Son implant contraceptif a migré dans son poumon
Des médecins portugais décrivent un cas surprenant dans la revue BMJ Case Reports du 10 juillet dernier. Une jeune femme s'est rendue à l’hôpital de Viana do Castelo (situé à 74 km de Porto) car elle souffrait de saignements vaginaux anormaux depuis 3 mois. La trentenaire a confié à l'équipe médicale qu'elle utilisait des implants contraceptifs depuis 8 ans. Ne parvenant pas à sentir le dispositif en palpant son bras, les docteurs ont réalisé des échographies ainsi qu'une radiographie pour déterminer son emplacement. Ils ont alors découvert que celui-ci n’était plus dans le bras de la jeune femme, mais dans le lobe inférieur de son poumon gauche.
A lire aussi :
L'implant contraceptif : avantages et inconvénientsUne opération pour retirer l'implant
Le seul moyen pour retirer l'implant était de réaliser une opération. La jeune femme a ainsi dû subir une chirurgie thoracoscopique assistée par vidéo. Les médecins précisent dans leur article scientifique que la patiente s'est remise rapidement de l'intervention et qu'elle a pu quitter l’hôpital au bout de 4 jours.
Si la cause de cet incident “très rare” n'est pas connue avec certitude, les scientifiques avancent plusieurs explications possibles. Ils suggèrent "les facteurs de risque pour la migration d'implant sont les mauvais placements (s'ils sont implantés profondément, la migration peut se faire via le système veineux et alors le système artériel pulmonaire)". Ils ajoutent également "La pratique d’une activité physique intense après une pose adéquate semble également augmenter le risque de migration vasculaire".
Les médecins n'ont pas expliqué les saignements vaginaux qui ont conduit la jeune femme à l’hôpital. Mais, il est fort probable qu'il s'agissait de ses règles. Le mauvais placement du bâtonnet contraceptif devait, en effet, l’empêcher de fonctionner correctement.
Implant contraceptif : un cas de migration en Haute-Saône
Les auteurs de l'article assurent "la migration d'un implant dans un poumon est très rare, seulement quelques cas sont décrits dans la littérature scientifique".
En France, une jeune femme a connu la même mésaventure que la Portugaise en 2017. Lorsqu’elle a souhaité se faire retirer son bâtonnet contraceptif posé en 2014, cette habitante de Haute-Saône a découvert qu’il avait migré dans son poumon gauche. Contrairement à la patiente du Porto, l'implant n'avait pas pu être retiré en 2018 car l'opération avait été jugée trop dangereuse par les chirurgiens consultés. Le journal L'Est Républicain indique qu'elle s'est tournée vers la justice en 2018 pour tenter de comprendre ce qu'il s'était passé.
L’Agence nationale de sûreté du médicament (ANSM) indiquait, de son côté, en 2016 "Dix-huit cas de migration d’implants à l’étonogestrel dans les vaisseaux sanguins (y compris l’artère pulmonaire) et dans la paroi thoracique ont été rapportés. Dans 11 cas sur 18, il s'agissait de l'implant radio-opaque Nexplanon®". Ces incidents ont été observés entre août 1998 et avril 2015. Le taux de notification de migration vasculaire pour le Nexplanon® est ainsi d'environ 1,3 par million d'implants vendus.
Qu’est-ce qu’un implant contraceptif ?
L'implant contraceptif est un bâtonnet souple de 4 cm de long et 2 mm de diamètre. Inséré sous anesthésie locale au niveau de la face interne du bras pour trois ans, il contient de la progestérone. Elle est diffusée en continu, ce qui empêche l'ovulation.
Les effets secondaires de l'implant contraceptif
L ’implant contraceptif agit 1 jour après la pose. Son efficacité est de l'ordre de 99%. Son avantage par rapport à la pilule est qu'il n'y a pas de risque d'oubli. Toutefois, ce dispositif n'est pas dénué pour autant d’effets secondaires. En effet, il entraîne des troubles du cycle menstruel. Les règles peuvent être irrégulières. Par ailleurs, il est également possible qu'elles soient très abondantes, ou alors - au contraire - totalement absentes.
Parmi les autres effets indésirables, on peut citer la prise de poids et l'acné essentiellement, parfois aussi des nausées, des tensions des seins et des maux de tête ou encore une baisse de la libido avec une instabilité émotionnelle.
Le tarif d'un implant contraceptif
L’implant contraceptif nécessite une prescription médicale. Il est introduit sous la peau du bras au moyen d'une aiguille spéciale par médecin ou une sage-femme. Il coûte une centaine d’euros et est pris en charge à 65% par la Sécurité sociale.
Recevez encore plus d'infos santé en vous abonnant à la quotidienne de E-sante.
Votre adresse mail est collectée par E-sante.fr pour vous permettre de recevoir nos actualités. En savoir plus.
La rédaction vous conseille
Woman, 31, needs surgery after her contraceptive implant travelled from her arm to her LUNG in ‘very rare’ incident, Daily Mail, 19 juillet 2019
Magny-Vernois : l’implant contraceptif migre dans le poumon, L'est Républicain, le 11 décembre 2018
Nexplanon® : risque de migration dans les vaisseaux sanguins et dans la paroi thoracique - Lettre aux professionnels de santé, ANSM, 3 octobre 2016