Acné de l'adulte : que faire pour en finir ?

Publié par Audrey Vaugrente
le 12/01/2018
Maj le
8 minutes
acne because the disorders of sebaceous glands productions
Istock
Boutons, pustules, infections… 15 millions de personnes se battent contre l'acné en France. Cette maladie de peau est la première cause de consultation chez le dermatologue. Au-delà des bourgeons, elle a un vrai retentissement psychologique à l'âge adulte. Voici les solutions pour s'en débarrasser, avec le Dr Jean-Luc Rigon, dermatologue à Nancy (Meurthe-et-Moselle).

Le zinc, un anti-inflammatoire efficace

Un oligoélément peut être utilisé contre les boutons : le zinc. "Si l'acné est inflammatoire, on utilise le zinc en comprimés ou en ampoule buvable, à prendre tous les jours", souligne Jean-Luc Rigon. Certaines crèmes le mettent aussi à profit.

Le succès du zinc est dû à son action anti-inflammatoire, qui évite que les boutons ne deviennent rouges et ne fassent souffrir. Mais il permettrait aussi de réguler la production de sébum – excessive chez certaines personnes. Avec le zinc, les dermatologues espèrent assécher quelque peu la peau grasse.

Le peroxyde de benzoyle, un antibactérien

Le traitement des acnés modérées ne se limite pas au zinc. "On se contente généralement de traitements locaux, comme des crèmes et lotions à base d'acides de fruits", complète le Dr Rigon. Celles-ci peuvent compléter les rétinoïdes locaux, sous forme de gel ou de crème.

Le peroxyde de benzoyle est également très utilisé – y compris par les marques distribuées en parapharmacie. Sa popularité s'explique facilement : ce principe actif favorise l'élimination de la couche de kératine sur la peau, qui est produite en excès. Le tout en ayant une action antibactérienne envers Propionibacterium acnes – la bactérie impliquée dans l'acné.

"Le but de ces traitements, c'est de transformer une peau grasse en une peau desséchée, résume le dermatologue. Cela prend du temps et cela peut avoir des effets désagréables." Des crèmes cosmétiques peuvent donc être prescrites en complément par les spécialistes, afin de mieux tolérer ces traitements.

Certains antibiotiques sont efficaces

Les crèmes et les traitements oraux ne fonctionnent pas toujours. Pour les formes sévères d'acné, qui laissent des cicatrices, il reste deux options. "Quand les traces sont susceptibles de persister de longues années, voire toute la vie, on prescrit des antibiotiques de la famille des cyclines", explique le Dr Jean-Luc Rigon.

Ces médicaments permettent de combattre la bactérie Propionibacterium acnes, qui peuple naturellement notre peau mais peut aggraver certaines acnés en provoquant des inflammations. Les antibiotiques doivent alors être pris sur une base quotidienne, par voie orale.

Ce traitement est limité dans le temps : la prescription ne peut pas durer plus de trois mois. Des précautions sont aussi de rigueur, car les cyclines peuvent provoquer des réactions anormales de la peau face au soleil, et elles sont contre-indiquées en cas de grossesse.

L'isotrétinoïne, l'arme fatale

Contre l'acné, l'arme la plus efficace est aussi la plus redoutée. Capable de lutter contre la formation des comédons – aussi appelés point noirs, l'isotrétinoïne (Curacné, Roaccutane) est réservée aux cas les plus graves qui ont résisté à tous les autres traitements et qui laissent des cicatrices. "C'est l'arme absolue, résume Jean-Luc Rigon. On garde ce médicament sous le coude car c'est le seul capable de guérir une acné."

Comme les autres rétinoïdes, l'isotrétinoïne ne peut pas être prescrite en cas de grossesse en raison de son risque élevé de malformations du fœtus. Des tests de grossesse réguliers sont nécessaires avant, pendant et après le traitement. Un suivi régulier par un professionnel de santé est aussi nécessaire.

Ce processus est lourd, mais essentiel, aux yeux du Dr Rigon. "Mettre en route ce traitement nécessaire absolument le passage chez un dermatologue, qui sera capable de le prescrire à bon escient." Car l'isotrétinoïne n'est pas seulement une menace pour le fœtus.

Des réactions cutanées extrêmes ont aussi été observées chez les personnes sous traitement. Il n'est pas rare que la peau pèle, rougisse ou brûle. Le médicament ferait aussi augmenter le taux de cholestérol, de triglycérides et de transaminases, trois facteurs de risque cardiovasculaire.

Enfin, l'isotrétinoïne est sous haute surveillance en raison de ses effets psychiatriques. Plusieurs suicides sous traitement ont été signalés, ainsi que des cas de changements d'humeurs et de symptômes psychotiques. Il reste toutefois sur le marché contre son efficacité n'a, pour l'heure, pas d'égal.

"L'isotrétinoïne est un médicament d'une trentaine d'années qui reste irremplaçable, ce qui est exceptionnel, souligne Jean-Luc Rigon. Mais il a des effets positifs en proportion avec ses effets négatifs." Il faut dire que le taux de réussite est de quatre hommes sur cinq et d'une femme sur deux.

La pilule met les hormones sous contrôle

En cas d'acné modérée, les femmes disposent d'une option supplémentaire : les hormones. "On peut prescrire certaines pilules contraceptives, faisant d'une pierre deux coups, confirme Jean-Luc Rigon. Mais il faudra  plusieurs mois avant que les hormones ne commencent à faire effet", prévient-il.

Si cette forme de contraception se montre efficace contre l'acné, c'est parce que les hormones sont impliquées dans son développement. C'est d'ailleurs pour cela que les boutons apparaissent à partir de la puberté, et pas avant. "Chez la femme, les poussées sont très liées aux cycles menstruels, indique le dermatologue. Une femme sur quatre peut en souffrir jusqu'à la ménopause."

Parmi les différentes hormones, les androgènes sont particulièrement pointés du doigt. Ces hormones "mâles" sont également sécrétées par l'organisme féminin et fluctuent au moment des règles. La contraception orale a tendance à lisser ces pics, ce qui calme l'acné.

Faire preuve de patience

Pour peu qu'on y mettre les moyens, l'acné  se soigne bien. Mais en entamant son combat contre cette maladie de peau, il faut s'armer de patience. "Au minimum, six mois sont nécessaires avant de voir les effets du traitement, prévient le Dr Rigon. Pour les acnés les plus sévères, il faut au moins trois ans."

Vaincre les boutons, c'est donc une affaire de régularité et de sérieux. Pour les voir s'estomper, le traitement doit être suivi à la lettre. Celui-ci est fixé par le dermatologue, en fonction de la sévérité des atteintes et des conséquences psychologiques de celles-ci.

"Il n'y a pas de baguette magique : aucune acné ne peut guérir en 8 jours, confirme le spécialiste. Le meilleur médecin pour la soigner, c'est vous. Le dermatologue aura du mal à rattraper le coup si vous n'êtes pas sérieux."

Nettoyage de la peau : miser sur les pains sans savon

L'acné est une maladie du follicule pilosébacé – la cavité où le poil se développe. Lorsque la glande est touchée, le sébum est trop épais ou sécrété en trop grande quantité, ce qui produit des boutons. La première arme consiste donc à nettoyer sa peau dans les règles. Et ne jamais se coucher sans s'être démaquillé.

"On commence par conseiller des produits doux, comme des pains surgras qui ne contiennent pas de savon, liste le Dr Jean-Luc Rigon. Si cela ne convient pas, on peut utiliser des laits de toilette – en veillant à les retirer ensuite. Enfin, il existe des eaux micellaires pour nettoyer son visage."

Le recours à ces produits est à estimer en fonction de la réaction de la peau. "Si elle est agressé, elle rougit ou elle tire, précise le dermatologue. Dans ce cas, votre produit de nettoyage est trop agressif." De même, gommages, masques et gels nettoyants sont à éviter car ils sont trop abrasifs.

En fait, mieux vaut préserver son épiderme et se montrer doux en cas d'acné. Cela peut sembler contradictoire, et c'est bien pardonnable. Mais plus la peau est agressée, plus elle se défendra en produisant du sébum… donc des boutons.

Des cosmétiques non comédogènes, surtout !

Les boutons d'acné sont un vrai cauchemar pour les coquets et les coquettes. Ils déstructurent le grain de peau, provoquent des rougeurs et des pustules disgracieuses. On est donc être tenté de les masquer. Mais ce geste pourrait bien aggraver la situation.

Car au rayon cosmétique, tous les produits ne se valent pas quand on souffre d'acné. "Il faut aller en pharmacie ou en parapharmacie, et se renseigner dans les rayons prévus pour les peaux à tendance acnéique", souligne Jean-Luc Rigon. De nombreuses marques disposent de gammes spécialement développées pour ces épidermes capricieux – y compris les plus sensibles.

Deux mots sont à recherche sur les étiquettes : non comédogène. Cela signifie que les crèmes ont été conçues de manière à ne pas boucher les pores de la peau, ce qui limite l'apparition de points noirs et autres boutons.

"Les crèmes d'entrée de gamme, qui sont vendues en grande surface, risquent de boucher les pores de la peau. Et cela arrive généralement au bout de plusieurs semaines d'utilisation", avertit le dermatologue. Difficile donc d'établir le lien. Il est donc préférable d'anticiper, en demandant conseil à son dermatologue ou à son pharmacien.

Stress, soleil, alimentation : éviter les erreurs

L'hygiène de vie a elle aussi un impact sur la qualité de notre peau. Le tabac, par exemple, doit être évité tout comme le soleil. Mais elle a trop souvent bon dos. "Dans l'esprit de pas mal de gens, une peau grasse peut s'équilibrer à l'aide d'un régime moins gras", reconnaît Jean-Luc Rigon. Une idée reçue qui peut s'avérer risquée si elle conduit à bannir les lipides de son alimentation.

"Un régime déséquilibré peut aggraver une acné qui existe déjà, concède le dermatologue. Mais exclure les graisses du jour au lendemain ne la fera pas disparaître. Ce sont les excès qu'il faut combattre." Autrement, manger varié et équilibré.

Combattre les sources de stress peut, en revanche, s'avérer utile. S'il ne constitue pas une source directe d'acné, il participe pleinement à son aggravation. "Quand on est stressé, on a tendance à tripoter ses boutons", explique le Dr Rigon. Ce geste fait éclater les lésions sous la peau, ce qui peut laisser de lourdes cicatrices.

"Le sébum est un peu comme le cirage du cuir, illustre le dermatologue. Il est très bon pour l'extérieur de la peau, mais pas l'intérieur. Si un sac sébacé éclate, notre corps crée une inflammation.

Sources

L'acné, maladie du follicule pilosébacé, Société française de dermatologie

L'acné et ses différents traitements, Dr Sylvie Olive

Traitement de l'acné et des cicatrices d'acné, Dr Philippe Abimelec

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