Diclofénac : un médicament dangereux pour le cœur

Les anti-inflammatoires non-stéroïdiens à base de diclofénac, tels que le Voltarène®, sont associés à des risques accrus de troubles cardiovasculaires sévères comme l’AVC, l’infarctus ou l’insuffisance cardiaque.
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Voltarène®, Artotec®, Flector® Antalcalm®… Attention à ces médicaments à base de diclofénac. Des chercheurs en épidémiologie et en cardiologie des universités d’Aarhus (Danemark) et de Stanford (Etats-Unis) alertent sur le risque de maladie cardiaque liée à l’utilisation de ces traitements anti-inflammatoires non-stéroïdiens (AINS). Ils publient une étude à ce propos dans le British Medical Journal (BMJ) le 4 septembre 2018.

Un risque cardiaque élevé de 50%

Les scientifiques se sont appuyés sur le registre national danois des prescriptions médicales pour évaluer l’usage des médicaments à base de diclofénac pendant 20 ans, entre 1996 et 2016. Ils ont ainsi analysé les données de santé d’un total de 7,6 millions de personnes réparties de la façon suivante : 1,37 million de personnes ayant commencé un traitement au diclofénac, 3,88 million un traitement à l’ibuprofène (également un AINS), 291 490 un traitement au naproxène (également un AINS), 764 781 un traitement au paracétamol (antidouleur non AINS) et 1,30 million aucun de ces traitements. Ils ont alors pu comparer la prise de l’un de ces médicaments antidouleur et l’apparition de troubles cardiovasculaires tels qu’une arythmie, un infarctus du myocarde, un accident vasculaire cérébral ischémique (AVC) et une insuffisance cardiaque.

Résultat : Les personnes qui commençaient un traitement au diclofénac présentaient un risque plus élevé de 50% de trouble cardiovasculaire par rapport à celles qui ne prenaient aucun antidouleur.

Même situation lorsque le diclofénac est comparé aux autres anti-inflammatoires non-stéroïdiens : les personnes sous diclofénac présentaient un risque cardiovasculaire élevé de 20% par rapport à celles qui prenaient de l’ibuprofène et de 30% par rapport à celles qui prenaient du naproxène. Le risque cardiovasculaire était également augmenté de 20% en comparaison aux personnes prenant du paracétamol, antalgique qui ne fait pas partie de la famille des anti-inflammatoires.

Au risque cardiovasculaire augmenté s’ajoute l’observation d’un effet secondaire plus fréquent sous diclofénac : les saignements gastro-intestinaux.

Préférer les autres anti-inflammatoires

Face à ces résultats, les chercheurs à l’origine de l’étude se montrent frileux quant à l’initiation d’un traitement au diclofénac : "Le traitement de la douleur et de l'inflammation par les AINS peut s'avérer utile pour certains patients afin d'améliorer la qualité de vie malgré les effets secondaires potentiels. Compte tenu de ses risques cardiovasculaires et gastro-intestinaux, il est toutefois peu justifié d'initier un traitement par le diclofénac avant d'autres AINS traditionnels" écrivent-ils dans leur publication.

Ils vont même plus loin en proposant d’interdire sa disponibilité sans ordonnance dans les pays où il est encore en vente libre : "Il est temps de reconnaître le risque potentiel pour la santé lié au diclofénac et de réduire son utilisation. Le diclofénac ne devrait pas être disponible en vente libre et, une fois prescrit, devrait être accompagné d'un avertissement approprié sur l'emballage concernant ses risques potentiels."

Indications du diclofénac

Le diclofénac est un anti-inflammatoire non stéroïdien qui lutte contre l'inflammation et la douleur, fait baisser la fièvre et fluidifie le sang.

Il est utilisé chez l'adulte dans :

Vidéo : Douleurs au cœur : 3 signes d'alerte

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Source : Diclofenac use and cardiovascular risks: series of nationwide cohort studies. Schimdt et al., 2018 BMJ
Diclofénac - Vidal : Base de données en ligne des prescripteurs libéraux, mise à jour 15 mai 2014