Pourquoi on a plus envie de faire l’amour pendant la grossesse ?

Les hormones chamboulent tout
Qu'entraîne une grossesse au niveau hormonal ? C'est "une période de chamboulement, répond Jean-Luc Boyer, sexothérapeute. Une véritable bombe d’hormones qui va influencer la libido." Avant d'expliquer : "Une des explications à cette hausse de la libido est sans aucun doute le pic de progestérone qui désinhibe le désir sexuel".
De son côté, Isabelle Giami souligne "qu’un certain nombre d’hormones habituellement sécrétées par le corps de la femme vont voir leur niveau se modifier. De nouvelles hormones sécrétées par l’oeuf dès sa nidation dans l’utérus vont apparaître dans le sang de la future maman". De plus, les niveaux de progestérone et d’oestrogènes qui sont déjà présents chez la femme en âge de procréer vont rester particulièrement élevés au moment de la grossesse.
Le rôle important du placenta : le placenta accueille et nourrit le foetus tout au long de la gestation mais il produit également une glande endocrine polyvalente qui produit des hormones nécessaires au bon déroulement de la grossesse et de l’allaitement. “En particulier, l’hormone chorionique gonadotrope aussi appelée bêta-hCG, est produite en tout début de grossesse dès la nidation de l’œuf dans la muqueuse utérine. Son taux augmente progressivement en début de grossesse pour ensuite baisser jusqu’au terme. C’est elle qui permettra un diagnostic précoce sanguin ou urinaire de la grossesse. Le placenta ne s’arrête pas là. Il sécrète également l’homme lactogène placentaire (HPL) qui est proche de l’hormone de croissance et de la prolactine. Son rôle principal étant d’assurer au foetus un apport énergétique suffisant et constant.
Les parties intimes du corps plus sollicitées que jamais
Durant la grossesse, les hormones ne sont pas les seules à intervenir dans cette libido croissante. "Un autre facteur important est à prendre en compte, il s’agit des modifications physiologiques du petit bassin avec un afflux sanguin dans le vagin, une meilleure lubrification et une réceptivité accrues ainsi que des terminaisons nerveuses du clitoris qui vont favoriser l’orgasme", souligne le sexothérapeute. Néanmoins, t outes les femmes étant différentes, bien que l’afflux de sang dans les parties intimes soit avérés toutes ne ressentiront pas les effets sexuels en découlant.
L’épanouissement active la libido et l'orgasme
La psychologie joue un rôle dans le désir sexuel pendant la grossesse. En pratique, Jean-Luc Boyer, observe d’après son expérience "des enjeux relationnels comme le challenge de plaire encore malgré son corps qui change, la peur de passer du statut de femme désirable à celui de mère, la peur de perte de lien" pouvant jouer un rôle dans l'épanouissement sexuel. Il appuie également que "le désir peut être décuplé pour le corps de leur femme".
“Pour certaines, être enceinte est le paroxysme de la femme. Elles affirment une ultra féminité à travers la grossesse. Cela leur confère un sentiment d’épanouissement. Lorsque la grossesse est là, la sexualité devient sans enjeux. Plus de questionnement sur la mauvaise période, sur la contraception et surtout plus d’enjeux liés à la fécondité. La sexualité devient à ce moment précis un espace total de lâcher prise émotionnel et ouvre la porte à l’orgasme avec un grand O”, termine le sexothérapeute.
De son côté, Isabelle Giami ajoute que "le plaisir d’être enceinte, d’une grossesse très désirée peut favoriser l’épanouissement de la femme et augmenter sa libido ainsi que celle de son partenaire. Certaines femmes évoquent une très forte libido pendant toute la grossesse et peuvent même désirer avec des relations sexuelles pendant le travail nécessaire à l’accouchement".
Les positions conseillées pendant la grossesse
"Privilégier le confort à la performance" souligne le sexothérapeute. "Il faut éviter les acrobaties et alléger au maximum le poids du corps. Ainsi les positions allongées sur le dos, ou sur le côté, en cuillère l’un contre l’autre, sont à préférer. N’hésitez pas à vous blottir corps contre corps et bouger vos bassins à l’unissons pour accompagner une pénétration douce et fluide. Plus on avance dans la grossesse et moins la pénétration doit être profonde pour éviter l’inconfort et la compression sur le corps”, poursuit-il. Il précise également que durant cette période le partenaire doit se montrer compréhensif, patient, rassurant et à l’écoute puisque le corps de la femme change énormément et cela peut être difficile à gérer par moment.
Comme l’explique la sage-femme "aucune position n’est contre-indiquée puisque le foetus est protégé par le liquide amniotique et l’utérus”. "Entre la 10e et la 12e semaine de grossesse, une autre hormone est sécrétée par le placenta, “la relaxine”, qui agit sur les ligaments de la femme afin de les assouplir et de les étirer pour favoriser la croissance de l’utérus et l’accouchement par voie naturelle. Certaines femmes se plaignent de douleurs ligamentaires en permanence dans le 3e trimestre de grossesse ou lors de changements de positions" donc cette période peut être moins agréable pour laisser libre court à sa libido.
Après l’accouchement, la chute de la libido
“Bien qu’on ne puisse pas faire de généralités, la délivrance est une épreuve physique incroyable qui laisse forcément des traces. Après avoir mis au monde un enfant, le corps a besoin de repos pour récupérer. Souvent, une rééducation est nécessaire pour retrouver un corps fonctionnel. Puis il y a la chute brutale des hormones qui annonce l’arrivée de cette période appelée "post partum ou baby blues". Le partenaire doit accepter cette période avec beaucoup de patience et de compréhension" indique Jean-Luc Boyer. Mais ce n’est pas tout : "L’arrivée d’un bébé va chambouler les plannings de chacun, dorénavant il va être important de prendre des rendez-vous ‘sexuels’. La spontanéité va en prendre un coup mais il est important que le couple trouve du temps et de l’énergie pour organiser des ‘dates’ amoureux et sexuels. Chacun doit prendre une nouvelle place dans la famille qui change. Prendre du temps c’est aussi prendre le temps de célébrer son couple", conclut-il.
La peur de la douleur à la reprise des rapports
Isabelle Giami explique également que “l’accouchement laisse toujours une cicatrice physique visible ou non, que ce soit une césarienne, ou par voie naturelle vaginale avec des petites écorchures vaginales et périnéales voire une épisiotomie. L’épisiotomie peut être plus ou moins douloureuse selon la largeur et la position du périnée ainsi que selon le mode de suture et la bonne ou mauvaise cicatrisation”.
“Les femmes ont peur de la douleur. Certaines ont le périnée très délabré et craignent de ne sentir aucun plaisir à part celui du partenaire. Certaines femmes se plaignent de douleurs utérines résiduelles qui peuvent être intenses dans la première semaine post-natale qu’on appelle ‘des tranchées’. La question de la reprise de vie sexuelle reste aussi souvent tabou en présence du bébé” affirme-t-elle.
De plus, une chose inquiète les femmes après l’accouchement, c’est “le risque de grossesse et la question de la contraception qui peut faire peur, en particulier quand l’accouchement s’est mal passé et/ou si elles n’osent pas poser la question aux professionnels de la naissance”, poursuit-elle.
Enfin, la fatigue et l’accumulation de mauvaises nuits peuvent nuire à la libido de la femme, comme de l’homme d’ailleurs. Certaines femmes n’ont pas forcément conscience qu’elles font le choix de n’être plus que mère et laisse la femme sur le côté. Ainsi elles “éteignent” leur libido.
Sources
Remerciement à Isabelle Giami, sage femme
remerciement à Jean-Luc Boyer, sexothérapeute