissance sexuelle) : que se passe-t-il lors de l'examen ?

Le patient qui souffre d'une dysfonctionnement érectile doit s'attendre à ce que le médecin consacre assez de temps à la consultation. Ce dernier trace l'histoire sexuelle et médicale de l'homme et détermine si la dysfonction érectile est de nature principalement physiologique, principalement psychologique ou les deux à la fois (mixte). Le patient subit un examen physique spécifique (pour vérifier si les organes génitaux, les vaisseaux sanguins, les nerfs et les tissus du pénis fonctionnent normalement). À cet égard, le médecin dispose de plusieurs tests spécialisés dont le Doppler pénien qui permet de mesurer l'apport sanguin artériel dans le pénis.

Dysfonctionnement érectile (ou impuissance sexuelle) : quel est le traitement ?

Dysfonctionnement érectile d'origine physiologique

Anomalies des vaisseaux sanguins, des nerfs et des centres nerveux. Dans le cas où le traitement de ces maladies ne permet pas d'améliorer la fonction érectile du patient, le médecin peut proposer des traitements spécifiques :

  • Le Sildénafil (Viagra®), le Tadalafil (Cialis®) et le Vardénafil (Lévitra®) sont des traitements par voie orale qui permettent de dilater les vaisseaux sanguins du pénis pour y laisser entrer plus de sang et ainsi entraîner une érection. Le médicament ne provoque pas une érection automatique et il n'augmente pas le désir sexuel. Il aide tout simplement l'homme à obtenir ou à maintenir son érection. Il agit donc seulement si l'homme est soumis à une stimulation sexuelle. Près de 80 % des utilisateurs obtiennent des résultats satisfaisants avec ce médicament.
  • Les injections intracaverneuses (ou injections péniennes). Elles consistent en l'injection de prostaglandine E1 sur le côté du pénis. Le patient doit toutefois vaincre la crainte d'une injection à cet endroit. En moins de 15 minutes, même sans stimulation sexuelle, le pénis atteint automatiquement une rigidité complète qui dure en moyenne entre 30 et 60 minutes. C'est efficace dans 85 % des cas.
  • Une prothèse externe (ou pompe à vide). Il s'agit d'une technique mécanique et non chirurgicale. L'appareil est composé d'un cylindre en plastique, branché sur une pompe. Le pénis est introduit dans le cylindre d'où la pompe évacue l'air, créant un vide qui entraîne l'afflux de sang dans les corps caverneux du pénis. Un anneau est installé à la base du pénis pour empêcher le sang de repartir et le cylindre est enlevé. L'anneau doit absolument être enlevé après 30 minutes d'utilisation, pour éviter la formation de caillots de sang. Les couples qui ont appris à maîtriser cette technique l'estiment efficace à 80 %.
  • Un traitement transurétral. Le Medicated Urethral System of Erection (MUSE) consiste à insérer dans l'urètre (l'ouverture du pénis) un minisuppositoire d'alprostadil de la taille d'un grain de riz. Le médicament est absorbé par les parois de l'urètre et se rend par la circulation sanguine dans les corps caverneux du pénis, où il permet aux muscles de se relâcher et au pénis de s'engorger de sang. L'érection survient en moins de 20 minutes - qu'il y ait stimulation sexuelle ou pas - et dure généralement moins d'une heure. C'est une méthode efficace dans 40 % des cas.
  • Les prothèses ou implants péniens. Il en existe de différents types. Des prothèses en silicone sont implantées sous la peau et sont totalement invisibles. La plupart sont gonflables, c'est-à-dire que la rigidité de la prothèse est obtenue en manipulant une pompe que se trouve dans le scrotum. Alors qu'il s'agissait autrefois de la principale méthode pour aider les hommes souffrant de dysfonctionnement érectile, la pose d'implants péniens est aujourd'hui utilisée en dernier recours. Parce qu'elle est irréversible, on ne la recommande que lorsque toutes les autres méthodes ont échoué. Il convient parfois de combiner le traitement médical et le traitement psychosexuel pour optimiser les résultats.
  • Prostatectomie radicale. Les hommes ayant subi une prostatectomie peuvent recourir aux divers traitements de la dysfonction érectile que l'on vient d'énumérer.
  • Tabagisme. Si son patient montre de la volonté pour cesser de fumer, le médecin peut l'aider en mettant à sa disposition plusieurs moyens, comme des timbres de nicotine et un médicament par voie orale : le bupropion (Zyban). On trouve aussi de la gomme à mâcher à la nicotine en vente libre dans les pharmacies. Arrêter de fumer aide à récupérer la capacité érectile, car cela stoppe les dommages aux veines et aux artères.
  • Maladie de La Peyronie. Elle peut disparaître spontanément entre six mois et deux ans, sans traitement particulier. Certains hommes, cependant, doivent avoir recours à une chirurgie, après un an et demi ou deux ans, si la déviation gêne réellement l'intromission du pénis dans le vagin.

Dysfonction érectile d'origine psychologique :

Le patient est adressé à un sexologue clinicien (titulaire d'une maîtrise en sexologie) pour une sexothérapie, de préférence en compagnie de sa partenaire. La thérapie s'échelonne sur une vingtaine de séances et obtient un très bon taux de succès.

Sources

Guide familial des maladies publié sous la direction du Dr André H. Dandavino - Copyright Rogers Média, 2001

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