Comment le désir de retarder l'éjaculation est-il apparu ?

Depuis quelques dizaines d'années, on parle d'éjaculation précoce comme du mal du siècle sur le plan sexuel masculin : 1 homme sur 3 serait atteint. Pourtant, les hommes n'ont pas toujours considéré la chose ainsi. Tout a beaucoup évolué, jusqu'à des excès dont nous sommes en train de revenir...
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Un peu d'histoire

Aux 16e et 17e siècles, des théologiens affirment que le mari doit prolonger « l'accouplement » le temps nécessaire à ce que sa femme émette sa semence (1). On pensait en effet à l'époque que lors de l'orgasme, la femme émettait une substance indispensable à la fécondation. Si la femme n'avait pas d'orgasme, son conjoint devait alors la caresser ou elle devait se caresser elle-même pour arriver à émettre cette semence. Sinon, les théologiens considéraient qu'il pouvait s'agir d'un péché : éviter le plaisir féminin était synonyme d'éviter une grossesse, donc une méthode contraceptive ! Et l'on devait chercher à faire des enfants sous peine de pêcher !

Plus tard, les choses ont changé : au 19ième siècle, on pensait que passer du temps à faire l'amour sans éjaculer sur le champ témoignait d'un affaiblissement maladif. Seule l'ivrognerie pouvait expliquer que cela dure !En 1906, une enquête sur la sexualité montre que 98% des couples ont des rapports sexuels de moins de 2 minutes. En 1945, le rapport Kinsey repère que dans 96% des cas, le rapport sexuel dure moins de 3 minutes (une minute de gagnée en 39 ans ?).Dans les années qui ont suivi, on a commencé à parler d'éjaculation précoce, ce qui montrait qu'on estimait une durée minimale nécessaire à un rapport sexuel réussi. La définition de l'éjaculation prématurée a petit à petit évolué : Au début on estimait qu'un homme était éjaculateur prématuré si, à partir de la pénétration vaginale, il « tenait » moins de 10 secondes, puis quelques années plus tard, moins de 30 secondes, puis ce temps a augmenté pour en arriver avec Masters et Johnson (en 1970) à une définition qu'on peut aujourd'hui qualifier d'exagérée ! Pour ces sexologues, un homme souffre d'éjaculation précoce si sa partenaire n'arrive pas à l'orgasme dans plus de 50% des cas. Quand on sait que de nombreuses femmes n'atteignent pas l'orgasme lors du coït, on mesure le nombre d'hommes potentiellement considérés comme « anormaux » !

Qu'en est-il aujourd'hui ?

On sait que l'éjaculation est naturellement, spontanément, rapide chez l'homme. Ce n'est absolument pas une maladie, mais une fonction à éduquer... si on le souhaite à deux ! Car certains hommes éjaculent relativement vite sans être le moins du monde incommodés, et certaines femmes préférant le plaisir clitoridien ne sont pas demandeuses de relations sexuelles de pénétration à allure de marathon ! Alors aujourd'hui, nous en sommes simplement peut-être arrivés au bon sens. Chacun choisit ce qui lui plait sans se sentir anormal !(1) D'après une communication du Dr Yves Ferroul.

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