Crise cardiaque : les femmes attendent trop longtemps parce qu’elles ne reconnaissent pas les douleurs typiques

Les femmes attendent plus longtemps que les hommes pour appeler les secours en cas de crise cardiaque, ce qui diminue leur chance de survie. En cause : des symptômes méconnus et des idées-reçues persistantes sur l’infarctus du myocarde.
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Elles constituent la première cause de décès chez les femmes en France. Pourtant, les maladies cardiovasculaires sont encore mal reconnues par cette moitié de la population. Ainsi, pour les crises cardiaques (ou infarctus du myocarde) par exemple, les femmes attendraient plus longtemps que les hommes pour appeler les secours, ce qui retarderait leur prise en charge médicale, selon une étude menée par des cardiologues de l’université et de l’hôpital Triemli de Zurich (Suisse) publiée le 8 novembre 2018 dans l’European Heart Journal.

Les femmes attendent 37 minutes de plus que les hommes

Pour cette étude, les chercheurs ont comparé de façon rétrospective les prises en charge de 4 360 personnes (967 femmes et 3 393 hommes) présentant un infarctus du myocarde et traitées à l’hôpital Triemli en Suisse entre 2000 et 2016. Les scientifiques ont accordé une attention particulière à deux mesures :

  • Le délai existant entre la survenue des symptômes et le premier contact avec un hôpital, un service médical d’urgence ou un médecin généraliste ;
  • Le temps nécessaire au traitement de la crise cardiaque par la pose d’un stent.

Résultat : les femmes attendaient en moyenne 37 minutes de plus que les hommes avant de contacter un service médical.

Douleurs au dos, à l’épaule ou à l’estomac chez les femmes

Comment expliquer ce délai ? Par une reconnaissance plus tardive des signes d’alerte, selon le docteur Matthias Meyer, cardiologue à l’hôpital Triemli et auteur principal de l’étude : "les femmes victimes d’une crise cardiaque semblent moins susceptibles que les hommes d’attribuer leurs symptômes à une affection nécessitant un traitement urgent" souligne-t-il dans un communiqué de la société européenne de cardiologie.

Plus précisément, les femmes attendent généralement plus longtemps avant d’appeler un médecin à cause du mythe selon lequel les crises cardiaques sont plutôt une maladie masculine et parce que la douleur à la poitrine et au bras gauche sont les symptômes les plus connus alors qu’ils sont rares chez les femmes. Ainsi, "les femmes et les hommes ressentent une douleur similaire lors d'une crise cardiaque, mais l'emplacement peut être différent. Les personnes souffrant de douleurs à la poitrine et au bras gauche sont plus susceptibles de penser qu’il s’agit d’une crise cardiaque, et il s’agit des symptômes habituels chez les hommes. Les femmes ont souvent mal au dos, à l'épaule ou à l'estomac" décrit le docteur Meyer.

"Chaque minute compte en cas de crise cardiaque"

Conséquence de ce retard de prise en charge : la mortalité à l’hôpital plus élevée chez les femmes (5,9%) que chez les hommes (4,5%) pendant la période de l’étude. En effet, "chaque minute compte en cas de crise cardiaque" rappelle le docteur Meyer. "Faites attention aux gênes modérées ou sévères, y compris aux douleurs dans la poitrine, à la gorge, au cou, au dos, au ventre ou aux épaules qui durent plus de 15 minutes. Elles s’accompagnent souvent de nausées, de sueurs froides, de faiblesses, d’essoufflement ou de sentiment de peur" ajoute le cardiologue.

Bonne nouvelle cependant pour les deux genres : l’étude qui a passé au crible 16 ans de données médicales a permis de constater que les femmes comme les hommes reçoivent actuellement un stent plus rapidement après avoir contacté les services médicaux qu’auparavant.

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Source : Gender differences in patient and system delay for primary percutaneous coronary intervention: current trends in a Swiss ST-segment elevation myocardial infarction population. Meyer et al., 8 novembre 2018, European Heart Journal: Acute Cardiovasculare Care
Women having a heart attack wait longer than men to get help. Communiqué de la Société européenne de cardiologie, 11 décembre 2018