Quand la rupture amoureuse est due à un problème d'éjaculation précoce...
Ejaculation précoce et rupture
« Quand un homme souffre d'éjaculation trop rapide, il pense souvent que ce trouble est à l'origine de la rupture qu'il vient de vivre. Parfois, sa partenaire lui a vraiment formulé des reproches, et parfois, il s'accuse lui-même de ne pas avoir été capable de la faire jouir. Et il se dit qu'une femme qui n'éprouve pas de plaisir ne peut pas avoir envie de rester. À partir du moment où cet homme pense que son manque de contrôle au niveau de l'éjaculation est la cause de cette rupture, il se met en starting-block, il se dit que la prochaine rencontre, il ne doit pas la rater. Il est alors très motivé pour consulter, pour se faire traiter. Il va chercher à devenir plus performant, à dépasser ce qui est ressenti comme un handicap pour ne pas courir à nouveau un risque de rupture.
Le moment de l'entre deux relations est un moment privilégié pour travailler sur cette éjaculation prématurée.
Je précise aussi qu'à mon avis, pour un homme, l'abstinence due à la rupture n'est pas très positive sur la vie sexuelle. Le problème de l'abstinence, c'est qu'elle peut entraîner une perte de confiance, et donc des difficultés sexuelles, une crainte et parfois jusqu'à des difficultés érectiles. Résoudre un problème sexuel en n'ayant pas de rapports n'est pas la solution idéale.
Mais c'est pourtant un moment où l'homme peut réagir en consultant et c'est à nous de l'aider à ce moment. Un jour, un patient qui passait par cette phase après une rupture m'a dit : "Je suis redevenu puceau" tant il avait le sentiment qu'il allait devoir tout recommencer à zéro.
La rupture est un traumatisme sentimental.
Quand il y a une résonance sexuelle en dessous, cela fausse la donne. Un homme qui a été quitté pour cause sexuelle va avoir du mal à recommencer une vie affective. Il voudra assurer sur le plan sexuel. Il pense que s'il assume, les sentiments ne seront plus un problème. Or il se trompe. S'il veut reconstruire une relation, il ne faut pas confondre réussite sexuelle et sentiments. L'après rupture est donc un moment de deuil, puis de préparation d'une nouvelle rencontre. C'est un peu un temps de no man's land. L'idéal, c'est ensuite de rencontrer quelqu'un de très positif, car il n'est pas évident de se motiver quand on est déprimé par un échec et angoissé à l'idée d'être confronté à nouveau à des difficultés. L'autre que l'homme rencontre, sa manière de réagir, va soit aggraver le problème, soit le résoudre. »
Alors, comment aider cet homme qui souffre d'éjaculation trop rapide, qui vient de vivre une rupture centrée sur ce problème ?
« Je prescris régulièrement, mais pas systématiquement, un médicament qui ralentit l'éjaculation en agissant au niveau du système nerveux. Mais je ne le prescris pas pour plus de 2 mois. Ce médicament permet de reprendre confiance, en expérimentant une éjaculation moins rapide, et de fournir un gain de temps dont un homme peut profiter pour acquérir la maîtrise de son éjaculation. En plus, psychiquement, ce traitement aide à reprendre confiance.
L'autre versant de l'aide que j'apporte à mes patients, c'est la sexothérapie.
Il s'agit d'une technique psychodynamique, d'un travail sur la culpabilité, la perte de confiance en soi, les craintes d'être impuissant, sur la peur de la pénétration aussi. Nous travaillons là-dessus. C'est un temps privilégié car a priori, un homme qui n'a pas de partenaire a l'esprit libre pour rompre le cercle vicieux et le scénario catastrophe. Je le fais se recentrer sur sa déficience, de manière à ce qu'il comprenne ce qui se passe. Cela lui donne un temps de réflexion, de concentration sur les phases de l'acte sexuel. Il découvre où il est le plus défaillant. À mon avis, la phase où c'est difficile, c'est souvent la pénétration pour la majorité des hommes qui ont des difficultés d'éjaculation prématurée. Mais cette phase difficile peut pour d'autres se trouver être la phase excitation, ou la phase après pénétration, la phase post coïtale (ruminations négatives, auto critique, dévalorisation).
Le problème, c'est souvent la déconnexion.
Ces hommes ont l'art de se déconnecter du moment sexuel alors qu'il leur faudrait se connecter. Ils sont dans un mental par lequel ils se font piéger au lieu d'être dans l'action qu'ils sont en train de vivre. C'est ce que je m'emploie à leur faire prendre conscience puis à mettre en oeuvre. »
Ainsi, d'après le Dr Gérard Tixier comme pour la plupart des sexologues, le traitement de l'éjaculation prématurée présente deux aspects indissociables, un versant médical pharmacologique et un versant plus psychologique qui doit entraîner un travail sur la dynamique personnelle, les angoisses, la présence de l'autre au moment de la rencontre sexuelle .
(1) Gérard Tixier est auteur de « Éloge de la déprime » aux éditions Milan, et d'un livre sur « Le sperme » aux éditions Que sais-je.
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