Spondylarthrite ankylosante : comment se soigner ?

Publié par Audrey Vaugrente
le 8/03/2018
Maj le
5 minutes
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Derrière son nom compliqué, la spondylarthrite ankylosante traduit une réalité simple : des douleurs de dos qui persistent et reviennent sans arrêt, et une raideur le matin. Longtemps handicapante, elle dispose aujourd'hui de traitements efficaces et nombreux.

Peu de gens en ont entendu parler. Et pourtant, la spondylarthrite ankylosante n'est pas une maladie rare. Rien qu'en France, elle touche 180 000 personnes. Cette maladie inflammatoire, d'origine auto-immune, se caractérise par un mal de dos qui survient plutôt la nuit.

Mais le calvaire est loin de s'arrêter à ce symptôme. Souvent, la souffrance réveille les patient.e.s en pleine nuit. Le matin, le dos est raide, les fesses et les talons douloureux. Et comme si cela ne suffisait pas, les crises peuvent durer des mois avant la rémission tant attendue.

A l'origine de ces douleurs, une inflammation de l'enthèse, cette partie de l'os où s'insèrent les tendons, les ligaments et les capsules. Longtemps une fatalité, ce cycle infernal peut désormais être interrompu grâce à une prise en charge ciblée. E-Santé fait le point sur les traitements avec le Pr Francis Berenbaum, rhumatologue à l'hôpital Saint-Antoine (Paris)

Manger équilibré et éviter le surpoids

Comme pour de nombreuses maladies auto-immunes, l'hygiène de vie joue un rôle central dans la qualité de vie du malade. L'objectif : ne pas prendre de poids. Car la surcharge pondérale risque d'aggraver les symptômes déjà handicapants.

Une alimentation équilibrée est donc recommandée à celles et ceux qui souffrent de spondylarthrite ankylosante. En revanche, "aucun régime d'exclusion n'a apporté la preuve de son efficacité contre la maladie, souligne le Pr Berenbaum. Les régimes sans gluten, sans lactose ou sans viande ne sont pas efficaces."

Il en va de même pour le régime acido-basique, supposé limiter l'inflammation générale de l'organisme par un équilibre entre les apports d'aliments alcalins et acides.

Pas question d'exclure, donc, mais un apport peut être augmenté : celui en calcium. Comme l'explique la Société Française de Rhumatologie, les personnes souffrant de spondylarthrite ankylosante sont plus à risque d'ostéoporose.

Maintenir une activité physique régulière

Autre volet essentiel de l'hygiène de vie : l'exercice physique. Celui-ci est vivement conseillé à tou.te.s les patient.e.s pour une bonne raison, éviter l'ankylose  qui a donné son nom à la pathologie.

"Quand il y a une inflammation au niveau de la colonne vertébrale, le rachis a tendance à moins se mobiliser et donc s'enraidir", explique Francis Berenbaum. Si rien n'est fait, ce raidissement dégénère et provoque une déformation de la colonne : sa cambrure disparaît, laissant place à un dos voûté (une cyphose).

Ce phénomène est la conséquence directe du mécanisme inflammatoire à l'œuvre. "On trouve des enthèses tout le long de la colonne vertébrale, et elles peuvent se calcifier lorsque l'inflammation se résorbe", détaille le rhumatologue.

L'activité physique permet de limiter cela. Si la natation est particulièrement recommandée, d'autres pratiques font très bien l'affaire. "Nombre de nos patient.e.s sont jeunes, donc on leur conseille de poursuivre le sport qu'ils ou elles aiment", indique le Pr Berenbaum.

Si aucun exercice n'est pratiqué ou possible, un accompagnement par un kinésithérapeute peut être mis en place. "On envoie les patient.e.s chez le kiné deux fois par semaine, pour entretenir la mobilité articulaire", chiffre le spécialiste. Pour la même raison, garder une bonne posture lors des périodes de sédentarité prolongée est essentiel.

L'apport ponctuel des anti-inflammatoires

Bien que chronique et invalidante, la spondylarthrite ankylosante laisse rarement des séquelles importantes à la personne qui en souffre. D'ailleurs, elle n'évolue qu'à la marge. C'est pourquoi, le plus souvent, un traitement à base d'anti-inflammatoires non-stéroïdiens (Bi-Profenid®, Antalnox®, Indocid®, etc) suffit dans la majorité des cas.

"La grande majorité des patient.e.s est soulagée par ces AINS, c'est une caractéristique de la maladie, indique Francis Berenbaum. Ils constituent la base du traitement." Prescrits à chaque poussée inflammatoire, ils sont à renouveler. A l'exception d'un, le sulfasalazine qui peut être prescrit au long cours.

Seul problème : ces anti-inflammatoires fragilisent l'estomac et peuvent provoquer des saignements gastro-intestinaux. Leur recours doit donc s'accompagner d'une prise d'inhibiteurs de la pompe à protons (Inexium®, Eupantol®, Mopral®, etc) qui protègeront les voies digestives.

"S'il y a déjà eu un accident cardiovasculaire, le traitement est contre-indiqué", ajoute le rhumatologue. Des médicaments antalgiques auront, de leur côté, la tâche de calmer la douleur.

La biothérapie, une arme de choix

Efficaces la plupart du temps, les anti-inflammatoires peuvent échouer. Les rhumatologues ont alors recours à une autre classe thérapeutique : les biothérapies, des médicaments issus du génie génétique et produits à partir de bactéries.

"Dans la spondylarthrite, on a identifié des molécules qui provoquent l'inflammation : le TNF ou l'interleukine-17, par exemple, explique le Pr Berenbaum. On peut donc fabriquer des anti-TNF ou des anti-IL17."

Dans ce domaine, les options thérapeutiques sont nombreuses puisque 7 médicaments sont disponibles. "L'arsenal thérapeutique est important", concède le rhumatologue. Leur prescription est toutefois limitée aux rhumatologues hospitaliers – avec un renouvellement possible en médecine de ville.

Ces biothérapies sont des traitements de fond. Elles n'agissent pas directement sur la douleur ou l'inflammation, mais sur les molécules qui provoquent la réaction inflammatoire. Leur rôle est donc de limiter le nombre de poussées, voir les empêcher.

"Dans la spondylarthrite ankylosante, on sait avec certitude que les biothérapies ont une action anti-inflammatoire, souligne Francis Berenbaum. Des études sont en cours pour savoir si certains traitements peuvent ralentir les calcifications et les dégâts osseux qu'on observe dans la spondylarthrite."

Autre bonne nouvelle : ces traitements sont très bien tolérés. "Des réactions inflammatoires peuvent se produire au point de piqûre, confirme le spécialiste. Mais dans l'ensemble, ces médicaments sont bien supportés."

Sources

Fiche de synthèse de la Société française de rhumatologie, 11 mars 2016

Spondylarthrite ankylosante : définition et facteurs favorisants, Assurance maladie, 6 février 2018

Les symptômes, le diagnostic et l'évolution de la spondylarthrite, Assurance maladie, 24 avril 2017

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