Acné et adolescence : comment bien vivre son traitement ?

A l’adolescence, de nombreux changements déstabilisants se produisent et le regard des autres a une importance capitale… Pas facile dans ce contexte d’être serein avec de l’acné sur le visage. Alors quels sont les bons gestes qu’un ado doit adopter pour éviter les boutons et les cicatrices d’acné à long terme, quand consulter un dermatologue pour discuter d’un traitement et comment ne pas en faire un complexe qui gâche le quotidien ? 
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Pourquoi les ados ont-ils de l’acné ?

Les problèmes de peau apparaissent à cette période du fait de nombreux bouleversements hormonaux pouvant entraîner une hypersécrétion de sébum, une hyperkératinisation de la peau, qui obstrue les pores, et des lésions inflammatoires consécutives à la prolifération d’une bactérie appelée Propionibacterium acnes.

L’acné est l’affection dermatologique la plus fréquente : 80 % des adolescents sont touchés, dont 20 à 30 % justifient d’une prise en charge médicale. Cependant, l’acné est dans la grande majorité des cas bénigne et régresse spontanément vers l’âge de 20 ans pour les garçons et 25 ans pour les filles.

Premier réflexe contre l’acné : nettoyer sa peau avec des produits adaptés

« Dès l’apparition des premiers boutons, il faut agir ! », conseille le Dr Randa Khallouf, dermatologue à Tours. « La prise en charge de l’acné commence déjà par une bonne hygiène de peau et l’utilisation de soins du visage nettoyants adaptés, disponibles en pharmacie. L’adolescent devra faire sa toilette du visage 1 à 2 fois par jour avec un gel nettoyant ou une lotion sans rinçage si sa peau est sensible, puis appliquer un soin spécifique ».

Différents laboratoires dermo-cosmétiques proposent des soins spécifiques de l’acné que saura recommander le pharmacien. Attention, les résultats dépendront de l’emploi quotidien de ces produits et ne seront observables qu’après un voire deux mois. Dans tous les cas, un jeune devra se servir de soins nettoyants spécifiques pour le visage jusqu’à la fin de son adolescence. Toutefois, en cas d’amélioration évidente de son acné, il pourra diminuer très progressivement leur utilisation jusqu’à l’arrêt.

Si l’acné est importante : consulter un dermatologue

Si l’acné devient plus importante, si aucune amélioration n’est apparue après deux mois d’utilisation de soins nettoyants spécifiques ou si cela devient un vrai handicap social pour l’adolescent, un vrai complexe, il faut consulter rapidement un dermatologue. Il sera à même d’évaluer le degré de sévérité de l’acné, fera le point avec l’adolescent sur ses pratiques en matière d’hygiène du visage et proposera des solutions au cas par cas. De plus il assurera un suivi rapproché pour évaluer l’efficacité des traitements mis en place.

Quels traitements pour l’acné ?

Le traitement dépend de l’intensité et du type d’acné. Si l’acné est modérée, des topiques locaux pourront être prescrits, par exemple à base d’adapalène, de rétinoïdes ou de peroxyde de benzoyle. Quand l’acné devient plus sévère, un traitement par voie orale est parfois inévitable. Deux types de médicaments existent : les antibiotiques (doxycycline et lymécycline) et l’isotrétinoïne (en 2ème intention). Il peut s’y ajouter en complément un antiacnéique à base de zinc. En général, un traitement de l’acné par voie orale ne dure pas plus de 3 mois.

Médicaments de l’acné par voie orale : les précautions d’emploi

Les antibiotiques (doxycycline et lymécycline) doivent être pris au milieu d’un repas et plutôt le soir pour limiter l’effet photosensibilisant du soleil. Pour éviter les désagréments liés aux antibiotiques, il est recommandé de prendre une levure pendant la durée du traitement puis des probiotiques pour reconstituer la flore intestinale. Pour l’isotrétinoïne, la réglementation encadrant sa prescription et sa délivrance est très stricte pour les jeunes filles. En effet, il existe un fort risque de malformations du fœtus en cas de prise de cette molécule en cours de grossesse. Les patientes en âge de procréer devront donc remplir mois après mois un carnet de suivi, en partenariat avec leur dermatologue et leur pharmacien, et une contraception efficace sera obligatoirement prescrite un mois avant le début du traitement et poursuivie 5 semaines après son arrêt.

L’effet indésirable le plus fréquent avec les traitements anti-acné est la sécheresse cutanée. « Ce n’est toutefois pas une raison d’arrêter le traitement ! », alerte le Dr Khallouf. Dans ce cas, l’adolescent peut utiliser des soins plus hydratants pour le visage, mais aussi des sticks nourrissants pour les lèvres, des larmes artificiels pour les yeux et des shampoings doux pour le cuir chevelu.

La pilule contraceptive contre l’acné : bonne ou mauvaise idée ?

Si une jeune fille constate que l’apparition ou l’importance de son acné est liée à son cycle menstruel, alors le dermatologue pourra envisager de prescrire une pilule contraceptive, qui agira sur l’acné en régulant la sécrétion de certaines hormones. Quelques pilules font partie de l’arsenal thérapeutique à disposition des médecins pour limiter l’acné.Eviter les cicatrices d’acné

Le conseil de la dermatologue est sans appel : « Il ne faut jamais triturer les boutons ! ». Pour les faire disparaître plus rapidement, l’adolescent pourra utiliser des « stop boutons », sous forme de stylos ou de pinceaux, qui assèchent les boutons et les font disparaître plus vite. Attention aussi au soleil, c’est un faux-ami : « On a l’impression que l’acné diminue avec le soleil, mais c’est une illusion. Dès qu’on ne s’expose plus, une poussée d’acné survient dans la majorité des cas », explique le Dr Khallouf. Sans compter que les traitements de l’acné peuvent être irritants, voire photosensibilisants, donc il ne faut prendre aucun risque et appliquer de l’écran total (indice 50 minimum) au moindre rayon de soleil. Des produits spécifiques aux textures non grasses existent maintenant en pharmacie.

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Source : Le conseil associé à une demande spontanée, 3ème édition, de Fabiole Moreddu.
D’après un entretien avec le Docteur Randa Khallouf, dermatologue libérale à Tours.