Témoignage : "j'ai débuté ma vie de femme à 53 ans"
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Transition : “Cette opération était voulue et pas du tout subie”

Transition : “Cette opération était voulue et pas du tout subie”Photo fournie par Céline Audebeau

Après avoir étudié les hôpitaux et les médecins capables d’effectuer une chirurgie de réattribution sexuelle, Céline Audebeau a décidé de se faire opérer en Thaïlande. 

Lors de la première intervention qui a eu lieu le 3 juin 2017, une équipe s’occupait de la féminisation du visage en rabotant les orbites et en remontant les sourcils. Une seconde effectuait au même moment une vaginoplastie. C’est-à-dire la création des parties génitales féminines en utilisant la peau du pénis.

“Pour la première fois, je suis rentrée dans un bloc avec le sourire. Cette opération était voulue et pas du tout subie. Je n’étais pas du tout angoissée. Lorsque l’anesthésiste a pris ma tension, j’affichais 62 pulsations par minute et 11/7 de tension”. 

L’intervention qui a nécessité une vingtaine de personnes, a duré 6h30. Heureusement, Céline Audebeau n’a connu aucune complication médicale : “il y a eu peu de douleur. D’ailleurs, le protocole du chirurgien thaïlandais prévoit que l’on se lève le lendemain de l’opération puis on sort le 5e jour”. 

Des bouleversements surtout hormonaux

Les suites opératoires de la chirurgie de réassignation sexuelle en revanche n’ont pas été évidentes. Il faut, en effet, rapidement commencer la dilatation vaginale. C’est-à-dire introduire un dilatateur dans le vagin récemment construit afin de maintenir sa profondeur. “C’est au début très douloureux, car il y a les plaies et les fils. Mais il n’y a pas le choix” se rappelle Céline. 

En plus de la souffrance physique, elle a dû faire face aux bouleversements hormonaux et psychologiques seule en Asie... à des milliers de kilomètres de sa famille. 

“ Nous avions tout planifié ensemble, mais ma femme m’a quittée avant l’opération. Elle n’a supporté que cela devienne public et réel”. 

“C’était difficile d’être seule à ce moment-là. Mon corps était alors une bombe hormonale après le retrait des testicules. Les émotions montent avec des phases d’euphorie, puis des descentes fulgurantes. La séquence se répète plusieurs fois dans la journée. C’est une période dure”, reconnaît Céline.

Toutefois, elle n’a pas de regret : “la première fois où je me suis vue avec plus rien entre les jambes, cela été une vive émotion. Les larmes ont beaucoup coulé.”

Chirurgie de réassignation sexuelle : pourquoi se faire opérer en Thaïlande ?

Lorsqu’on vit au Vietnam, se faire opérer en Thaïlande plutôt qu’en France n’est pas forcément surprenant. Toutefois, la proximité géographique n’est pas la seule explication de ce choix. La Thaïlande est le pays leader de la chirurgie de réassignation sexuelle.

“Mon chirurgien fait 200 opérations par an alors qu’en France, il y en a 200 par an si on prend en compte l'ensemble des médecins”. 

L’autre argument en défaveur de la France : la complexité du parcours médical. “ Si le système français a le mérite d’exister, il était pour moi inacceptable. Passer deux ans chez un psychiatre qui me considère comme malade, alors que je ne le suis pas, était inenvisageable. Par ailleurs, les transgenres sont obligés de suivre ou subir un protocole très long. Il peut prendre jusqu’à 7 ans”. 

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Source : Merci à Celine Audebeau, auteure du livre "Du masculin au féminin, mon parcours singulier" aux Éditions KAWA.