Covid : les femmes enceintes sont 4 fois plus susceptibles d’être infectées

Publié par Sophie Raffin
le 31/07/2020
Maj le
5 minutes
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Les femmes enceintes ont été intégrées dans les listes des personnes à risque face au nouveau coronavirus. Et à raison ! Une nouvelle étude révèle qu’elles sont 4 fois plus susceptibles d’être contaminé le COVID-19.

Les femmes enceintes doivent faire attention pendant l’épidémie de COVID-19. Une étude scientifique menée à la faculté de médecine Perelman de l’Université de Pennsylvanie, révèle qu’elles sont en moyenne 4 fois plus susceptibles d’être exposées au SARS-COV-2.

Grossesse : les femmes sont plus nombreuses à avoir des anticorps

L’équipe du Perelman School of Medicine at the University of Pennsylvania a analysé les tests sérologiques de 1293 femmes ayant accouché entre avril et juin 2020 à Philadelphie. Cela représente la moitié des naissances survenues dans la ville pendant cette période.

Elle a également pris les échantillons de 834 personnes et 140 femmes enceintes collectés avant l’épidémie ainsi que ceux de 31 patients guéris de la maladie. Leurs résultats ont servi de données de contrôle et ont assuré la fiabilité du test sérologique. 

Les chercheurs ont découvert qu’en moyenne 6,2% des femmes enceintes avaient des anticorps contre le coronavirus au moment de leur accouchement. Cela veut dire qu’elles ont été immunisées après avoir été malades ou porteuse saine. Elles ont aussi pu développer des anticorps après avoir été en contact avec une personne infectée.

Ce taux est 4 fois plus élevé que chez les autres habitants de la métropole américaine. Il est en effet de 1,4%.

Selon les scientifiques, ces résultats indiquent que les réponses immunitaires au COVID-19 chez les femmes enceintes peuvent être différentes de celles de la population générale. Mais ce n’est pas la seule découverte de cette recherche.

twitter.com/Penn_IFI/status/1288892316279767040

De grosses différentes selon l’origine des futures mamans

L’étude montre que toutes les femmes enceintes ne font pas face aux mêmes risques. L'équipe de recherche a découvert une variation significative entre les groupes ethniques. Les femmes d’origines latines et hispaniques ont été particulièrement exposés aux virus. 10,4% d’entre elles avaient des anticorps. Les futures mamans afro-américaines étaient nombreuses aussi à présenter une réponse positive au test sérologique (9,7%). Les taux d’exposition étaient particulièrement bas pour les femmes de type européen et asiatique. Ils étaient respectivement 2,0% et 0,9%

“Les femmes enceintes sont assez représentatives de l'exposition communautaire, et ces données fournissent plus de preuves, en plus de ce que nous savons déjà avec COVID-19, que la santé et l'équité socio-économique sont inextricablement liées'', a expliqué le co-auteur principal de l’article scientifique le Dr Scott Hensley, professeur agrégé de microbiologie à Perelman.

Les chercheurs estiment que ces données peuvent éclairer la pratique clinique et les soins aux femmes enceintes pendant la pandémie de coronavirus. Elles peuvent aussi aider à mieux comprendre la prévalence du virus dans la communauté et comment les facteurs socio-économiques et les inégalités peuvent affecter sa propagation.

Le Dr Karen Marie Puopolo, la pédiatre néonatologiste à l'hôpital pour enfants de Philadelphie et co-auteur de l’article ajoute : "identifier la disparité dans l'exposition au virus aidera idéalement à conduire à la découverte de ce qui cause ces différences, y compris les facteurs enracinés dans le racisme systémique, et éclairera les mesures de santé publique visant à prévenir de nouvelles infections".

Une femme enceinte peut-elle transmettre le coronavirus au bébé ?

Une femme enceinte peut-elle transmettre le coronavirus au bébé ?

Vu sa récente apparition, le mode d’action du SARS-CoV-2 est très mal connue. "Se transmet-il entre de la mère à l’enfant pendant la grossesse ?" a été une des premières interrogations du monde médical et de tous les futurs parents. 

Différentes études ont été menées et les conclusions ont été souvent contradictoires. Certaines assureraient qu’une transmission in-utero est possible, et d’autres non.

twitter.com/nresearchnews/status/1283060305409515520

Un cas confirmé de transmission in-utero en France

Un cas récemment présenté par des médecins français appelle à la prudence. Un bébé dont la mère était atteinte du COVID-19, était porteur du coronavirus à sa naissance. Il présentait entre autres des troubles du système nerveux cérébral et une rigidité des membres.

Dans un article publié dans la revue Nature, les médecins de l’hôpital Antoine-Béclère de Clamart estiment qu’il s’agit d’une “démonstration de transmission transplacentaire du Sars-Cov-2 avec manifestations cliniques concordant avec les signes neurologiques et les symptômes du Covid-19”. Selon eux le virus, qui était dans le placenta, a été transmis au fœtus via le cordon ombilical

Le petit garçon né en mars dernier, a été pris en charge par les soins intensifs à sa naissance. Son état s’est amélioré rapidement. Il a pu sortir de l’hôpital 18 jours après son arrivée mouvementée au monde.

Coronavirus  : les enfants seraient extrêmement contagieux

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Une autre étude pointe du doigt les enfants de moins de 5 ans. Selon une étude publiée la revue médicale JAMA Pediatrics, ils présenteraient un taux de matériel génétiques du SARS-CoV-2 10 à 100 fois plus élevé que chez les enfants plus âgés ou les adultes. Ils pourraient ainsi être des vecteurs de contagion importants.

Avant de parvenir à cette conclusion, l’équipe du service pédiatrique du Ann & Robert H. Lurie Children’s Hospital et de la faculté de Médecin Feinberg de Northwestern University a réalisé des tests de dépistage avec prélèvement nasal sur 145 patients, atteints d'une forme légère à modérée de la maladie Covid-19. 

Ils ont divisé les patients en 3 groupes :  46 enfants de moins de cinq ans, 51 enfants âgés de 5 à 17 ans et 48 adultes entre 18 et 65 ans.

C’est en étudiant les résultats des tests que la quantité de SARS-COV était  "10 à 100 fois supérieure" chez les plus jeunes.

"Les comportements habituels des jeunes enfants et les endroits clos dans les écoles et les garderies posent la question d'une propagation du SARS-CoV-2 dans cette population à mesure que les règles sanitaires s'assouplissent", ont estimé les chercheurs.

Cette étude contredit le discours actuel des autorités sanitaires qui estiment que les jeunes enfants transmettent peu le nouveau virus.

Sources

Pregnant Black and Hispanic women five times more likely to be exposed to coronavirus, Penn Medicine, 29 juillet 2020

Transplacental transmission of SARS-CoV-2 infection, Nature, 14 juillet 2020

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