Trucs et astuces pour réagir face à un proche atteint par la maladie d'Alzheimer
Distinguer les différents troubles du comportement : un vrai challenge diagnostique et thérapeutique
L'agitation ou la prostration ne sont que la partie visible de l'iceberg. En dessous, la maladie démentielle est d'une grande complexité, rendant les vrais symptômes difficilement identifiables. Mais l'enjeu est énorme : une fois le diagnostic posé et surtout accepté par la famille, il faut établir une véritable stratégie, afin d'améliorer la qualité de vie du malade et de ses proches. Une manière d'y parvenir, c'est de concentrer l'attention des parents, soignants et de toute personne au contact du malade, sur son comportement. Mieux observer la personne démente est indispensable pour reconnaître les signes et les symptômes, qui vont permettre le soulagement et les éventuels traitements. Pour vous aider, voici des exemples à travers trois types de symptômes fréquemment rencontrés.
Les idées délirantes : il faut toujours les rechercher et les signaler au médecin
Il s'agit de “ croyances erronées, malgré l'évidence du contraire dans la réalité ”. Elles naissent de faits réels du présent ou du passé et s'amplifient avec l'importance des troubles de la mémoire ou du jugement. Permanentes ou passagères, elles peuvent devenir insupportables ou effrayantes pour le malade et gênantes pour son entourage. Par exemple, “ Mr T. pense que sa chambre est son ancien bureau et que ses dossiers sont rangés dans la table de nuit. Il essaie régulièrement de démonter ce meuble à la recherche de ses papiers. Il est convaincu aussi que des étrangers lui dérobent ses affaires ”.
Les hallucinations : très fréquentes, elles peuvent être auditives ou visuelles
Le risque de les voir se produire est d'autant plus grand quand les problèmes de vue ou d'audition sont réels et surtout non corrigés. En effet, voyant mal ou n'entendant pas distinctement, le malade peut faire une mauvaise interprétation de l'information reçue. Par exemple, “ Mme V. est terrorisée par des personnes qu'elle voit rentrer par sa fenêtre quand elle est seule dans sa chambre. Elle crie sa peur jour et nuit, sauf si quelqu'un reste auprès d'elle. ”
Les attitudes soupçonneuses : souvent source de conflit
Mr L. recompte tous les matins ses sous-vêtements. Persuadé qu'il en manque, il supçonne quelqu'un d'être venu la nuit les lui voler. Ou encore, Mme G. reproche régulièrement à sa petite-fille de lui prendre son argent et son dentier.
Quelles attitudes adopter ?
Lors d'idées délirantes : feindre de croire peut calmer la situation, sans qu'il soit nécessaire de rentrer dans le jeu : “ Je comprends que ça vous inquiète ” (pour Mr T., aider à chercher les dossiers et en proposer d'autres à ranger).
Lors d'hallucination : rassurer, exprimer que l'inquiétude ou l'énervement engendré par la situation est compréhensible. Le faire sans dire pourtant que vous croyez ce que la personne voit ou entend.
En cas d'accusation, ne pas chercher à prouver qu'elle n'est pas fondée, mais proposer d'arranger la situation (remplacer les sous-vêtements manquants par d'autres qu'on avait gardé en réserve, repérer ou la personne range ses affaires - sous le matelas ou derrière les draps.). Changer de sujet de conversation, ou de lieu, pour raccrocher un peu à la réalité.
De façon plus générale
- Maintenir une activité physique : l'inactivité est source de délire. Proposer des activités permet de dévier des idées aberrantes. On peut suggérer des activités adaptées (refaire des gestes anciens : plier des chiffons, nettoyer des légumes, etc.) ou mieux, des promenades.
- Choisir les bons moments pour les faire, c'est-à-dire éviter les fins d'après-midi, ce moment provoquant souvent de grandes angoisses (sundowning syndrom).
- Positiver les activités réussies, minimiser les échecs.
- Rester calme, même en cas de questions répétitives.
- Ne pas élever la voix : tous les déments ne sont pas sourds !
- Éviter les consignes longues : un ordre simple est plus facile à comprendre.
- Ignorer les accusations, les convictions fausses en se rappelant toujours qu'elles sont dues à la maladie.
- Se mettre bien en face du malade quand on s'adresse à lui pour limiter l'effet de surprise.
- Ne pas contre-dire, même si le propos est délirant.
- Limiter les sources de perturbation : trop de lumière, trop de bruit, trop de contrainte, ainsi que les sujets sources de conflits.
Finalement, c'est à l'entourage de s'adapter
Certaines attitudes d'une personne démente traduisent un mode de défense à une situation qui lui échappe totalement. Pour se raccrocher à une réalité qu'elle n'intègre plus, elle reconstituera sa propre logique. Mais finalement, pour elle, tous ces phénomènes inexplicables deviennent inquiétants. On ne peut établir de règles sans les adapter à chacun et c'est pourquoi, dans tous les cas, le maître mot est la tolérance. Accepter le patient dément en tant que personne et trouver un sens à son comportement permet d'être moins touché par la perte de sa personnalité antérieure.
Enfin, les accompagnants d'une personne démente ont besoin eux aussi d'être aider, et c'est aujourd'hui bien reconnu : http://www.francealzheimer.org/etre-aid%C3%A9/actions-d%C3%A9stin%C3%A9es-aux-aidants.