Graisse viscérale : l'ennemi invisible

Publié par Stéphane Leduc
le 04/12/2025
3 minutes
Un plan mi-corps (taille vers le haut). une femme de 45 ans vient de finir sa séance de sport. La pe
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Souvent confondue avec le simple embonpoint, la graisse viscérale est un ennemi bien plus insidieux. Nichée en profondeur autour des organes vitaux, elle ne se contente pas d'être un amas inerte. Métaboliquement active, elle agit comme une véritable usine chimique qui perturbe l'organisme et place le système cardiovasculaire en première ligne. Au cœur du syndrome métabolique, sa présence est un signal d'alarme qui mérite d'être compris et mesuré.

Il est crucial de comprendre la différence fondamentale entre la graisse viscérale et la graisse sous-cutanée. La seconde, que l'on peut pincer sous la peau, joue un rôle de réserve énergétique et d'isolant thermique. La première, en revanche, s'installe dans la cavité abdominale, enveloppant le foie, le pancréas ou les intestins. Son danger ne réside pas dans sa masse, mais dans son activité. Cet enjeu explique pourquoi l'Indice de Masse Corporelle (IMC) est un indicateur insuffisant : une personne au poids jugé normal peut très bien présenter une obésité abdominale masquée et être tout aussi exposée aux risques.

Pourquoi cette graisse est-elle si dangereuse ?

L'excès de graisse viscérale se comporte comme un organe endocrinien à part entière. Il libère en continu des molécules pro-inflammatoires dans la circulation sanguine, créant un état d'inflammation chronique de bas grade dans tout l'organisme. Ce climat inflammatoire permanent est la source de nombreux dérèglements. Il perturbe notamment la régulation du sucre sanguin, favorisant l'apparition d'une résistance à l'insuline, porte d'entrée du diabète de type 2. En parallèle, l'impact de la graisse viscérale et le risque cardiovasculaire associé sont directs, attaquant la santé des artères et favorisant l'hypertension.

Quel est son rôle dans le syndrome métabolique ?

Cette accumulation adipeuse est la pierre angulaire du syndrome métabolique, un trouble défini par la combinaison d'au moins trois facteurs de risque qui démultiplient les chances de développer une maladie cardiovasculaire ou un diabète. L'obésité abdominale en est l'élément le plus visible et le plus fréquent. Une étude menée au Canada a révélé qu'elle était présente chez 92 % des adultes atteints de ce syndrome. L'évaluation du syndrome métabolique et du tour de taille est donc indissociable, car la graisse viscérale est souvent le déclencheur des autres anomalies : une hyperglycémie à jeun, une hypertension artérielle, un taux de triglycérides trop élevé et un faible niveau de bon cholestérol (HDL).

Comment évaluer son propre niveau de risque ?

Puisque l'IMC est un outil limité, la méthode la plus simple et la plus fiable pour estimer la quantité de graisse viscérale est la mesure du tour de taille. Cet indicateur est bien plus pertinent pour évaluer les risques métaboliques. Le seuil du tour de taille pour l'homme et la femme en matière de santé est clairement défini : le risque est considéré comme accru au-delà de 80 cm pour une femme et 94 cm pour un homme. Il devient très élevé lorsqu'il dépasse 88 cm chez la femme et 102 cm chez l'homme. Pour une mesure correcte, tenez-vous debout, expirez normalement et placez un mètre ruban à mi-chemin entre la dernière côte et le sommet de la hanche. La bonne nouvelle est que cette graisse, bien que dangereuse, est souvent la première à répondre positivement à une amélioration de l'hygiène de vie.