Démangeaison de la vulve : quelles causes et que faire ?

Publié par Audrey Vaugrente
le 26/06/2018
Maj le
5 minutes
women health and intimate hygiene closeup of beautiful woman's body with smooth soft skin in white bikini panties female hand touching her thigh hip with white feather body care, epilation concepts
Adobe Stock
Quand elles touchent les zones intimes, les démangeaisons constituent une gêne réelle… mais souvent taboue. Car les irritations de la vulve ont des causes bien distinctes, et à chacune correspond un traitement. Il est donc important d'en parler avec un médecin.

C'est un événement quasi-incontournable dans la vie d'une femme. Les douleurs, brûlures et démangeaisons de la vulve constituent l'une des principales causes de consultations en gynécologie.

Mais derrière ce symptôme universel se cachent, en réalité, une pléiade de causes. Le problème, c'est que "la plupart des femmes ont recours à l'automédication", déplore le Dr Brigitte Letombe, gynécologue médicale à Lille (Nord). La faute, notamment, aux délais d'attente trop longs avant un rendez-vous chez le gynéco.

Cette automédication ne se fait pas toujours à bon escient. "La plupart des femmes pensent spontanément à une mycose, quand ce n'est pas l'avis du pharmacien, explique la spécialiste. Les médecins qui ne pratiquent pas d'examen gynécologique ont aussi tendance à le penser." Or, la mycose est loin d'être la seule cause de prurit vulvaire.

La mycose, la cause la plus fréquente

Il faut le reconnaître, l'infection mycosique domine nettement dans les motifs de consultation pour démangeaisons de la vulve. Elle se manifeste aussi par des pertes blanches, épaisses et semblables à du lait caillé.

La cause est toujours la même : un déséquilibre la flore vulvo-vaginale, notamment au privilège de Candida albicans, habituellement présent en faible nombre. Cela s'accompagne d'une modification du pH.

"Il ne s'agit pas d'une infection sexuellement transmissible", insiste le Dr Brigitte Letombe. Le ou la partenaire n'en est pas responsable. La cause en est toute autre : une acidification du pH avec déséquilibre du microbiote, qui permet le développement du champignon.

Les facteurs de risque sont nombreux (irritation des muqueuses, sous-vêtements inadaptés, protections hygiéniques qui assèchent la vulve…), et certains sont récurrents. "Les mycoses surviennent souvent après un traitement antibiotique ou corticoïde, qui déséquilibrent la flore bactérienne", explique la gynécologue médicale. Un autre facteur de risque à évoquer en cas de mycoses récidivantes est le diabète.

Alors quelle solution ? Face à un problème de prurit, il faut toujours consulter un médecin. Mais une mycose, surtout récidivante, doit s'accompagner d'un autre réflexe : le recours aux probiotiques.

Ces traitements locaux, souvent sous forme de comprimés gynécologiques, permettent de rétablir l'équilibre de la flore vulvo-vaginale, et donc d'éviter les rechutes. "Beaucoup de femmes n'ont pas ce réflexe et souffrent de récidives, notamment en période pré-menstruelle car le pH vulvo-vaginal se modifie", explique le Dr Letombe.

La vaginose vulvaire, source de confusion

Le déséquilibre du microbiote vaginal a une autre conséquence fâcheuse et douloureuse, la vaginose. Il s'agit d'un autre type d'infection, bactérienne cette fois, elle aussi très fréquente. Contrairement à la mycose, "elle donne surtout des pertes abondantes, qui mouillent la culotte, qui sont malodorantes et liquides, avec des gênes vulvaires mais peu de prurit", liste le Dr Brigitte Letombe.

Là encore, les symptômes constituent un tabou majeur car les patientes l'associent à un problème d'hygiène, notamment à cause des mauvaises odeurs qui s'échappent de la culotte. A tort, puisqu'elles sont simplement dues à la bactérie qui domine alors.

Consulter un médecin rapidement est pourtant nécessaire, car le traitement est très simple. "Il suffit de rééquilibrer la flore pour soulager les symptômes, précise la gynécologue lilloise. On prescrit un antibiotique minute pour lutter contre Gardnerella vaginalis et des probiotiques pour acidifier le pH au niveau vaginal."

La sécheresse vulvo-vaginale, tabou majeur

Même sans cause bactérienne ou fongique, un prurit peut se déclencher. Cause possible, une sécheresse vulvo-vaginale. "Elle peut être due à une hypo-oestrogénie iatrogène (médicamenteuse, ndlr) ou ménopausique, surtout dans la mesure où la ménopause est de moins en moins prise en charge", déplore le Dr Brigitte Letombe.

Et pour cause : les femmes sont les premières à ne pas oser en parler, préférant recourir à des lubrifiants achetés en supermarché ou en parapharmacie. Un silence bien dommageable, car des traitements spécialisés locaux et simples existent et permettent de résoudre durablement le problème.

Le prurit allergique, une cause souvent oubliée

Si les démangeaisons allergiques sont bien connues, on oublie souvent qu'elles peuvent se produire sur toutes les zones de contact, y compris les muqueuses. Et les allergènes sont malheureusement nombreux : colorant, protections hygiéniques, lessive, latex…

Attention, donc, à ne pas traiter le sujet de manière légère, car les symptômes pourraient s'aggraver sans éviction des matériaux à l'origine de la réaction allergique, allant jusqu'à provoquer un œdème. Le diagnostic est donc essentiel.

Le lichen scléro-atrophique, rare mais sérieux

Cause plus rare de démangeaison, le lichen scléreux vulvaire provoque une modification de la muqueuse vulvaire, qui se fragilise. "Il s'agit d'une pathologie dermatologique à surveiller, car elle est persistante, avec des lésions vulvaires", explique le Dr Brigitte Letombe.

Des fissures douloureuses peuvent apparaître sur la vulve, voire s'étendre à la région périnéale et péri-anale. Elles sont dues à une inflammation chronique mais celle-ci peut être stoppée. "On traite ce lichen par une corticothérapie locale", souligne la gynécologue.

Un psoriasis vulvaire

Dernière cause possible de prurit vulvaire, le psoriasis. L'atteinte génitale touchera la moitié des patient.e.s au cours de leur existence et plusieurs formes existent. "Cela reste rare, mais il arrive que la maladie soit diagnostiquée à l'occasion d'atteintes vulvaires", indique le Dr Letombe.

Le traitement s'appuie le plus souvent sur l'administration de cortisone en crème, dont la puissance est adaptée en fonction de l'épaisseur de la peau.

Sources

Pertes vaginales (Vaginose bactérienne, Candidose vulvo-vaginale, Trichomonase), Centre de planification du CHRU de Lille

Prurit vulvaire aigu et chronique : quelle étiologie ?, Gynécologie et Obstétrique Pratique

Les maladies de la femme – les ennuis gynécologiques, CNGOF

Lichen Scléreux Vulvaire, Société Française de Dermatologie

Partager :